BX repetita

In Art, BX, Cruising Areas, Hakim Mao, Movies
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Dédicace spéciale
à Sylvain,
lecteur, interlocuteur,
et fin limier !

Evidemment.

EVIDEMMENT !

J’avais depuis des mois l’intention d’évoquer ici un court métrage conseillé par le plus fidèle des lecteurs de ce blog. Au moment où j’ouvre dans mon navigateur la petite flopée de fenêtres auxquelles je permets à mes neurones de venir s’enivrer histoire de les nourrir d’images et de mots, je copie-colle le lien vers le site d’Arte-TV sur lequel je peux me regarder une fois encore ce petit film, histoire de me le re-re-re-remettre en tête et, qui sait, d’y déceler encore quelques détails qui me feront quelques nourritures pour la route de l’écriture, la susdite page demeure aveugle et sourde, m’informant que le contenu que je veux regarder n’est plus disponible sur ce site.

Enfer et damnation.

Et bien sûr, nulle autre trace de l’oeuvre où que ce soit, dans le domaine légal comme du côté obscur de la distribution des biens culturels, rien, que dalle, le film est aux abonnés absents, invisible, hors d’accès. Au-delà de cette limite, mon billet n’est plus valable.

Heureusement, j’ai de la mémoire. Et à vrai dire, ce petit film est suffisamment marquant pour qu’une fois regardé, on ne l’oublie pas de sitôt. Aussi, malgré son inaccessibilité, on va se faire petit tour dans le petit road-movie hexagonal réalisé en 2021 par Hakim Mao, intitulé Idiot Fish.

Pourquoi ?

Parce que la majeure partie de ce film se passe à bord d’une auguste Citroën BX. Or un tel choix plonge nécessairement l’amateur d’automobiles dans une nostalgie dont la profondeur est telle qu’il faudrait un scaphandre pour en sonder le fond. Mais il se trouve qu’ici le choix de ce modèle plutôt qu’un autre est d’autant plus pertinent qu’il dit quelque chose de ce qui fait le tissu du récit : l’ambivalence des rôles, l’ambiguïté des sentiments, l’étrangeté du désir, le désaccord dans l’harmonie, le jetlag amoureux, tout ce qui fait que les relations humaines les plus intenses sont aussi faites de tensions dramatiques, de petites incompréhensions qui sapent la relation tout en procurant, aussi, le sel qui lui donne son goût singulier.

Ca commence sur la route. On sait pas trop où, et on sait pas trop avec qui. On sait juste qu’on va vers Nîmes. Deux mecs roulent à bord d’une BX. Ils pourraient être un couple1, mais leur discussion semble plutôt indiquer que l’un a pris l’autre en stop, ou en covoiturage. Deux inconnus donc, embarqués dans le même transport. A moins qu’ils se connaissent, et jouent à se comporter l’un envers l’autre comme des inconnus. Quoi qu’il en soit, ils sont en décalage. L’un parle avec un accent anglais que l’autre n’a pas. L’un conduit, l’autre pas. L’un semble clairement établi quant à son identité, sa position dans la vie, sa trajectoire. L’autre louvoie davantage, prendrait plus volontiers des chemins de traverse, roulerait bien un peu off-road pour voir ce qu’il y a, au-delà des limites et ce que ça donne, quand on dépasse les bornes. L’un demeure fidèle à lui-même, tandis que l’autre est capable de changer, de se transformer même en un rien de temps, pour devenir un autre, avec lequel se jouera quelque chose de nouveau, ou à nouveau. Chacun joue alternativement la provoc envers l’autre, à mi-chemin entre la complicité et la traque, entre le désir et la manipulation, le lâcher-prise et la contrainte.

