Nec plus ultra

In Bugatti, Frank Heyl, Tourbillon
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Je m’étais promis ces temps-ci de n’écrire qu’à propos de politique, d’où le stand-by sur ce blog. Certes, quelques sujets tentateurs m’envoient des taps histoire de me signaler qu’ils sont là, dispo. La Grande Panda me signale qu’elle a envie que je m’occupe de son cas ; à son regard je devine qu’elle serait pas contre une petite humiliation en public. Je lui explique que les temps étant ce qu’ils sont, je préfère consacrer mon temps libre à lire Barbara Stiegler et qu’il m’en reste trop peu pour lui coller une fessée. Une certaine A290 m’invite à la swiper dans le bon sens, histoire d’établir le contact et se faire un p’tit plan rapide. J’ai beau m’être déjà occupé de sa cousine germaine et sœur de lait, elle insiste lourdement, déclenchant dans mon cerveau des alertes via tous les réseaux dont elle dispose. Elle est là sur Insta, elle me harcèle sur X, elle m’envoie des images subliminales faites de hanches généreusement pourvues, de voies élargies, elle me promet carrément une dilatation du canal auditif. Hoho, cocotte, tu crois vraiment que tu vas me choper comme ça alors que le RN est aux portes du pouvoir et que j’en suis à me demander si nous réagissons tous comme l’avaient fait nos parents quand ils craignaient de voir débarquer les chars soviétiques sur les Champs dès le 11 mai 1981 ? Désolée ma puce électrisante, il y a des priorités dans la vie. Il faut que je me relise le chapitre qu’Orwell consacre à la Novlang dans son 1984, puis tout Klemperer, et un peu de Festinger aussi pour tenter de comprendre comment le capitalisme parvient à plier le sens de deux trois mots tels que, par exemple (au hasard), « antisémitisme », ou « islamophobie », ou « extrême-gauche » afin de mieux penser deux trois trucs un poil plus importants que ton élargissement de la gamme Alpine par le bas. Parce que, vois-tu, sans être paranoïaque, il est possible que dans les temps à venir, la simple évocation d’un « élargissement par le bas » soit considérée comme un aveu coupable qui mériterait sanction, et redressement. Ce matin même, le nouveau X3 me capte dès le réveil, la tasse de café à peine posée à côté du clavier. Je suis obligé de lui mettre les points sur les i : je suis pas très consentant pour les images NSFW dès le p’tit déj’.

Mais on a tous notre point faible, une poignée par laquelle on peut être saisi, une prise sur laquelle peuvent se brancher les cables qui ont en tête de se métamorphoser en cordages serrant de plus en plus leur étreinte, poignets joints dans le dos, chevilles contraintes, gorge enserrée. On a tous un côté « plug & play », une entrée dérobée par laquelle on peut nous prendre et nous embarquer qu’on le veuille ou non parce que dans le fond, on est partant quoi qu’on en dise. Ligoté sur le fauteuil face à l’écran, un voile se soulève sur une forme, dans mes oreilles un feulement se déploie à une telle vitesse que ça ne peut correspondre à aucun phénomène naturel. Mes neurones trient le flux d’information, répartissent les harmoniques qui déferlent, inondant les synapses, lançant un tsunami d’endorphines dans les connexions cérébrales, ravageant toute forme de volonté, annihilant ce qu’il restait de libre-arbitre sur son passage. Vortex sonore lâché au beau milieu du néocortex, toutes les défenses anéanties, le cerveau passe en mode « White House down ». Je n’ai que le temps de compter les lance-missiles qui m’ont pris pour cible. Seize, ils sont seize. Installés en deux lignes de huit. Les orques de Staline s’allient aux orgues de Sauron pour lancer leurs béliers sur mes tympans. C’est Civil War dans mon crâne. Je jette un coup d’oeil sur les réseaux sociaux qui suivent de près ou de loin l’actualité automobile, les comptes qui s’intéressent au luxe ; même les spécialistes d’avionique reprennent l’info : en fait, l’attaque est générale, une nouvelle Guerre Mentale s’annonce. Bugatti sort son nouveau modèle.

