Flash Forward

In 3008 MK3
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Totalement artisanal, ce blog ne reçoit aucune preview d’aucune marque avant la révélation officielle des nouveaux modèles. Ca met quelques petits coups de pression le jour J, quand on veut vraiment sortir quelque chose le jour même, mais ça préserve une certaine fraicheur dans le regard et, après tout, on aime bien se situer exactement là où se trouve l’observateur lambda.

Mais Peugeot change un peu les règles du jeu. Christophe Bonnaud, rédacteur en chef de LIGNES/auto et ancien chasseur de scoops, observait récemment à quel point le monde s’est un peu inversé : ce que les constructeurs cachaient jadis, ils font en sorte de le partager aujourd’hui, permettant au quidam de regarder avant l’heure des modèles qui seront officiellement présentés plus tard. Comme si on entrait dans de petites confidences, comme si on entrait dans l’antre du secret, comme si on faisait soudain partie des initiés, des vrais, les seuls qui « savent ».

Camocatch me if you can

L’opération #Camocatch, en incitant tout un chacun à traquer les modèles de pré-série encore camouflés pour les prendre en photos, les partager sur les réseaux sociaux et gagner ainsi des essais exclusifs, a carrément institutionnalisé ce principe de scoops officiels. Autant dire que les journalistes de métier peuvent déjà pester en voyant le commun des mortels leur griller la priorité. Mais le marketing a ses propres loins, qui ne correspondent pas toujours aux exigences professionnelles et ça fait un moment que des influenceurs parfaitement ineptes saturent l’espace physique des présentations, et la bande passante médiatique. Dans un monde où c’est en faisant n’importe quoi qu’on peut devenir quelqu’un (même si c’est, en fait, n’importe qui), les marques ont raison de livrer leur produit au premier venu. L’important, c’est la viralité, pas l’information. Et l’information, après tout, elle se trouve dans les dossiers

Ainsi, donc, après une petite présentation à la presse, les 3008 MK3 camouflés étaient lancés sur les routes à grands renforts de relais médiatiques et, donc, de réseaux sociaux. Depuis, on perd des dixièmes d’acuité visuelle à essayer de deviner les lignes du futur venu, en essayant de faire abstraction des motifs divers et variés qui font en sorte de nous dissimuler ce qui, sur une carrosserie contemporaine (c’est à dire une carrosserie tout de même un peu massive) est essentiel : les détails.

Car ce dont on dispose pour le moment, c’est d’une silhouette.

Guerre de positionnements

Et ce que cette silhouette nous dit, c’est ce qu’on savait déjà : le prochain 3008 aura un pavillon plus fuyant que l’actuelle, avec une lunette arrière entamant sa pente bien plus en avant que le précédent. La troisième génération misera donc moins sur le volume de chargement, puisque son habitacle décrira un volume moins cubique. La ligne y gagnera en dynamisme ce que le chargement perdra en capacité. Il restera, pour ceux qui veulent partir en road-trip à quatre avec le chien et les bagages, à miser sur le prochain 5008. Après tout, c’est une bonne façon d’orienter la clientèle vers un modèle plus cher, tout en plaçant le modèle plus petit assez haut sur l’échelle des prix : le prochain 3008, en entrant dans la catégorie des SUV coupés, gagnera sans doute en stature, en prestige, donc en exclusivité ; ce qui légitime une hausse des prix.

Le petit risque, c’est de perdre au passage des clients qui avaient pu s’offrir les deux premières générations de 3008, mais ne parviendront pas à franchir le gap avec le prochain. Pour exprimer le même risque en d’autres termes, on peut craindre que Peugeot fasse un peu ce que fit Alfa Romeo au moment de donner une succession à la populaire 156 : la 159 perdit déjà quelques clients en cours de route, qui ne pouvaient pas suivre la hausse des prix. Et la Giulia, en se voulant carrément exclusive, acheva de dégoûter la clientèle la plus modeste. Le 3008 suit un peu cette voie. Et c’est sans doute pour cette raison que la 408 existe : récupérer ceux qui ne pourront pas suivre cette ascension.