Habiter ensemble un même habitacle en mouvement est une expérience singulière. On y est à l’abri du monde extérieur, mais on est en revanche à la merci de l’autre, assis juste à côté. Difficile de lui échapper, puisqu’on est enfermé. On aura beau ouvrir les fenêtres, le bas du corps est coincé sur le siège, sans pouvoir en décoller tant qu’on ne fait pas une pause sur la route, histoire de respirer autre chose que les rejets carbonés de l’autre. Dans une BX, ni les sièges, peu épaulés, ni le mobilier de bord ne séparent les passagers. Pour autant, il y a un peu de place ; on est côte à côte sans être pour autant collé l’un à l’autre. Trop proches pour être seul, trop distants pour être en contact. Sauf à faire un geste vers le passager, qui peut être familier si on est familiers, ou intrusif si ce sont bien deux étrangers qui roulent ainsi ensemble vers le sud.

Tout trajet est un récit. Au cinéma, ce principe est renforcé par l’habitude que nous avons de voir le mouvement être utilisé comme métaphore du cheminement dans la vie, et par la nécessité dans laquelle les passagers se trouvent de devoir se parler durant le trajet. Et la voiture est un des meilleurs endroits au monde pour raconter sa vie. Dans Idiot Fish, on comprend vite que la fiction que se jouent les deux personnages principaux a pour objectif de rejouer ce qu’ils ont déjà vécu dans ce qui n’est pas davantage leur « vraie vie » que celle à laquelle on assiste, au cours de laquelle il la revivent une seconde fois, en parole, mais aussi en actes. En paroles tout d’abord quand ils discutent ensemble de cette situation classique de séduction que constitue l’expérience de l’auto-stop, puis en jouant pour de bon la scène de l’auto-stoppeur entrant dans l’espace intime du conducteur avant de s’y trouver, l’un comme l’autre, pris au piège, incapables de s’extraire non seulement de la voiture, mais aussi de leur propre désir.

Bien entendu, l’introduction dans l’équation d’un inconnu va permettre de jouer encore, et encore ce moment où on ne se connaît pas encore, où on peut s’intéresser à l’autre parce qu’il est une terre inconnue, propice à l’exploration, dont on va découvrir que sa cartographie dessine en réalité des paysages qu’on a déjà rencontrés en soi-même, des reliefs qu’on connaît si bien, pour les voir quotidiennement dans la glace de la salle de bains, et dans chaque selfie. L’autre est tout de même le meilleur miroir dont on puisse disposer pour s’y regarder, dans les yeux. Et c’est pour cette raisons qu’on peut tout aussi bien et simultanément, en être profondément amoureux, tout en cherchant pourtant à maintenir une irrémédiable distance avec lui.

Pourquoi la BX entre-t-elle à ce point en phase avec cette histoire ? Parce qu’elle-même est l’incarnation automobile de l’ambiguïté, de la duplicité, de l’association d’éléments a priori peu compatibles. Regardée depuis le 21e siècle, son décalage temporel est flagrant. Pour nous c’est une ancienne, elle appartient clairement au passé de l’automobile, elle vient d’une époque dont beaucoup de fans de Citroën ont encore aujourd’hui la nostalgie. La BX porte les signes génétiques de la marque qui l’a fait naître, avec ses roues arrière cachées par les ailes, sa silhouette en deux volumes, son air de ne ressembler à aucune autre voiture en production, ni de son temps, ni du nôtre. Elle pourrait faire partie des youngtimers, et d’une certaine façon son appartenance aux années 80 est manifeste. Pourtant, elle a encore aujourd’hui quelque chose de profondément moderne, et c’est ce qui la rend intemporelle. Ses surfaces planes rompent avec les rondeurs qu’affectionnaient les automobiles classiques, le traitement des volumes, très nettement délimités par des lignes précisément et rectilignement tracées, vise ce qu’on considérait dans les années 80 comme l’avenir. A l’intérieur, la planche de bord n’en faisait qu’à sa tête, refusant les conventions du genre pour proposer un intérieur tranchant très nettement avec la production de son temps, et du nôtre aussi. A vrai dire, elle est l’image du futur tel qu’on l’envisageait dans les années 80, mais c’est un futur qui n’est jamais devenu réel. D’où son côté uchronique, propice à tous les récits puisque la BX est ce genre de voiture qui, temporellement, semble venir d’un monde dont on parle en commençant pas « il était une fois ».