Under the Skin

Parce que Bugatti, c’est en réalité une gamme qui se résume à un modèle. Le reste, ce ne sont que des à côtés, des spin-offs. Une fois par décennie en gros, l’Alsace signale au monde qu’elle vient de se doter d’une nouvelle arme de destruction massive. Impériale, indifférente à tout ce qui peut se faire dans ce qui n’est pour elle que l’ici-bas. Superlative au point de flirter avec les limites du réel. Bugatti hérisse le poil, essore les liquides corporels comme si une pompe à vide cherchait à les extraire de l’extérieur, les filtrant à travers l’épiderme pour les assécher aussitôt d’un simple passage à vitesse max’ afin de les capter et en faire un mystérieux carburant. Est-ce de ce breuvage que se nourrit ce Dieu-Bestiau ? Nous autres, profanes, on n’est invité ni à la table, ni aux cuisines des êtres suprêmes. Nous ne tirons pas le vin qui les nourrit et on peine à croire qu’ils puissent boire aux sources impures qui nous désaltèrent. L’image d’une Bugatti faisant le plein à la même pompe à carburant qu’une Twingo demeure impossible1. De même que la reine d’Angleterre ne va évidemment jamais aux toilettes, la lignée des Veyron, Chiron et, désormais Tourbillon dispose nécessairement d’un réseau de stations services qui lui est dédié. D’ailleurs, personne n’a jamais vu ces engins un pistolet planté dans l’orifice. Aucun de leur volant n’a pu être saisi par une main souillée de vapeurs hydrocarbures. C’est dans un univers parallèle qu’évoluent ces avions de chasse, sans doute nourris sur des tarmacs, loin des aires de repos dédiées aux communs des mortels, ceux qui roulent en Lambo, en Porsche ou en Ferrari. On ne mélange pas les patrons et les soviets.

Le capitalisme est plein de ressources. Alors que trainent dans ma tête des idées que les radars de la pensée pourraient entourer d’un gros triangle rouge, alertant l’opérateur en clignotant sur l’écran comme si un danger majeur s’annonçait,  » que « Mayday, Mayday ! Des idéaux de gauche sont en train de se multiplier quelque part dans un cerveau », la contre-attaque ne se fait pas attendre : on envoie dans ma p’tite tête ce que la richesse sait faire de mieux, et on y introduit le doute : dis-donc le gauchiste, t’aurais pas un peu de goûts de luxe ? Tu la gères comment ta dissonance cognitive ? Tu crois tromper qui avec tes tentations révolutionnaires ? On a fouillé dans ton historique de navigation, on a gouté tes cookies ; on t’a vu regarder en douce la promotion des réacteurs nucléaires Rolls-Royce et, tu sais quoi, ta montre connectée nous a glissé à l’oreille que ça te laissait pas vraiment indifférent. On était là, quand tu a ouvert en douce la page principale du site worldwide de Bugatti, on a vu à quel point ton ordinateur de prolétaire a eu du mal à ingérer le luxe d’informations auquel la charité te donnait accès, et on sait que tu as dû tirer un peu sur l’élastique de ton boxer pour y faire un peu de place quand tu as découvert la nouvelle super-production locale : Tourbillon.

Elle avait des bagues à chaque doigt

Trésor de l’onomastique. Tourbillon est exactement ce à quoi on ne s’attendait pas. Et ce à quoi on a un peu de mal à se faire. Ca tombe bien, c’est exactement l’effet recherché : qu’on ait l’impression que ce nom n’est pas fait pour nous. On comprend le mot, on voit à quoi il fait référence, mais on ne comprend pas que ce nom puisse être choisi pour désigner cet objet. Et du coup, c’est un peu comme si cet objet sortait du champ des objets, comme s’il devenait ce qu’on pourrait appeler un Être.

Cahier des charges : ça doit finir en « on » pour rimer avec les ancêtres. Ca doit sonner français ( – euh oui mais la France devenant ce qu’elle devient, est-ce une si bonne publicité ? – Oh… l’Histoire montre que les milieux d’affaires et le gotha financier peuvent assez bien se faire à une ambiance un peu « extrême droite » ). Ca doit surprendre sans paraître complètement insensé. Ca doit avoir un petit côté « haute couture », un mélange de sensations fortes et de désuétude. Ca doit faire écho à quelque chose qu’on a déjà placé, comme un appât, dans le cerveau de ceux qui sont véritablement visés par cette appellation.

Ca tombe bien : ce n’est pas la première fois que Tourbillon est associé à Bugatti. C’est aussi le nom porté par une montre (que dis-je ? Une horloge de poignet plutôt) conçue et fabriquée par Jacob&C°, reproduisant en miniature le mouvement du V16 molsheimien et exposant le cœur du mécanisme d’horlogerie comme en suspension dans le boitier transparent. Ca fait donc plusieurs années qu’on introduit dans l’imaginaire linguistiques de ceux d’entre nous qui peuvent payer une montre plusieurs centaines de milliers d’euros, ce nom, « Tourbillon« , pour que, les Vrais, ceux qui savent soient prêts à recevoir l’information, qui n’est destinée qu’à eux. Et eux, doivent sentir que le reste du monde est un peu imperméable à ce message codé : la nouvelle Bugatti s’appelle Tourbillon. A cette annonce, en eux, c’est tout un univers de sensations qui explose depuis la bombe à retardement fixée à leur poignet gauche, remonte le long de l’avant-bras, se fraie un chemin dans le biceps, l’épaule, se glisse le long de l’omoplate, irradie la clavicule, se liquéfie à l’approche de la jugulaire pour faire monter le venin dans la boite crânienne pour y faire résonner un chœur de castrats vocoderisés qui hurlent « Achète-moi ! Achète-moi ! » chacun installé à la fenêtre d’un immense hôtel dont ils ouvrent les volets pour lancer leur appel avant de les refermer, puis les ouvrir de nouveau, et les tirer vers eux, et ce jusqu’à ce que la pulsion d’achat fasse son oeuvre.

