Dans l’industrie, les révélations sont des moments préparés de longue date, dont les éléments sont organisés de façon à ce que rien n’échappe au contrôle, que la moindre des évocations atteigne sa cible dans les boites crâniennes, dans le tréfonds des âmes, au plus profond de ce que le client-cible croit être l’intimité de ses désirs qu’en fait le marketing étudie et modèle depuis longtemps sous ses outils neurolinguistiques. Pourtant, il peut arriver que le hasard vienne se glisser, comme un grain de silicium, au cœur des rouages de ce genre de mécanique.
Ainsi, aujourd’hui même, Porsche présente son nouveau modèle, nommé Taycan, extrapolé du concept Mission-e, qui visait à installer l’idée qu’une Porsche de série pourrait être dépourvue de tout flat6, et se mouvoir à la seule force des flux d’électrons, délaissant pistons et réservoir pour faire place aux batteries et à une trappe s’ouvrant sur une prise de courant, histoire de gorger l’engin des watts qu’il restituera ensuite sur le goudron, via ses immenses jantes.
Mais le grain de sable totalement hasardeux, aujourd’hui, c’est la nouvelle de la mort de Peter Iindbergh, très grand photographe de mode. Ce domaine de la photographie n’est pas le plus reconnu artistiquement, quand bien même on y entretient en permanence la perfection technique. Il faut dire que souvent, le résultat est dicté par des exigences commerciales peu compatibles avec la créativité. Peter Lindbergh aura pourtant su naviguer dans cet univers stéréotypé en conservant un style qui lui était propre, des mises en scènes soignées, des prises de vues mêlant la maîtrise technique et une part d’aléatoire, d’imprévu. Cette façon de garder autorité sur son travail a pour effet que, souvent, on ne sait finalement pas si c’est Peter Lindbergh qui s’est mis au service d’un produit, ou si c’est l’inverse.
En quoi sa mort a t-elle quelque chose à voir avec la présentation de la Taycan ? En ceci : lors de la présentation du concept Mission-e, et pour participer à la célébration du soixante-dixième anniversaire de la marque, Porsche avait invité Peter Lindbergh aux pieds des falaises de Ault, en compagnie du concept-car et d’une vénérable 911, afin d’immortaliser le laps de temps qui sépare les deux modèles, la plus ancienne ayant créé une famille dont les fondamentaux se trouvent, encore, dans les modèles actuels qui en sont les héritiers, tandis que la nouvelle venue est censée, elle, ouvrir une nouvelle lignée tout en exprimant, à sa manière, la richesse accumulée au cours de ces soixante dix ans.
Alors, c’est une double dose de nostalgie qui s’abat sur nous à la découverte de la Taycan. La première, c’est le regret de ne pas retrouver en elle la grâce du concept-car qui annonçait sa venue. Celui-ci, plus ramassé sur lui-même, avait une allure plus athlétique, surtout sur l’ensemble de sa partie arrière. Sans doute les contraintes d’habitabilité ont-elles empêché de sauver intégralement le dessin du prototype. Mais peut-être cela montre-t-il aussi que, dans le fond, c’est le concept lui-même qui est contradictoire, à force de vouloir concilier l’inconciliable.
Le concept Porsche n’a pas disparu, quand bien même le modèle final semble s’être un peu égaré dans le costume trop grand de la Taycan. Mais l’une des formes sous lesquelles il nous restera en mémoire demeure cette série de photographies que Peter Lindbergh a saisie sous ce ciel nuageux balayé par le vent. Projet mené en commun avec un jeune photographe qui fut, ce jour là, son padawan, la session s’inscrivait dans le cadre du « Porsche talent project« , permettant à des artistes en devenir d’approfondir leur maîtrise auprès de maîtres confirmés. Ainsi, ce jour là, un jeune photographe berlinois, Skander Khlif, était invité par l’institution Porsche à venir partager cet art qu’il maîtrise déjà fort bien auprès de cette autre institution qu’est (puisqu’il le demeure, au-delà de sa disparition) Peter Lindbergh.
Les ingrédients de très belles images étaient réunis. Un gros set matériel, des mannequins typiques de l’imagerie du photographe, une équipe entièrement dévouée à la mise en scène et à la captation des visuels et, évidemment, les deux autos, magnifiques.
Double mouvement donc, aujourd’hui, d’apparition et de disparition. Une voiture, importante pour la marque allemande, est révélée. Un de ceux qui auraient pu en capter la beauté, et qui l’aurait certainement fait un jour, disparaît. Heureusement, demeurent les images saisies ce jour là, qui furent aussi une forme un peu prémonitoire de transmission.
Evidemment, cet hommage est peut-être là, aussi, une façon d’exprimer de façon douce ce que la morphologie externe de la Taycan peut avoir d’un peu décevant, parce qu’elle est moins tendue que celle du concept car qui nous avait bien fait rêver. Mais c’est souvent ainsi que se vit la révélation d’un modèle de série : c’est un retour à la réalité qui, parce qu’il ne réalise pas exactement le fantasme qu’on nous avait mis en tête, impose tout d’abord d’en faire le deuil.
Drôle de projet….ces costumes de scène sur ces personnages fardés et le facies de masque vénitien qui pleure du Taycan blanc donne la sensation d’être placé dans un endroit absurde , une plage vénitienne bordée de falaises de craie….reconstitution onirique vraiment bizarre qui laisse un impression désagréable…que font ces voitures et ces personnes au bord de la mer? Est ce une after où on serait venu se dégriser avec les embruns?…C’est un véhicule électrique ou amphibie? Bon un rêve doit être pris pour du langage , Taycan Porsche fête Ault falaise Somme (tu t’es quand torché lors d’une fête jusqu’au malaise en somme? le 9/11 ? lol ).
Mr Lindbergh aurait dù s’abstenir.