D’ailleurs, un plan nous montre Jimmy dormant sur le siège passager de la BX. Or dès que le cinéma nous montre un tel plan un doute sur tout ce qui suit taraude le spectateur : et si ce que nous voyons n’était que le rêve d’un des personnages ? La Citroën est en tout cas ce genre d’habitacle dans lequel on est suffisamment bercé pour dormir, parfois profondément. Idiot Fish est un film ambigu qui se passe dans une voiture qui l’est tout autant.

Ce qui est troublant dans cette voiture, c’est qu’elle soit moderne sans pour autant relever d’une ingénierie extraterrestre : la BX était comme son ancêtre la GS un vaisseau de la route susceptible d’être réparé par le garagiste du coin. Pas besoin de l’emmener dans une station spatiale pour l’entretien. Un mécano ayant un peu de savoir-faire, un connaisseur des spécificités de la marque aux chevrons pouvait l’entretenir sans difficulté, et même son propriétaire était capable d’en comprendre le fonctionnement général : si soudain sur la route la direction devenait dure, qu’on perdait l’embrayage et les freins et que la voiture s’affaissait au sol, c’est que la centrale hydraulique venait de lâcher. On n’allait pas bricoler ça sur le bord de la route mais au moins, on savait diagnostiquer la source du problème. Les sphères vertes du système spécifique à la marque étaient bien visibles, le principe général du dispositif était accessible à une intelligence standard, et on savait quel genre d’intervention était nécessaire pour résoudre le problème.

Dès lors, on entretenait avec la BX une relation singulière et toujours un peu ambiguë : c’était une voiture normale, accessible au plus grand nombre, assez simple dans son usage quotidien, même un peu modeste dans bon nombre de ses détails de finition, d’apparence un peu légère. A strictement parler, la relation quotidienne avec une telle voiture aurait pu constituer une histoire un peu banale, reproduite à l’identique de jour en jour. Et pourtant, chaque matin au moment de l’aborder c’était comme si toute cette histoire devait être reprise depuis le début. Parce que la conduite au quotidien une BX, c’était un ensemble de petits rituels spécifiques qu’il fallait reprendre à leur origine à chaque démarrage. L’habitude faisait qu’on n’y faisait plus attention mais il suffisait de regarder les autres conducteurs démarrer le matin pour constater la spécificité de la mise en route, puis de l’usage de la Citroën : se baisser pour saisir la poignée, s’asseoir au ras du sol sur une suspension raide comme un chassis posé directement au sol ; avant de fermer la porte, se féliciter de ne pas s’être garé près d’un trottoir trop haut parce que sinon on n’aurait carrément pas pu ouvrir la voiture ; claquer la portière dans un bruit pas vraiment feutré de plastique et de tôle, lancer le moteur et attendre tranquillement que la fée hydraulique fasse son oeuvre et qu’elle nous ouvre l’accès aux fonctions essentielles de la conduite ; et attendre que s’opère l’opération la plus spectaculaire : la montée en altitude de la voiture, la sensation d’élévation progressive, la mise à distance de la route, le gain en souplesse, en confort, l’accession à une toute autre qualité de vie, absolument étrangère à la sensation procurée par le premier contact avec cette automobile. Et à chaque reprise du volant, c’était la même rencontre avec une inconnue qui s’opérait, le même rituel de présentation, la même séquence d’apprivoisement, la voiture tout d’abord un peu rétive, comme étrangère, refusant d’offrir immédiatement son charme à celui qui l’occupe, le premier contact un peu froid, rude, presque désagréable, l’incertitude sur la suite de l’aventure, l’attention portée aux petits signes qui font qu’on se dit que le courant passe entre elle et soi, le petit chuintement de la centrale hydraulique, le sifflement aigu des fluides qui parcourent les dessous de la voiture, le grincement des rotules, biellettes, cardans qui sortent de leur position de sommeil pour se préparer à la mise en mouvement, comme on fait craquer deux trois articulations au réveil histoire de remettre le corps en branle.