Si ça ne nous fait pas ça, c’est que nous ne sommes pas destinés à ce que ça nous fasse ça. Et c’est fait exprès.

On s’est connu, on s’est reconnu

On pourrait appliquer à l’automobile les fondamentaux de la théorie de l’évolution. Quelque chose de génétique permet à des caractères de traverser le temps et franchir sans encombres la limite théoriquement indépassable de la mort. Dès l’Antiquité, Platon l’écrivait : ce qui résiste à la disparition, ce sont les formes. Parce qu’elles sont là sans être là, elles inspirent la matière plus qu’elles ne le constituent. Ainsi, la Chiron était une forme, un ensemble de lignes et de volumes identifiables. Certains n’existaient pas vraiment avant elle dans l’univers Bugatti, comme son regard. D’autres lui pré-existaient, telles que l’arche qui circonscrit la partie habitable du profil, qui était une extension de la courbe identifiant la Veyron, elle même echo des peintures bicolores des grandes stars de Molsheim, la Type 41 Royale, évidemment, mais aussi la petite 55.

Cette courbe caractéristique est une pure forme, elle n’est pas identique à elle-même, elle adopte sa propre courbure aux circonstances, à la surface et aux volumes sur lesquels elle se déploie, mais elle traverse le temps, rebondissant abstraitement sur la matière, dont elle se sert pour apparaître et exister sous nos yeux. Ainsi, chez toutes les marques qui développement un vocabulaire de formes, quelque chose d’immatériel se matérialise sous nos yeux, une sorte d’idée de la marque qui se reconnaît de génération en génération, qui est là sans être là, un air de famille, parfois subtil, parfois plus manifestement présent. Et la nouvelle Bugatti répond à cette exigence : on reconnaît immédiatement son air de famille avec la Chiron, dont elle reste très proche en apparence, faisant le choix de ne pas rompre avec le passé, au point de décevoir certains observateurs, qui attendaient quelque chose de plus radical, un bon plus net vers autre chose. Mais voila, il y a chez Bugatti une double exigence : d’un côté, être à l’avant-garde technologique; de l’autre, demeurer ancrée dans la tradition de la marque. Ce qui semble logique car, en achetant cette marque plutôt qu’une autre, c’est précisément cette histoire que les investisseurs viennent chercher. Et il en va a priori de même pour les clients.

On repère tout de suite dans Tourbillon ce qu’elle reprend de la Chiron. Mais on découvre aussi, quand le regard balaie une deuxième fois la carrosserie, que ce qu’elle en reprend, elle le réinterprète. Ainsi, le regard distinctif est cette fois ci installé en relief par rapport au plan de la carrosserie, comme si une aile, formée d’une simple feuille de matériau venait couvrir, comme une aile, le bloc optique, l’ensemble paraissant flotter au-dessus de la face avant, de part et d’autre de ce tunnel central propulsé vers l’avant et la fameuse calandre, désormais plus évasée, car plus large aussi. Si l’avant de la Chiron se présentait comme un volume global, cohérent, celui de Tourbillon est au contraire déstructuré, les éléments qui le composent étant disjoints comme si on regardait un éclaté de la voiture. Le regard semble pouvoir traverser les volumes creusés de façon à offrir à l’air des échappatoires, des passages augmentant l’aptitude du bolide à s’unir avec l’atmosphère, qu’elle cherche à percer tout en se laissant pénétrer par elle, l’aspirant pour mieux la recracher après son passage éclair.

Réinterprétée aussi, l’arche qui ceinture l’habitacle. Sur le profil, celle-ci ne dessine plus un demi-cercle, comme si la masse noire de l’arrière cherchait à envelopper davantage la cellule réservée aux passagers. Mais ce n’est pas la mécanique qui semble vouloir envahir le volume général de la voiture. Visuellement, il n’y a rien qui, de profil, signale la présence d’une moteur hors-normes dans les tréfonds de cette silhouette. La façon dont les volumes sont sculptés installe le groupe motopropulseur dans les profondeurs de la voiture, la surface constituant une enveloppe extérieure qui joue un autre rôle : parlementer avec les masses atmosphériques. Plus je regarde la voiture, plus il me semble que ces courbes noires doivent être regardées comme les volutes d’une cape soulevée par le vent. Vous voyez Batman sur sa moto ? Voila. Tornade au milieu des tempêtes qu’elle génère ? Voila. La Chiron jouait sur une autre forme d’illusion : on avait l’impression que l’arrière avalait littéralement l’avant. Ici, c’est moins l’image d’une dévoration qu’on a en tête que celle d’un enveloppement. La créature se lance en avant et derrière elle les flux d’air font battre sa cape dans son sillage, flottant sur les vortex que son déplacement génère, comme si la mécanique intime de cet engin résidait dans un mouvement perpétuel, un pacte signé entre la voiture et l’atmosphère : je t’aspire, tu me portes, on se met l’un l’autre en mouvement.