On est d’ailleurs curieux, et impatient, de voir l’une à côté de l’autre la 408 et le 3008, tant leur définition générale semble se recouvrir en partie. La confusion est entre autre nourrie par le caractère massif et très compact du 3008, qui s’oppose au côté très longiligne de la 408, qui allonge sa silhouette déjà plus longue de 20 cm que le modèle en dessous duquel elle est censée se tenir dans la gamme, entretenant dans l’esprit de la clientèle la moins avertie une forme de confusion. On verra avec le temps comment le consommateur lambda s’y retrouve, et si chaque modèle parvient à jouer sa partition sans empiéter sur le territoire de chasse de l’autre. Par avance, on peut dire que ce sont sans doute les intérieurs qui remettront les idées de la clientèle en place, mais on va y revenir.

Mass Effect

De la ligne générale, on peut dire qu’elle est d’autant plus massive que le covering chamarré gomme tous les détails, les plis, les sculptures qui permettraient précisément de l’alléger visuellement. Du coup, avec son porte-à-faux arrière très court et ses masses condensées entre ses trains roulants, l’arrière peut faire penser, toutes proportions gardées, à la brutalité postérieure du coupé Alfa-Romeo SZ dessiné par Zagato. On a pour le moment l’impression qu’on a purement et simplement tranché l’arrière, quite à opérer un clivage aussi radical dans l’appréciation de la clientèle.

Cette réminiscence est intéressante, car elle indique que Peugeot n’hésite pas à proposer un design assez radical, ne cherchant pas à plaire immédiatement. La lecture visuelle du concept Inception n’était pas évidente, et on pouvait penser en le regardant à l’Aston Martin Bulldog, qui savait elle aussi ménager ses effet en frustrant le spectateur dans ses attentes. Il y a peut-être quelque chose qui ressemble à cette démarche dans le nouveau 3008.

En réalité, l’aspect massif de cette façade arrière semble être tempéré par deux lignes obliques, s’élargissant vers le bas, qui vont rythmer un peu ce grand panneau, à la façon dont la face arrière du 2008 est structurée par des lignes identiques. Mais ici, ce léger relief marquera plus décisivement les volumes en sculptant la liaison entre le profil et l’arrière. On demeure curieux de voir le résultat, car ce postérieur sera décidément vide : la plaque d’immatriculation est logée dans le bouclier. Si on devait se faire une idée du résultat, on pourrait avoir en tête le panneau arrière du concept Inception, auquel il fallait tout d’abord s’habituer pour commencer à apprécier l’effet qu’il produit et le rôle qu’il joue dans l’esthétique générale de la voiture.

Si on regarde un peu attentivement la photo ci-dessous, on devine les obliques évoquées plus haut. On devine aussi que ce panneau arrière pourrait être un peu creusé, et que sa délimitation supérieure, qui se poursuit sous les optiques, décrit une courbe presque parallèle au petit déflecteur aérodynamique qui court en bas de la lunette. Il est possible que l’impression finale soit celle d’un arrière doublement structuré sur une superposition de deux discrets ducktails.

Cette géométrisation accrue semble avoir été appliquée aussi à la remontée de la ligne inférieure du vitrage, qui est une des signatures esthétiques du 3008 actuel. Moins souple désormais, elle fait penser au profil de la Citroën XM, et c’est un des points sur lesquels on est curieux de voir le résultat final : comment se fait la jonction entre la custode et la porte ? Sur le break 508, un très joli travail est effectué sur ce point, il est possible qu’ici les choses soient un peu plus simples, ce qui n’empêche pas d’espérer qu’elles soient néanmoins soignées.