Dans une conférence de presse donnée par l’équipe du film Le Second acte, de Quentin Dupieux, un journaliste faisait remarquer au réalisateur que son casting automobile très européen était extrêmement soigné. Et Quentin Dupieux confirmait qu’en effet, dans ses films, le choix des voitures relevait du sens du décor et de la mise en scène, et que ce choix répondait à une double exigence : satisfaire son goût pour la belle automobile, mais aussi ne pas donner l’impression de regarder un reportage de magazine automobile. L’idéal, c’est que tous les éléments participant à la mise en scène participent en commun à l’installation d’un univers dont on perçoit qu’il est cohérent ; pas seulement parce qu’il ne contiendrait pas d’incongruités ou d’anachronismes, mais plus encore parce que les formes communiquent en harmonie, les pièces du puzzle s’emboitent comme elles doivent le faire, elles font écho les unes aux autres, elles se correspondent en somme.

La forme d’une voiture, ce n’est pas que son apparence, sa ligne ou ses volumes. C’est l’ensemble des idées qu’on a en tête quand on la voit, ou quand on en parle. Ici, la BX est exactement le modèle qui convient, ce qui permet à Hakim Mao de ne pas avoir à la montrer sous toutes ses coutures. Il ne s’agit pas de se complaire dans la mise en scène de la voiture, mais juste de jouer sur un ensemble de résonnances et de correspondances qui donnent au film une épaisseur, comme si tout, à l’écran, tissait une toile serrée, solide, mais souple, sans montrer l’effort mené pour que tous les éléments tiennent ensemble et forment un tout.

La BX est un écho visuel à la plasticité des personnages du film. Jimmy en particulier apparaît versatile, imprévisible, instable et joueur. On le quitte sous une forme, il réapparait sous une autre. Passager, affirmant qu’il ne conduit pas ; il prendra pourtant le volant, assumant une responsabilité qu’il refusait de prendre jusque là. Mais il est aussi celui des trois qui s’installera sur la banquette arrière pour observer, un peu voyeur, les réactions de Guillaume alors qu’il roule à côté d’un nouveau compagnon de route. De la même façon la BX est une voiture protéiforme, qu’on quitte grimpée sur ses roues et qu’on retrouve au ras du sol. Elle a le visage d’un engin d’avant garde tout en étant conceptuellement une voiture plutôt banale. Passe-partout, elle sait aussi être exceptionnelle. A priori destinée aux geeks qui prennent plaisir à disposer d’un objet présentant quelques raffinements techniques, elle fut adoptée par la province et, même, parfois, par la ruralité. De même, on sent Jimmy urbain, et pourtant on le découvre capable de s’ouvrir à la nature, de l’épouser même dans une démarche qui le rapproche de lui-même, tout en l’éloignant de celui qu’il était aux yeux de son compagnon.

Idiot Fish suit le trajet sinueux de deux êtres que le désir électrise. Parce que le rapport amoureux est un mouvement commun, il est finalement naturel de ne jamais retrouver l’autre là où on pensait l’avoir laissé ; tout comme il est aussi naturel de ne pas s’y retrouver soi-même, parce que l’amour déplace les êtres qui s’emportent l’un l’autre. Qui croyait conduire peut être éconduit, et conduit. Qui pensait n’être que passager se retrouvera peut-être au volant. Il n’y a pas d’installation possible dans le désir, par nature instable, fragile, chancelant, mais aussi tendu vers un ailleurs, un autre chose, une autre forme de l’autre et de soi-même. Il y a quelque chose des amours humaines dans les attachements automobiles : la BX a été, un temps, une de ces autres formes que pouvait prendre la voiture, suffisamment déconcertante pour qu’on puisse se demander si on l’aimait vraiment, avant de découvrir qu’elle nous avait véritablement séduits, alors même qu’elle avait quasiment disparu. Elle fait partie de ces quelques automobiles qui changent le rapport qu’on a à la bagnole, et à soi-même.