Héritage enfin, la séparation longitudinale qui coupe littéralement la voiture en deux moitiés égales, tirée de la fameuse Type 57SC Atlantic. Cette forme ci était esquissée sur la Chiron mais ici, ce qui est assez épatant c’est de voir à quel point le principe est respecté à la lettre : l’essuie-glace lui-même se met au garde-à-vous pour s’aligner sur cette épine dorsale beaucoup plus franchement dessinée que par le passé, traçant une ligne joliment parallèle aux deux arches sculptant l’arrière du pavillon, et celle-ci coupe en deux la baie qui permet d’entrevoir la mécanique, elle-même répartie en deux moitiés symétriques dans son compartiment. Comme sur la Chiron, cette colonne vertébrale structure aussi l’habitacle, scindé en deux, chaque passager logé dans son propre compartiment, comme si deux cockpits avaient été boulonnés ensemble côte à côte. Comme à l’extérieur, sur Tourbillon cette délimitation perd sa forme arrondie pour se tendre de façon plus dynamique. Surtout, elle se poursuit de façon plus incisive dans la console centrale, plus affutée que la précédente.

Tu me fais tourner la tête

L’intérieur de Tourbillon est une des choses les plus incroyables que l’homme soit capable de fabriquer de nos jours2. C’est en même temps très classique, et jamais vu. Ici prend sens la relation à l’horlogerie. Le combiné d’instruments relève de cet art suisse de la très haute précision, de cette façon extrêmement sophistiquée d’offrir au regard des informations qu’on pourrait très bien diffuser de façon beaucoup, beaucoup plus simple. On est là dans le domaine de la beauté du geste. Evidemment, ça ne sert à rien, mais c’est le propre de la beauté justement, d’ajouter au monde ce qui n’a pas d’utilité pratique, de produire un effort sans que celui-ci soit nécessaire, ce qui en fait un acte libre, quelque chose qui se rapproche énormément des beaux arts en général, et de l’opéra en particulier car, ici, il s’agit de mettre en branle tous les sens, de façon synesthésique. Tout est conçu et fabriqué avec une sorte de volonté de réaliser l’impossible : le combiné qui réunit les compteurs est construit avec une minutie qui ne semble pas avoir d’équivalent. Voir, dans le même cadran, les aiguilles de vitesse et de compte-tours grimper conjointement alors que la cavalerie se lance sur la piste, c’est un pur plaisir. Assister à leur chorégraphie parallèle lorsque les rapports sont descendus un à un jusqu’à l’arrêt, c’est assister de nouveau à un ballet comme on en voit peu, à un spectacle réservé à quelques happy-fews que nous autres, simples mortels, sommes autorisés à regarder sur nos écrans. Comme si cette prouesse mécanique ne suffisait pas, le positionnement du combiné relève de la magie : serti au cœur du volant cet ensemble demeure parfaitement immobile tandis que le volant, lui, tourne autour. L’analogie avec le moyeu fixe des Citroën C4 n’ira, vraiment, pas plus loin : on ne joue pas exactement dans la même cour, et ici, on fait quelque chose de cette disposition. L’ensemble est féérique, ça tutoie l’impossible. Et de la même façon que dans la montre du même nom le mécanisme semble être suspendu dans le vide, ici, c’est l’horlogerie tout entière qui paraît flotter en apesanteur au beau milieu du cockpit. On pourrait, vraiment, passer des heures à examiner chaque commande, chaque interrupteur, pour constater à quel point chaque élément de cette voiture a fait l’objet d’un soin extrême afin que Tourbillon puisse prétendre n’avoir vraiment aucun équivalent.

Miles Davis

Détail absent, qui n’est pas une absence de détail : il n’y a pas d’écran. Autant Giorgia Meloni doit céder sur l’entrée des migrants en Italie, autant chez Bugatti, on parvient à maintenir des frontières autour de l’habitacle, empêchant l’entrée des écrans et leur installation sur la tableau de bord. Rien ne doit se trouver là, qui ne puisse sembler dépassé ou démodé dans 50 ans. L’objectif, c’est de défier le temps. Autant dire que la quasi totalité de la production actuelle est par avance obsolète. On aura l’air aussi malin dans deux ou trois décennies, avec nos écrans géants contemporains, qu’un propriétaire d’Avantime aujourd’hui avec son module Carminat, qui fait aujourd’hui penser à un Minitel embarqué. Aucun risque de ce genre avec Bugatti : cet intérieur pourrait avoir été conçu il y a un demi-siècle tout comme il pourrait être dessiné à la fin de celui-ci. C’est tout simplement intemporel, et c’est une façon de signer la supériorité du mécanique sur le numérique.