Ce que le camouflage ne permet pas de discerner, c’est la façon dont sont traités les flancs de la voiture. Les modelés sont totalement effacés pas le camouflage, et c’est précisément sur ce genre de détails (qui sont loins d’être des détails en fait) que l’impression générale va se jouer. On peut s’attendre à ce que les panneaux soient moins structurés que ceux du 2008, qu’ils soient plus classiquement comparables à ce que propose la 308, mais il est possible aussi que quelques subtilités viennent distribuer les forces, diriger le regard, tisser des tensions qui donneront du muscle à ces surfaces. En particulier, on repère dans le bas de caisse noir une ligne qui remonte obliquement vers l’aile avant, dont on aimerait savoir si elle se poursuit où pas dans la tôlerie, comment elle fait, et jusqu’où.

Predator

En fait, pour avoir une idée de ce qui sépare ce que nous voyons aujourd’hui du résultat final, il suffit de regarder le bouclier avant tel que le camouflage nous le montre : il semble étonnamment dénué de relief. Pourtant, nous en connaissons déjà la forme finale puisqu’une photo en a été déjà dévoilée, et nous savons donc qu’il est au contraire assez profondément modelé. Il faut donc s’attendre à ce que le reste de la voiture propose quelque chose de plus nuancé et modelé que les surfaces très lisses que nous voyons maintenant.

Si on se fie un peu à cette photo de la pièce constituant la face avant, on peut deviner que celle-ci proposera une véritable double lecture de ce visage. Le bouclier dans son ensemble fait penser à un animal marin tout droit sorti de la préhistoire, il a quelque chose de bestialement inquiétant comme si un prédateur était lâché sur la route. On sait maintenant que cet ensemble sera surplombé par des éléments optiques très fins, qui procureront un regard pas vraiment adouci à cet avant. L’ensemble paraît d’ores et déjà assez spectaculairement intimidant. L’impression donnée par ce bouclier, c’est qu’il pourrait constituer le museau d’une voiture aux prétentions franchement sportives. C’est une expression dont on risque d’abuser un peu en commentant ces premières images, mais on est curieux de voir comment tout ça va s’articuler finalement.

Cette fois-ci en tout cas, comme nous y préparait la version restylée de la 508, les trois griffes latérales jouent pleinement leur rôle d’optiques apparentes, elles seront de jour le regard affirmé de la voiture. De nuit, celle-ci aura sans doute une autre physionomie.

L’autre point qui est clairement révélé par ces modèles de pré-série, ce sont les optiques arrière. Celles-ci adoptent un dessin qui, pour Peugeot, est assez nouveau. Et c’est une bonne chose : de modèle en modèle la marque ne se permet aucun copié-collé, et à chaque nouvelle révélation, on assiste à une variation sur le thème des griffes. Ici, celles-ci sont nettement découpées dans des blocs qui semblent émerger de la carrosserie. La 308 avait déjà mis en place ce thème, qui est interprété ici d’une façon nouvelle. En fait, le motif fait un peu penser aux optiques postérieures d’un concurrent du 3008 actuel : le Hyundai Tucson. Avec cette grande différence : le jour, les feux arrière du Tucson sont éteints. Nous sommes tous maintenant habitués à reconnaître la signature lumineuse postérieure du 3008 de jour, comme de nuit.

En haut du hayon, on retrouve un élément déjà présent sur la 408, ici dans une forme encore évoluée : un spoiler surplombe le vitrage permettant à l’air de s’écouler du toit vers la lunette, mais de chaque côté se trouvent des proéminences, qui dessinent de profil la continuité de la finition entourant le vitrage. C’est sans doute un des motifs identitaires les plus marquants du 3008 vu de profil qui est repris, et c’est sans doute dans cette articulation de haut de pavillon que la filiation entre les deux générations se fera le plus clairement. Sur la 408, je reste un peu dubitatif face à ces oreilles de chat un peu Kawai. Ici, si on en voit la nécessité visuelle de profil, on demande à voir ce que ça va donner sous d’autres angles.

Tout le monde a observé la façon dont le prochain 3008 partage une attitude générale qu’on avait déjà observée, dès 2014, sur le concept Quartz. Bien sûr, on aurait volontiers fantasmé sur un déflecteur de toit semblable à ce que proposait ce show-car mais l’évidence, si on veut bien être honnête, c’est qu’il aurait été un poil too much sur une automobile censée incarner un minimum de standing. Encore un point, donc, qui vaudra la peine d’être observé dans la vraie vie pour savoir enfin quel effet il fait.