Dans Idiot Fish, la BX est cet étrange véhicule du désir. Comme celui-ci, dans sa façon de nous faire perdre contact avec le sol et de nous élever, elle fait mieux que nous déplacer. Elle nous transporte.


Actuellement, Idiot Fish, de Hakim Mao, ne peut pas être vu en ligne. il faudra patienter un peu, profiter d’un festival qui l’intégrerait à sa programmation, ou d’une plateforme qui le diffuserait à son tour. On espère en avoir donné une idée. On espère aussi avoir donné l’envie de découvrir l’oeuvre de ce réalisateur, qui semble mériter qu’on s’intéresse à son travail.

On trouvera en suivant le lien ci-dessous une interview de Hakim Mao, croisée avec quelques images de son film. Il parle bien de son art, et on y découvre que son propre film lui a présenté, lors de son tournage, un visage qu’il ne lui connaissait pas. C’est toujours bon signe, ce genre d’ouverture.

https://www.facebook.com/ARTECourtcircuit/videos/idiot-fish-par-hakim-mao-court-circuit-arte/778874307025753/

D’habitude, je coupe quelques photogrammes vidéo dans les films, pour illustrer un peu le propos. Mais ici, je vous conseille d’aller sur le site de François Ray, le directeur de la photographie de Idiot Fish, vous y trouverez quelques photogrammes choisis par l’artiste lui-même, bien mieux mis en valeur que je n’aurais pu le faire moi-même. Et vous verrez en fouillant dans son travail qu’il est probable qu’il y ait prochainement un rond de serviette à son nom dans les catégories de ce blog !

Rendez vous dans la section « films » de son site, descendez jusqu’à la vignette sur laquelle on voit une BX de dos, un peu posée en vrac sur la route, cliquez dessus, faites défiler les images. Vous aurez une idée juste de la belle photographie de ce court-métrage.

https://www.francoisray.com/


  1. Oui, oui ! Il s’agit d’un couple de mecs. Bon, voila, on a déjà développé ce thème dans ce blog, plusieurs fois. Ici, on ne va même pas commenter ce point. C’est une histoire d’amour, et on doit commencer à pouvoir aborder n’importe quelle histoire d’amour en tant que telle, quels que soient les genres de ceux qui la vivent, et s’y reconnaître, quelle que soit sa propre orientation, pour peu qu’on n’en ait qu’une seule. Si on ne s’y est pas encore fait, va falloir faire un effort ! ↩︎