Il y a là une logique à l’oeuvre, puisque cette Bugatti est aussi un hommage rendu à l’art mécanique. Le rachat par Rimac aurait pu laisser quelques doutes sur l’orientation choisie par la marque alsacienne, mais le projet de Mate Rimac semble moins consister à électrifier Bugatti (même si Tourbillon est électrisée par des batteries et trois moteurs à électrons), qu’à s’adapter à la tendance qu’a le marché du luxe à se crisper un peu face à la perspective de ne plus avoir de moteurs thermiques à se mettre sous la dent. Il le déclarait au mois de mai : le sommet de la clientèle de voitures de luxe veut se démarquer. Dès lors, à mesure que l’électricité devient la norme, cette toute petite communauté très très fortunée se tourne de nouveau vers le moteur thermique, parce qu’il constitue désormais une forme d’exclusivité. Il a compris en somme qu’il en va des bagnoles comme des montres : l’analogique a d’autant plus de prestige que le grand public a, lui, au poignet, des smartphones ronds qui lui prennent le pouls et lui balancent une alerte quand il est sur le point de mourir. Pour le dire autrement, constatant que la Nevera ne se vend peut-être pas autant que prévu, Rimac fait en sorte de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Et c’est aussi ce que fait Tourbillon en hybridant son V16, préservant l’atmosphéricité du moteur thermique tout en boostant électriquement la puissance au niveau de la transmission, par un énorme effet turbo. La marque préserve la tradition, sans s’arcbouter contre les technologies contemporaines.

Ainsi, puisque tout est dans les détails, il y a en fait un écran dans l’habitacle de la nouvelle Bugatti. Mais il est petit, et il est planqué. Au sommet de la console centrale, si on a besoin de savoir où il est ce Bricorama et si on se sent pas trop de ventouser son smartphone sur le pare-brise, on peut commander son déploiement. Une petite trappe s’ouvre alors pour laisser s’exfiltrer des profondeurs de la planche de bord ce qui ressemble fort à un smartphone, réduisant à sa plus simple expression la présence numérique dans l’apparence de cet intérieur. Tout le reste est consacré au plaisir physique consistant à regarder des formes qu’on en finirait pas de contempler si on les avait vraiment sous les yeux, à toucher des matériaux qui transmettent à travers l’épiderme tout le travail qu’a exigé leur présence, là, sous cette forme précise, à écouter aussi comment ces équipement réagissent quand on les manipule. La console centrale, si on la détache du reste de l’habitacle, fait penser à un instrument de musique noble, un cuivre, et plus précisément, un saxophone. Et tous ceux qui ont déjà eu ce genre d’instrument entre les mains savent qu’avant même de souffler dedans, il y a un plaisir physique et mécanique à en faire actionner les clés, à observer comment sous les doigts on commande des dispositifs mécanique complexes, agissant parfois à l’autre bout du corps. Le son métallique, adouci par les tampons de feutre, est un plaisir musical avant même qu’une note soit jouée. C’est alors que peut venir le souffle, qui va ajouter une âme à cette machinerie. Il faut voir Tourbillon, aussi, comme un instrument à vent.

Et si tout ça n’était dans le fond qu’une histoire de cul

On a besoin d’un contrepoint dans cet article. Parce que la stratégie de Rimac semble bien être celle-ci : proposer quelque chose, mais aussi autre chose. C’est pourquoi Mate Rimac pense qu’il y a de la place sur Terre pour Tourbillon, qui cultive le sillon du luxe suprêmement performant (il résume ça par cette image : aller à l’Opéra et rouler à 400 km/h sur l’autoroute3), et un coupé Rimac purement électrique arrachant sa propre gomme comme un monstre s’autodévorant avec sa propre puissance, dans des drifts tout droit sortis de l’enfer. Quelque chose en Tourbillon relève aussi de ce paradoxe. Et c’est à l’arrière que ça se situe.

On ne l’avait pas forcément vu venir, et pour ma part c’est la partie de cet engin qui pourrait carrément m’obséder si j’en avais une, en vrai, sous les yeux, ou dans mon garage. Et en photo déjà je n’ai d’yeux que pour ça : l’invraisemblable cul de la bête. Ou plutôt, la façon dont elle remonte sa capeline pour révéler ses dessous. Parce que ce qui crève les yeux à l’arrière, c’est la façon dont les roues sont offertes au regard, comme si l’engin était entièrement construit en avant de son train postérieur. Tous ceux qui comparent Tourbillon à McLaren à cause du bandeau de feu qui traverse sa face arrière en une grande vague oublient ce point, bien plus important : Même la Mc Laren F1, dont le porte-à-faux postérieur était tout de même particulièrement réduit, carénait ses roues. Ici, la partie carrossée de la voiture remonte très haut sur les pneus, dévoilant le train roulant un peu comme l’échancrure de la caisse d’une Cheetah oubliait de planquer les roues, les exposant au regard d’une façon totalement provoquante, comme si l’attitude sexy de la bagnole s’exprimait soudain d’une façon sauvage, incontrôlée, presque bestiale. L’arrière de Tourbillon, c’est son côté Pamela Anderson période Mötley Crue. Un truc dont serait capable une marque comme Aston Martin, quand elle affirme son style de façon un peu débridée. Une manière de conjuguer le luxe avec quelque chose de nettement plus sulfureux, comme si la bête comptait pour de bon en découdre, réveiller le punk qui est en elle, en appeler à des forces supérieures propices à la sauvagerie, révélant un sérieux appetite for destruction, une soif du mal, une propension au massacre. Histoire de souligner ces mauvaises intentions, le diffuseur paraît directement issu d’un engin de pure compétition, comme si Bugatti souhaitait afficher une volonté irrépressible d’en découdre, délaissant l’ambiance feutrée des voituriers devant les grands hotels pour aller se frotter au bas peuple sur les parkings de supermarché, le vendredi soir, au-delà des horaires d’ouverture. Bad guy ou naughty girl4, le cul de Tourbillon nous fait tourner la tête, son manège à nous, c’est elle.