Architecture d’intérieur

Reste l’intérieur, dont on sait l’essentiel. Depuis le tout premier 3008, Peugeot mise énormément sur l’ambiance intérieure pour déclencher l’acte d’achat. Sur ce MK1, le cockpit pouvait susciter un vrai coup de cœur, alors que l’extérieur paraissait un peu mollasson. Quand on ouvrait la porte, ça donnait l’impression que sous ses vêtements de bolosse, Monsieur Patate cachait des abdos sculptés comme des tablettes de chocolat et des biscotos bien nourris aux protéines. Ouvrir la porte du premier 3008, c’était un peu comme regarder la saison 2 de Heartstopper et découvrir tout à coup que Nick, quand il sort de la douche torse-poil, n’est plus DU TOUT ce gros poupon un peu empoté dont on suit un peu péniblement les atermoiements identitaires depuis trois épisodes, au point qu’on se demande pendant toute la scène d’où il sort cette masse musculaire insoupçonnée qui lui donne soudain un air bien plus sérieux et un petit goût de désirable auquel on ne s’attendait vraiment pas. Voila, le 3008 MK1 c’était exactement ça. La seconde génération parvenait à mettre en phase son intérieur encore plus ambitieux et son allure extérieure volontaire, fière, un peu « preux chevalier » en armure ajustée. Le 3008 troisième du nom semble, lui, proposer un nouveau contraste. Extérieurement, il donne vraiment l’impression d’une carrosserie près du corps, comme si un bucheron portait un jean slim et un pull très, très ajusté. Et quand on ouvre la porte, on découvre au contraire un intérieur qui joue les grands espaces, avec une superposition de plans très aérés, une commande de frein « à main » qui semble installée sur une rampe d’accès spécifiquement réservée au conducteur, une planche de bord qui ménage un vaste espace devant le passager, repoussant loin vers le pare-brise le combiné d’instruments, toujours positionné au-dessus de la jante du volant (aucun client Peugeot ne voudrait revenir en arrière sur ce point), une architecture qui semble tellement vaste qu’on en vient à se dire que ça ne sert plus à rien que l’écran central soit tactile s’il faut des bras de deux mètres de long pour l’atteindre.

A la masse des choses déjà écrites à propos de ce tableau de bord, on pourrait ajouter celle-ci, qui ravira tous ceux qui pensent qu’un complot est à l’oeuvre au sein de Stellantis, permettant à Peugeot de piller littéralement le patrimoine de Citroën : Une des particularités de l’intérieur du 3008 consiste dans le fait qu’il installe le conducteur devant un ensemble noir brillant superposé au revêtement tissu de la planche de bord. Sur cette platine noire, il va trouver les commandes tactiles de l’écran, mais aussi les buses d’aération dessinées tout en longueur, le démarreur et la commande de boite auto. Sur quelle autre voiture a-t-on fait exactement le même choix dès 2013 ? Le C4 Picasso II, tout simplement.

Bien sûr, en termes de finition et d’architecture la comparaison s’arrête là. On le constate sur les photos disponibles, le 3008 propulse l’intérieur typé Peugeot dans une autre dimension, et même si l’écran qui flotte au-dessus de cet ensemble est de dimensions tout de même spectaculaire (mais quelle voiture aujourd’hui ne propose pas ce genre de chose ?), il ne parvient pas à voler la vedette à l’agencement général de cet intérieur, particulièrement sculpté, et procurant aux occupants un espace qu’on ne soupçonne pas depuis l’extérieur.

Là encore, les photos en plan large aplatissent un peu ce qui, dans la vraie vie, est beaucoup plus sculpté. Comme souvent, une vue un peu décalée permet de mieux se rendre compte des strates selon lesquelles cet habitacle est conçu, et de la façon dont les surfaces sont assez subtilement modelées.