14 Comments

  1. Surprenant ! Pour moi, évidemment, et même en ayant vu ce petit film 2 fois, la BX était plutôt un non personnage, choisi au hasard par le réalisateur, une voiture de grande occasion à tout petit prix en rapport avec l’errance de très jeunes adultes sans trop le sou dont ce n’est pas la préoccupation, parfaite pour cela, un truc acheté 500 ou 1000 euros, peut être simplement emprunté, tas de tôles qui roule encore très bien s’il a été entretenu et peu rouillé. C’aurait pu être une 205 ou 305 break, vraiment anonyme, invisible aux yeux du spectateur, jusqu’à l’irruption d’un spécialiste à l’oeil perçant!
    Alors donc sous ta plume c’est tout à fait autre chose, tout à fait l’inverse même, un fil conducteur sous jacent éclairant discrètement l’ambivalence des sentiments amoureux, sa complexité avec ses rouages en forme de suspensions simples et sophistiquées à la fois. Etonnant! Est ce que Hakim Mao a vraiment voulu cela comme un « simple » Dupieux (je blague!) ? J’imagine que non, je suis prêt à parier pour cela, et il peut tout juste reconnaître que peut être, cet effet miroir a été agi à son insu et que finalement ça colle ! Mais peut être t’en a t’il parlé comme d’un choix….
    Il y a un élément qui apparait dans les captures, c’est qu’en effet c’est une Xsara qui a servi comme deuxième véhicule de stop (réel celui là), ce que bien sùr j’avais totalement oublié. Ce choix laisserait qui sait imaginer un petit tropisme Citroen chez Mao ? Indice ténu….ou hasard complet là aussi, un autre véhicule banal devant être déniché dans le coin, et c’est probablement un vendeur Citroen de Clermont l’Hérault ou Lodève qui a fourni le matériel!
    Ca n’en fait pas moins un texte intéressant et subtil. Jamais je n’aurais pensé à ces idées, d’où mon attente de savoir ce que tu allais bien pouvoir en raconter. J’aurais bien aimé re revoir du coup le film, et j’avais ma botte secrète pour ça, il était dans mes favoris sur ma page d’Arte: eh bien non il a disparu là aussi !
    Entre temps le lac est devenu cet été bouillant, puis fermé à la baignade à cause de cyanobactéries. On peut désormais retourner en profiter, l’autoroute gratuite permet d’y être très vite depuis la côte à 60 KM. Quelque part il y a les petites routes du film, je ne les ai pas identifiées précisément, Pas besoin de passer par Salasc où les jeunes gens atterrissent, d’où venaient ils d’ailleurs, ce n’est pas un lieu de passage pour véhicule se rendant à Montpellier, mais plutôt une excursion, un détour dans un coin un peu enclavé, la fin des montagnes du haut Languedoc, sauf à arriver de l’Aveyron par les plus petites voies….ou s’être trompé après Lodève ou Bédarieux!
    Il y a quelque chose d’amusant à découvrir par hasard dans un film les paysages que l’on connait bien. Il y a eu un épisode qui se déroulait là aussi dans une série française excellente et horrifique récente, passée sur Arte aussi, thriller parodique où le tueur en série changeait de région à chaque forfait: les papillons noirs.
    C’est un bout de l’Herault où il y a eu une grosse langue de terre rouge caractéristique, et qui vous fait voyager instantanément en Afrique ou Amérique du Sud !
    Peut être fut ce cet été , un choix de destination, l’occasion d’une visite de ce coin dépaysant? Où les habitations d’un hameau abandonné après la mise en eau du lac dans les années 70, mais qui finalement s’est arrêté avant de l’engloutir, sont mises à la location avec des baux emphytéotiques. Si au bout de 99 ans ça ne te plait plus, tu peux repartir au volant de ta BX !

    • L’article semble t’avoir à ton tour inspiré, et tu as l’air d’avoir voyagé mentalement et physiquement en reconstituant la géographie de ce court métrage !

      Pour la BX, le petit échange que j’ai eu avec le réalisateur m’a fait comprendre que le modèle a été choisi avec soin, pour l’époque à laquelle elle renvoie et pour son esthétique. Mais il a aussi précisé qu’il ne s’y connait pas beaucoup en voitures, ce que je trouve intéressant : les Citroën ont réussi à être, à une certaine époque, des voitures techniquement pointues, qui étaient néanmoins choisies et appréciées par des personnes qui ne s’y connaissaient parfois pas du tout et ne les choisissaient pas pour ces caractéristiques techniques.

      En tout cas, en te lisant, j’ai un peu visité ta région, dans ma tête.

  2. Il y a un dessin très marrant sur le stop dans un des derniers Auto Plus, avec une belle 304….et dans le Midi aussi…. mais si des liens peuvent être attachés aux commentaires, apparemment pas des photos. Ou alors si tu peux dire comment faire…sinon cest pas grave !