Twilight Zone

Tourbillon est peut-être ce qui se sera fait de mieux dans l’empire automobile. Le point culminant du genre, le climax de l’espèce. A regarder l’engin posé sur ses roues, on se dit qu’il va être difficile d’aller au-delà, qu’il est même possible que ça aille déjà un peu trop loin. On se situe dans la zone de gigantisme au cœur de laquelle les dimensions sont difficiles à apprécier. Les grecs avaient un nom pour ça : hybris. Et on peut traduire ça par démesure, ou excès. Tous les chiffres accompagnant Tourbillon donnent le vertige. Et c’est le but poursuivi à vrai dire. Perdre les repères, ne plus savoir où se trouve l’horizon, n’avoir plus aucun référentiel permettant de répertorier l’expérience, ni au moment de la lecture de la fiche technique, ni au moment de prendre place à bord.

Le cul de cet engin est-il une façon de tisser un lien, malgré tout, avec le peuple ? On l’avait dit, tout est politique. Et l’une des automobiles les plus chères du monde ne peut pas faire l’économie d’une réflexion sur sa participation aux enjeux politiques de son temps. On tient là l’un des objets fétiches d’une classe sociale montrée au monde comme un exemple absurde puisque, par définition, tout le monde ne peut pas le suivre. Même en faisant tous les efforts du monde, chacun ne possèdera pas Tourbillon. Du côté de la communication, tout le truc, c’est de marquer la distance tout en jouant la proximité. C’est pour cette raison que les marques de luxe aiment s’associer avec les footballeurs : ils servent de trait d’union illusoire entre les prolétaires et l’ultra-bourgeoisie. Ils permettent de faire passer pour sympathique une frange de la population qui est en réalité prédatrice. C’est presque magique. Parce que la marque se veut superlative, Bugatti vise plus haut. Au point qu’on puisse se demander parfois si la clientèle de ce genre de voiture valant plusieurs millions d’euros existe vraiment. Pourtant, elle existe. Mais est-elle humaine ? Tout dépend de ce qu’on appelle « humain ». Factuellement, les acheteurs appartiennent au genre humain, mais on ne peut pas dire qu’ils font partie du commun des mortels. Tout en faisant preuve d’un véritable séparatisme, ils ont néanmoins besoin de la coopération du genre humain auquel ils signalent d’une façon ou d’une autre qu’eux aussi en font partie, malgré tout.

Le cul de cette bagnole, c’est ce que fait la noblesse quand elle s’acoquine avec le bas peuple, quand elle partage ses jeux. C’est Prince Harry qui joue au rugby, c’est Chirac qui boit de la bière, c’est Macron au stade qui met en scène son enthousiasme de supporter de l’OM, Marion Cotillard qui porte une veste en jean et un pin’s « La Jeunesse emmerde le front national ». La surexposition des pneus de Tourbillon c’est son passeport pour la street credibility, la main tendue vers ceux qui ne pourront, pourtant, jamais la saisir.

Et ça marche, car ce postérieur témoigne d’une forme d’appartenance commune en s’appuyant sur des instincts partagés, des pulsions universelles. Celles de l’appel du vide, du vertige devant les profondeurs, la peur du noir, la fascination pour la Bête, pour le déferlement de la force brute. Il place le regard en prise directe avec la matérialité brutale de la voiture : sa liaison au sol, le point exact où sa puissance théorique devient réelle et transforme les chiffres en mouvement physique. Exposer ainsi ce qui sur la majeure partie des automobiles actuelles n’est visible que de profil, c’est revenir aux fondamentaux, à ce qu’est, de façon absolument basique, une bagnole. L’espace d’un porte-à-faux arrière, on revient à l’essentiel : un moteur, et des roues. On laisse tomber les qualificatifs superlatifs et à vrai dire, on ferme un peu sa gueule. On regarde, et on écoute. C’est là, à portée de main, mais c’est aussi tout à fait inaccessible. Selon la même logique, la mécanique est présente, exposée, mais elle est aussi trop intimidante pour qu’on ose s’en approcher. L’arrière de Tourbillon invite à plonger dans sa pénombre intérieure, mais on n’y mettrait certainement pas les doigts, de peur de se faire mordre.