Evidemment, ces considérations esthétiques ne préjugent en rien du caractère pratique, ou pas, de cet intérieur. On peut se demander par exemple à quelles fonctions peut vraiment accéder le passager : peut-il lui-même agir sur le volume sonore sans se contorsionner ? Le GPS est-il à portée de main gauche ? Ou bien la voiture recourt-elle massivement à des commandes vocales ? C’est ce qu’il faudra expérimenter, à l’usage. Mais ce qu’on voit intérieurement de ce prochaine 3008 donne presque envie de sacrifier quelques aspects pratiques juste pour le plaisir de se poser dans cet environnement qui semble conjuguer la force et l’apaisement.

Bande annonce

Ce à quoi invite Peugeot dans cette opération, c’est un exercice qui se situe à mi-chemin de l’enquête à la Sherlock Holmes et de la divination. Bien sûr pour le moment c’est un peu festival de la photo floue, mal cadrée, ou saisie avec des focales particulièrement déformantes. Il n’est pas exclu qu’on entretienne tout à fait volontairement une forme d’inquiétude histoire de mieux nous rassurer lors de la révélation. Car des inquiétudes, il en demeure : la face avant n’en fait-elle pas un peu trop ? Les proportions seront-elles digestes ? Le nouveau 3008 ne va-t-il pas trahir la définition originelle de ce modèle ? Il est probable qu’extérieurement, cette voiture nécessite un temps d’adaptation. Mais Peugeot a carrément théorisé cela : un nouveau modèle ne peut pas se contenter d’être immédiatement plaisant, il doit proposer quelque chose à quoi on n’est pas encore prêt.

Les voitures camouflés se promenant en liberté sont là pour parasiter un peu la communication de Renault autour du Rafale, histoire de dire que là où le losange en est encore à proposer un 3008 de seconde génération, le lion passe déjà à autre chose, mais aussi pour que, précisément, on soit un peu préparé à cet « autre chose ». Agissant comme une bande annonce, cette phase durant laquelle le 3008 se dévoile tout en demeurant voilé suscite sa petite dose de fantasmes. Sur ce plan l’opération est réussie et cet article participe, dans sa petite mesure, au phénomène : on enquête, on suppute, on tire des plans sur la comète, on scrute les détails afin de mieux discerner ce que, dans les coulisses, Peugeot nous prépare. Sans doute se trompe-t-on sur certaines prédictions, sans doute est-on suffisamment clairvoyant aussi pour que, le jour J, on puisse lancer des « Je l’avais bien dit ! »

Mine de rien, ce jeu de piste excite en nous l’attente. Une histoire s’écrit déjà entre nous et le 3008 MK3, avant même qu’on le connaisse. Dans la mesure où la succession des générations d’automobiles peut se lire comme un récit développé bien plus longtemps que ne le font les plus durables des séries télévisées, on peut considérer que cette période de teasing remplit parfaitement son rôle : elle nous aide à passer d’une saison à une autre, elle clôt un arc narratif en plaçant les indices de celui qui va suivre.

Elle nous aide à, doucement, tourner la page.