  3. https://www.arte.tv/fr/videos/113548-000-A/je-ne-me-laisserai-plus-faire/
    Un autre road movie, un peu plus long que Idiot Fish, et avec 2 femmes cette fois ! <Et avec des Citroen ! Yolande Moreau s'enfuit de son Ehpad, à la mort de son fils puisqu'elle ne peut plus payer, loue une vieille C4 pour entamer son périple de vengeance et la massacre avec sa copine de dérive Laure Calamy dans un terrain vague, après avoir vandalisé un concessionnaire Seat. Mais finalement, après toutes sortes de péripéties, les voilà sans voiture et obligées de voler celle de l'ancien tortionnaire du brave policier Raphael Quenard: et voilà donc la fin du film offre une dernière scène en BX rouge qui va les amener jusqu'à Florence. Comme par hasard!
    Film étrange, comédie pas drole remplie d'improvisations retenues au montage ce qui fait probablement pour partie son originalité, avec les pépites hilarantes d'Alison Wheeler en directrice d'Ehpad hallucinée ou jonathan Cohen en looser absolu. A voir comme un objet à part….

    • Oh merci, je vais regarder ça ! Tous les acteurs me plaisent et l’usage des bagnoles m’a l’air sympathique aussi !

  4. Bon elles ne se baignent pas dans un lac et ma foi c’est peut être mieux comme ça! Quelques autres personnages des Deschiens apparaissent ici et là, mais pas François Morel qui devait avoir piscine……
    Il me semble que leur 2eme voiture de loc était une ID4 ou 5, ce qui est carrément surprenant vu son manque total de pépettes! Par contre la vieille Série 5 de Cohen est raccord! Mon Dieu ce looser, sa composition est un chef d’oeuvre!
    Bon l’ensemble ne fait pas un Dupieux, même si Kervern n’est pas un manche…mais bon ça reste un petit film à sketchs.

  5. https://www.youtube.com/watch?v=7GH–R9iwAg

    Pas de BX dans Les 3 mousquetaires de 1948, (pas le premier film apparemment mais le plus célèbre avec un Gene Kelly bagarreur charmeur et bondissant), mais des sbires de Richelieu semblant transformés en hommes sandwiches de Citroen, surgissant par dizaines pour mater leurs adversaires avec leur cape rouge brodée de chevrons qui fait instantanément penser à la communication de Citroen des années 2000! Ca donne une sensation d’anachronisme tout à fait involontaire à ce film et d’artificialité carrément amusante. On voit Richelieu arborer aussi ces chevrons sur son pourpoint, comme un super directeur commercial de la marque, c’est étonnant ! Bon il y a 3 chevrons mais la ressemblance est suffisante pour qu’on y pense instantanément avec surprise et ravisement!
    A propos ça me fait penser , comme pseudo anachronisme, là une illusion d’optique, à Humphrey Bogart dans le grand sommeil de 1946, en Marlowe déambulant dans son bureau de détective, avec une façon de se gratter l’oreille en parlant à quelqu’un qui ne peut pas ne pas faire sursauter tellement on a l’impression qu’il a un portable ! Les vieux films et même les chefs d’oeuvres peuvent provoquer l’hilarité!
    Bon le cinéaste des 3 mousquetaires a trahi Dumas avec la scène que pourtant tout le monde attend avec soulagement, l’exécution à l’aube de Milady Winter emmenée sur une barque par le bourreau, là escamotée rapidement derrière un gros arbre du jardin comme si Sidney ou son scénariste n’avaient pas osé décapiter Lana Turner dans une scène normalement glaçante…

  6. https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf89044960/tournage-de-deux-hommes-dans-la-ville
    Bon, nouvel extrait, autre entrée concernant ce sujet: cette fois ce n’est pas un road movie de jeunes fauchés, mais des monstres sacrés qui prennent l’air (et l’eau) au lac du Salagou ! Et en 72 73, c’est juste après la mise en eau du barrage, ce qui a peut être donné des idées à José Giovanni pour venir tourner là uns scène inédite… puisque Delon est censé effectuer sa réinsertion à Montpellier. Je n’ai pas revu le film en entier donc l’histoire ne dit pas s’il traine aussi quelques Citroen dans le scénario!