Season Finale

Qui a envie de se trouver dans le sillage d’un Tourbillon ? Depuis quelques jours il y a un avis de turbulences à l’arrière de cette supercar, tant sur la route que sur le marché de l’automobile de très, très grand luxe. Il y a un petit côté impérial dans cette façon de plier l’enjeu, de s’affirmer à ce point au-dessus de la mêlée, comme si tout le reste n’était que figuration dans un univers gouverné par un seul Dieu. Si Zeus était une bagnole, il serait celle-ci plutôt qu’une autre. Athéna ferait de même, ainsi qu’Héphaïstos, Apollon et Dionysos à la fois. C’est dans le coeur immobile des cyclones que les éléments amassés par la masse d’air peuvent se retrouver et fusionner dans un même mouvement. Il y a dans cet épisode de l’histoire automobile quelque chose qui ressemble à une fin de saison. Tourbillon est un peu le manifeste de l’automobile telle quelle fût, l’horizon qu’elle a toujours poursuivi. C’est un peu la Fin de l’Histoire, ce moment où tout ce qui devait être accompli l’a été. Ce n’est pas la fin de tout, mais c’est la fin du mouvement, et pour une automobile, c’est un peu embêtant. Mais c’est le début de la contemplation. Et une telle oeuvre est peut-être faite, avant tout, pour ça : qu’on la regarde avec les yeux qui brillent, statiquement sur un stand où elle exposée ou, pour les plus chanceux, volant à moyeu fixe entre les mains.

Les meilleures choses ont-elles une fin ? Tourbillon répond à cette question, en la détournant : cette fois-ci, la meilleure chose est une fin.


  1. L’idée vous faire sourire ? Voici de quoi sourire un peu moins, ou un peu plus, c’est selon votre humeur : https://www.autojournal.fr/actu/insolites-actu/rouler-bugatti-faire-plein-propre-station-service-352714.html#:~:text=Mate%20Rimac%2C%20PDG%20de%20Bugatti,align%C3%A9e%20avec%20les%20objectifs%20%C3%A9cologiques. ↩︎
  2. La trahison de son propre parti par Eric Ciotti est un bel exploit aussi, bien sûr, tout comme l’art avec lequel la direction de l’écurie Alpine parvient à créer des binômes de pilotes parfaitement incompatibles, mais ça ne relève pas tout à fait du même genre d’artisanat. ↩︎
  3. Ce n’est pas bien, rappelons-le ! Et pensez à prendre vos pieds ou votre vélo pour les petits déplacement, tout ça tout ça. ↩︎
  4. Mais oui au fait : Le Tourbillon ? Ou la Tourbillon ? Il semblerait que Mate Rimac ait affirmé que Tourbillon est de sexe mâle. Mais on a préféré opter, dans l’écriture, pour la neutralité. ↩︎

6 Comments

  1. Oui bon. Puisque tu parles de Chirac ça m’en émeut une sans faire bouger l’autre! Tourbillon pourquoi pas, c’est sùr que sans savoir ça paraît un peu ridicule. Tornade serait mieux mais le mot n’est pas très beau et en français évoquerait trop la rigolade et les films populaires à cause de Pierre….Mais Chiron en français c’était pas beau du tout non plus. Faut connaître!

    Alors cette voiture m’a évoqué un concept très chouette de chez Ford des années 90, le Ghia Focus et son inspiration aquatique (qu’il n’a pas appliqué à sa Focus réelle quelques années plus tard). Le Ghia était très beau, le Tourbillon aussi , avec un peu ses airs de raie manta ou pastenague à l’arrière et d’une autre raie manta à l’avant (celle avec son énorme bouche qui ramasse tout). La cape de Batman ou les ailes de la raie…air ou eau chacun peut choisir. Et si on veut être critique, du coup cà fait aussi penser à une gueule qui se déforme en soufflerie ou quand on fait du sous l’eau !