10 Comments

  1. Un certain nombre de gens ont croisé le 3008 dans son emballage, et alimenté le buzz je ne sais pas comment, (Facebook ou Tiktok peut être ?), les autres ne savent pas et s’en fichent un peu, et ceux qui lisent la presse Auto savent à quoi s’en tenir depuis la une d’Aout de l’Automobile Magazine.
    René Demarets est un dessinateur très sympa qui donne pas mal d’intérêt à Auto Plus, par ses sketchs commentés suivis de la version réaliste qu’il en extrapole pour tel modèle. Mais ses rendus sont volontairement personnels, même argumentés. On s’approche du modèle futur, mais ce n’est pas lui.
    Passons sur tous les dessins plus ou moins fantaisistes et affreux des autres magazines avant qu’on s’approche très près du lancement. Mais il y avait une tradition assez ancienne à l’Auto Journal, de loin en loin, à avoir les photos définitives du modèle, et de ne garder le secret, de polichinelle en fait, qu’en en proposant une version redessinée, mais parfaitement exacte.
    Là, depuis Aout, c’est l’AM qui a eu la primeur des photos, pour peu que le journal fasse semblant d’avoir dessiné une dernière proposition avant la révélation. Les 2 vues rouges sont le 3008, il n’y a donc plus de secret sur ses plis de carrosserie, la petite marche latérale sous les vitres et la ligne oblique qui part de la protection inférieure vers l’avant et revient en forme de ligne droite centrale. L’arche latérale contrastée se terminant par ce béquet ajouré va alléger la masse du bestiau, et la cellule centrale va apparaitre comme une bulle foncée presque sans interruption sur tout le véhicule.
    Maintenant c’est marrant comme on voit différemment cette face avant, tellement personnellement, je ne la vois pas du tout spectaculaire (éventuellement archaîque au sens d’un poisson vivant dans les ténèbres, mais ce sont les 6 moustaches branchies qui font cet effet non? on serait loin du lion lol). L’idée de la version actuelle a le mérite de la clarté, les phares posés en écrin comme des diamants sur une surface de velours, et avec les 2 dents c’est sobre quoique chic. Sur le nouveau, je ne vois qu’un empilement subtil car il est pas mal quand même, et je m’y ferai, mais étriqué, puisque cette calandre toute plate a été amincie pour donner cette structure en double étage. Et donc étroite, en lutte avec la barre sombre entre les phares. Sans cette barre, on serait dans un schéma similaire au Sportage précédent, une calandre commençant nettement sous la ligne des phares. Alors c’est en volume d’une certaine façon puisque ces 2 éléments ne sont pas sur le même plan horizontal, mais du coup, pour ne pas rendre plus compliqué cet ensemble, la calandre est plate et mosaïque. Alors qu’actuellement cet ensemble foncé ou noir donne la sensation d’être en léger creux et séduisante de ce fait en la faisant miroiter sous la lumière.
    A l’arrière le volet sera donc agrémenté de ces 2 lignes obliques, donc aussi cette ligne courbe sous les feux, mais aussi le panneau creusé ainsi qu’une barre inférieure en relief. Tout ça plus les inscriptions qui manquent vont animer cette grande surface. Reste le promontoire supérieur qui sous certains angles risque d’apparaitre bien abrupt. Il a été adouci sur les bords latéraux mais bon ça sera un peu sec.
    Bref, à moins d’une erreur de ma part ou volonté de l’AM de ne pas exactement tout montrer, ce qui m’étonnerait au vu de dit précédemment (la Mégane 4 était parfaitement exacte en 2016 par ex) , de la bonne concordance des vues avant arrière, ainsi qu’avec les photos même camouflées, on connaît le 3008.
    Rien à dire sur l’intérieur qui est chef d’oeuvre. C’est marrant à dire mais l’actuel ne m’a jamais attiré quoique très réussi. Ainsi que le véhicule global qui malgré quelques subtilités au niveau latéral, ne m’a jamais convaincu, contrairement à beaucoup mais alors beaucoup de gens ! Dont un certain créateur d’un blog automobile….

    • Je suis fan aussi du travail de Demarets, depuis gamin. Je regrette même un peu son crayonné de l’époque. Il a toujours su faire des propositions personnelles qui sont en phase avec le style des marques sur lesquelles il travaillait. Son rendu numérique, aujourd’hui, est très juste, même s’il est peut être un peu moins « vivant », on sent moins le geste de sa main, que j’appréciais.

      Le grand intérêt de ses propositions sur le 3008, c’est qu’elles ont de la matière, une présence, que les rendus très « plats » de l’AM ne rendent pas du tout. Sans doute, en termes d’informations, ce qu’a montré l’AM est juste, mais il y manque tout ce qui fait que la voiture a une présence. Il y a donc du vrai dans ces dessins, mais ça me semble manquer de justesse. Le 3008 y paraît un peu fragile et mièvre alors que j’ai l’impression qu’il est conçu pour être l’expression automobile d’une certaine force.