  7. En route, Marin ! – relié – Marine Schneider – Achat Livre | fnac https://search.app/YSkUA2ZdVxezHycz7

    Ah ben jusqu’où va se nicher la BX ? Aussi dans un livre d’illustration pour enfants, ici de Marine Schneider qui a dû trouver la voiture très graphique pour la glisser dans ses planches simplifiées…le petit garçon part en vacances avec ses parents , sur la couverture la BX flotte au dessus de quoi? La mer ou peut être un lac ! Clin d’œil amusant ! L’illustratrice vivant dans les Hautes Alpes, ça peut très bien être une vue du lac de Serre Ponçon près de Gap. Ça y fait penser. A acheter pour offrir aux petits neveux….ou lire en secret !

    • Tu es devenu le veilleur des BX pour ce blog ! Je pense que cette voiture génère quelque chose d’un peu particulier, par sa modernité et sa simplicité, sa manière de ne pas frimer, ce qui la rend populaire et étonnante à la fois, ce qui est mine de rien très rare !

      Et je reconnais ta passion pour la géographie dans les détails de localisation 🙂

  8. J’essaie d’attraper quand ça se présente des liens marrants entre Citroen, BX et lac, ou road movies farfelus….Sur la photo d’en tête du sujet , chaque fois je crois reconnaître Ramzy Bédia dans l’acteur de droite; du coup ça fait rêver à un remake du court métrage où il ferait son périple avec Eric Judor, une version très comique et parodique aboutissant au Quick de Lodève ou Montpellier! Delepine autrait pu tourner ça!
    Judor qui par un hasard étrange s’est retrouvé jardinier un peu allumé dans un Dupieux, Wrong, dans lequel il n’y a pas de Citroen bien sùr puisque censé se passer en Californie, L’acteur principal roule dans la banale berline moyenne américaine typique des années 80, une Ford Tempo, que je connaissais pas, choix très minimaliste intéressant de Dupieux. Les berlines Ford sont pourtant devenues assez belles ensuite dans les années 2000 2010, Fusion et Taurus, après une Contour (Mondeo) bio pas moche, mais c’était trop tard les japonais, patients, avaient tout raflé dans ce segment. Comme quoi Dupieux est un peu sociologue, la Tempo étant à l’époque un immense succès et que ce monde est totalement révolu, non pas par l’essor des SUV mais le « grand remplacement » des Camry (et autres Accord Sentra ou Altima) !

    • Dupieux le dit lui-même : il est passionné de bagnoles, mais évidemment pas des modèles que la majorité adule (ce qui n’étonne pas vraiment de sa part !). Et je pense en effet que c’est un très bon observateur de l’époque. Si je me souviens bien, dans Steak, Eric et Ramzy roulent dans un pickup façon « l’homme qui tombe à pic ». Quant à Ramzy Bedia, je ne l’ai pas vu beaucoup conduire au cinéma. Je me rappelle néanmoins de lui dans un film qui s’intitule Bled number one, dans lequel il a un rôle pour une fois pas comique du tout. Et de mémoire, il conduit une Golf un peu lambda, qui n’est pas si lambda que ça dans la mesure où il incarne un type qui a réussi en faisant des affaires entre France et Algérie, et que cette voiture témoigne un peu de son « européanisation », elle fait de lui un gars d’ailleurs.

      Je n’ai pas encore vu le Deuxième Acte de Dupieux, mais je sais qu’il s’y trouve une Panda bleue qui a une certaine importance.

      • https://youtu.be/oUAAgZR-7Go?si=e1Nze0rRmQPoak_t
        Eric Judor a là aussi son bon gros pick up de travailleur. Le voleur de chiens roule dans une limousine style Buick Lacrosse, et le voisin, j’avais oublié, qui déménage poursuivant une chimère et qui a honte de faire du footing comme si c’était un TOC très grave, roule en Saab 900 jaune poussin! La classe !

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