    Bon pour être sérieux, tout ça ne me fascine pas du tout, contrairement aux poissons. C’était donc juste pour dire que j’aurais préféré que tu fasses un texte sur la véritable noblesse (ou une noblesse plus noble!) du design qui consiste à faire des véhicules modernes avec les contraintes de l’industrialisation de masse. Et justement, et c’est pour ça que je le souligne car on n’est pas d’accord cette fois ci, qui vient mettre par hasard coup sur coup 2 réussites pour moi que si j’ai bien saisi tu détestes (mais à propos desquels j’aurais aimé que tu fasses des textes): la nouvelle Panda (tellement plus sexy que la C3 sur la même base, de m^me que son intérieur), et le nouveau X3, monolithe hyper moderne (et intérieur magnifique à mon goùt), 2 propositions qui font avancer le schmilblik et non nous enivrer avec un parfum à 3 millions d’euros qui sent un peu la marée lol. Une Ferrari ou Lambo oui, une McLaren ou Lotus oui, une Bugatti pourquoi pas, mais comme ça , non! Et à l’intérieur, même si le saxo c’est bien vu, encore moins! Ces prouesses donnent le tournis et la virtuosité ne fait pas toujours et même plutôt empêche souvent la force artistique (en arts plastiques ou cinéma c’est globalement vrai, en musique c’est plus nuancé). Est ce l’esprit de Bugatti qui court sous ces carrosseries? Peut être, pour moi non. Comme pour Alpine, il fallait aller tout de suite à la modernité. Ca n’empêche pas le succès manifestement! Mais qu’est ce que ça m’ennuie…

    • Eh bien tu sais quoi ? Je suis assez d’accord. Sur le fond. J’applaudis aussi plus spontanément le travail de conception et de design quand il est contraint par des réalités budgétaires et quand le but est de proposer quelque chose de beau (dans la forme, dans l’idée ou dans l’expérience (j’espère que je n’oublie rien)) au plus grand nombre.

      Mais de temps en temps je me fais violence pour ne pas me faire violence et laisser parler en moi le fan un peu puéril et basique d’engins hors normes. Et ce Tourbillon entre pleinement dans cette catégorie.

      Dernièrement, la M5 nouvelle mouture me fait un peu le même effet : intellectuellement, je n’aime pas du tout, esthétiquement, si j’y réfléchis, je n’aime pas ça non plus et pourtant, si je laisse parler les pulsions, je l’adore.

      Quant à la Panda, je ne la déteste pas, mais il y a des choses dans cette façon de faire qui me chiffonnent un peu, une manière de faire un peu semblant qui me fait lui préférer sa cousine Citroën, qui ne la ramène pas du tout. Dès que le baccalauréat me laissera un peu tranquille, je développerai ça ! Le X3, hmmmm… je me méfie de BMW, parfois en vrai c’est mieux que ce qu’on croyait (quoique : j’ai croisé il y a deux jours un XM en vrai, et décidément ça ne va pas !). Mais j’en reparlerai peut-être aussi.

      De tout ça, et d’une 504, et d’une BX (l’arlésienne !)

  2. lol pour la BX, donc j’en suis à 2 dodos, euh non donc 2 sorties au lac du Salagou! Peu à peu on approche d’un an plus tard , ton projet de résolution murit lentement comme un crù d’exception j’espère! Heureusement que tu n’as pas eu que 3 semaines pour l’écrire et emporter les suffrages!
    Pour Bugatti, ma préférence va nettement à la Veyron, avant que cette capeline devienne le signe dominant. Bugatti c’est avant tout quoi? Le luxe au niveau d’exception, l’avant garde, l’aérodynamisme , le sport? En fonction du pourcentage d’ingrédients, la recette donne le résultat actuel depuis la Chiron. J’aurais préféré beaucoup plus de pourcentage d’avant garde! Et puis au fait le fer à cheval est quand même plus beau quand il a sa forme originelle.
    Panda Ok les clins d’yeux de leds sont peut être too much, mais en fait entre ça et la nouvelle identité Citroen que je trouve pas très réussie, un peu percutante, mais un peu compliquée aussi, je crois que je préfère la Fiat. Et puis c’est marrant mais c’est elle, dans ses formes, qui reprend étonnament le coté saillant de Oli et ça c’est dommage pour Citoren et son design cubi mou….
    Le design BM c’est quelque chose en effet. Des modèles un peu insipides de la génération précédente, on a décidé de travailler le métal dans la masse. Je n’aime pas le nouveau X1, mais je préfère ça à un X1 précédent anonyme. Et le nouveau X3 claque littéralement, je rigole mais c’est presque une sculpture contemporaine! Quant à la série 5, berline et break, ses défauts en font la berline la plus attirante du marché! C’est dit! Le XM ? Un Ovni , ça suffit à le rendre désirable, non? Scandale disais tu …si j’étais dans la cible je pense que j’aimerais avoir ça plutôt qu’un « beau » Cayenne , un moins beau Levante ou Bentayga, ou un Defender aussi réussi soit il et c’est vrai qu’il est beau. « Ca » ou un Q8 noir !

  3. bon, 3 « dodos » et failli 4 lol si j’étais allé au lac today!
    J’ai vu le gros titre en ouvrant et reconnaissant Idiot Fish…enfin! Je dégusterai ça, très curieux de lire cette « nouvelle » !

    • Ce qui est encore plus cool, c’est que ça m’a donné l’occasion d’échanger avec le réalisateur, et que je vais être attentif à son travail à l’avenir. Je pense même retravailler Idiot Fish de façon plus philosophique dès que j’aurai un peu de temps pour le faire. Je trouve que c’est un très beau film sur le désir.

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