      Et il me semble que, par exemple la façade avant va être plus cintrée que ce que montre ce rendu.

      Mais peut-être que je place trop d’espoirs, et que la réalité va me remettre les idées en place !

  2. Ca fait bien longtemps que les médias, traditionnels ou numeriques, sont mis dans la confidence bien en amont de la révélation finale. Magazines ou youtubeurs sont conviés a l’avance pour faire les plus belles images (toutes identiques), affichées a la minute suivant la fin de l’embargo, avec toutes les infos techniques, esthétiques et économiques.
    On a eu un joli exemple avec cette séquence publiée au moment de la presentation de la 408 par certains youtubeurs, montrant la chaine de montage de la nouvelle Peugeot, et tournée 4 mois avant le lancement : https://youtu.be/bUnPTaZOHOk?si=nUaP15brZF1v-utd

    • Le règne des influenceurs rend la communication un peu étrange, puisqu’il faut bien que celle-ci s’adapte à des récepteurs tout de même pas très très réellement passionnés par l’automobile, et souvent juste attiré par l’appât d’objets chers, donc valorisants, donc pourvoyeurs de followers, qui justifient qu’on les utilise comme canaux de communication, etc. etc…
      J’avoue ne pas prendre le temps d’observer ce que produit ce petit monde, parce que c’est un temps dont je ne dispose pas, mais aussi parce que je vois bien qu’il n’y a dans cet univers aucun véritable échange, aucun partage : tout n’y est que concurrence.
      Du coup, je préfère demeurer dans une certaine forme d’artisanat. Ca a quelques conséquences (entre autres, le fait d’héberger le blog à la maison fait que lorsque la connexion plante, ou que les disques durs foirent, le blog n’est plus disponible), mais c’est le prix à payer pour que ce soit indépendant, et sans aucune publicité dans les marges de la page.
      On verra combien de temps on peut tenir comme ça ! 🙂

  3. Bien sûr mais là il s’agit d’autre chose. Une sorte de contournement de l’embargo négocié par un magazine.

    • Je place cette information là, au cas où un département communication d’une marque lirait ça en passant : si je disposais d’informations sous embargo, je respecterais scrupuleusement les termes de celui-ci ! Ca m’éviterait juste, en une seule journée, de produire de boulot d’analyse, de réflexion et de rédaction que d’autres sites pondent en plusieurs semaines.

      Je dis ça comme ça.

      Au cas où…

      • je répondais à Xavier au dessus. Ton post s’est intercalé… Sinon il pourrait y avoir une confusion……..

  4. je sais pas si tu vas faire une nouvel article, j’imagine que oui?
    Je reste dubitatif devant ce véhicule….pour le Scénic un peu aussi à cause de son côté très statique malgré la vitre qui fuit en pointe…..Là si j’aime beaucoup le 3/4 arrière, et bien sùr l’idée du fastback, du développé latéral sobre et beau ainsi que certains détails, je reste sur ma faim. Un peu comme pour le dernier Sportage, cette sorte de déstructuration de la face avant est originale mais pour moi sans objet et la marque d’une absence. On n’a pas trop su comment faire cette nouvelle face avant, on a voulu être dans la continuité des véhicules précédents ou restylés tout en proposant autre chose, donc cet étagement avec changement de plan horizontal (les phares sont plus enfoncés, ou la calandre fait groin), et pour moi ça ne marche pas trop. Ce n’est pas du tout l’idée de spectacle ou d’agressivité qui me vient encore, mais de fadeur et de platitude (c’est paradoxal puisque ce n’est pas plat, même si cette calandre l’est globalement). Cintrage il y a certainement, à l’avant comme à l’arrière, mais très léger on le voit bien sur les vidéos, l’effet est malgré tout abrupt, avec même cette notion de « coupe franche » (appliquée à la carrosserie!) en vue de 3/4 avant, l’arrière semblant coupé sévèrement.
    Pour moi ce gimmick de la mosaîque n’a pas grand chose à faire en automobile, en tout cas sur ces longues surfaces….l’idée venant peut être de G Vidal, il en a fait quelque chose de bien plus beau sur le Rafale (moirage), et d’original sur le Scénic (techno chic). Là, ce n’est que du remplissage, entre les griffes un peu timides à mon sens… Faut voir tout ça bien éclairé, avec ses petits yeux, elle aura peut être l’air méchant!
    Bon ce 3008 est globalement bien plus culotté que l’Austral c’est certain, qui a pour lui d’être un nounours moderne très rassurant…J’attends maintenant le restylage qui montrera forcément un avant goût du Vizor à la Peugeot ou je ne m’y connais pas lol.

    • Je te suis tout à fait sur ton analyse.

      J’ai l’impression qu’en fait ces nouveaux modèles, Renault et Peugeot, vont nous en dire un peu plus long sur le point où en est la clientèle, sur les désirs qui sont les siens.

      Mais peut-être s’agit-il d’une catégorie de véhicule qui ne va plus correspondre aux réalités du marché, tant dans l’usage que dans le budget que les gens peuvent consacrer à l’automobile. Il est possible qu’on assiste à une sorte de fin de règne. En fait, en regardant le nouveau 3008, j’ai l’impression qu’on atteint une sorte de seuil au-delà duquel il est difficile d’aller. Ou alors, la suite sera à l’américaine : plus gros, plus spectaculaire, un peu comme le Chevrolet Blazer EV, que je trouve assez réussi dans son genre finalement.

  5. Je ne l’avais pas encore vu ce Blazer est carrément magnifique avec sa ligne sinueuse qui allège sa masse. Comme quoi avec des recettes stylistiques assez simples on peut arriver à un résultat superbe. Peugeot donne un peu la sensation d’avoir les chevilles qui enflent et de s’être finalement un peu perdu dans une complication ou s’être emmêlé les pinceaux ( ou s’être pris les pieds dans le tapis de sol!). Il y a quand même cet effet démonstratif dans ce design aux facettes et organisation de volumes, avec l’idée qu’on va frapper un grand coup ! C’est même assez étonnant vu la personnalité très agréable et sans prétention de M. Hossann….(mais tout cela provient en fait de Vidal)
    Bon l’idée assez intéressante, ça soit que finalement tout cela soit le symptôme d’une fin de race, donc sans le savoir comme un feu d’artifice avant l’extinction de cette catégorie de véhicules, en Europe, avec l’accélération des normes environnementales. Ce serait la fin des SUV, et ce 3008 une sorte de baroud d’honneur, au moins chez les généralistes? Les privilégiés continuant moyennant très fortes sommes à s’en acheter, tous les autres devant renoncer au profit de véhicules obligatoirement plus bas, plus légers et moins chers.
    Les constructeurs ont encore pour quelque temps de la chance, avec la LOA, tous les retraités se font plumer sans discuter avec la sensation de loyers acceptables, se payant des voitures qu’ils fuiraient s’il fallait les acheter à l’ancienne. Et qu’ils renouvellent tous les 3 ans! Sans cela l’industrie auto serait déjà ou chancelante ou sur de nouveaux rails, alors qu’elle se porte à merveille de ce simple fait. Ce systême permet les investissements futurs mais n’a fait que masquer le réel et retarder les changements de direction.
    Mais tout cela ne se fera peut être qu’après une prochaine génération , le 3008 4 …Alors qu’on observera probablement les américains encore en train de se payer des F150 !
    Il faudra attendre qu’on puisse se baigner à Noël dans une mer à 25 degrés, quoique ayant monté de 30 cm et qu’il n’y ait plus de plages, pour que les gens acceptent d’avoir, avec la douceur toute l’année, l’extrême chaleur et les cyclones parfois, des petites voitures simples qui ne serviront plus à partir en vacances, en été du moins tellement il fera trop chaud partout!

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