Citroën fait sans doute partie des marques dont le design fait le plus débat, les propositions contemporaines de la marque devant se heurter, avec une régularité digne des grands cycles de la nature, aux vagues déferlantes de la propre histoire du constructeur chevronné, au risque de s’étouffer elle-même sous son propre poids. La polémique n’attend même pas la révélation de nouveaux modèles ou concepts : c’est parfois l’actualité de la concurrence qui met une nouvelle pièce dans le jukebox de la discorde. Ainsi, les premières images de la Fiat Topolino, fondée sur la structure de l’AMI, ont suscité énormément de commentaires sur le thème « mais pourquoi chez Citroën n’a-t-on pas profité de cette plateforme minimaliste pour sortir une deuche 2.0 ? ». La petite Fiat, en mode Italian Job, est si mignonne, et elle rappelle tellement de bons souvenirs transalpins à tous ceux qui connaissent l’Italie à travers ses plats et ses bagnoles, elle a tellement de charme qu’elle donne envie d’écouter post-mortem l’intégrale de Claude Barzotti et d’enquiller outre tombe sur les oeuvres complètes de Toto Cutugno. Et au fait, le dernier check-up d’Eros Ramazzotti, il date de quand ?
Parfois, la provenance de l’attaque est plus inattendue : qu’un modèle Toyota fasse penser à une Citroën d’antan, ça ne tombe pas immédiatement sous le sens. Pourtant, parmi les designers dont je suis un peu l’activité sur les réseaux sociaux, je tombe sur un post de Vincent Barbereau, (dont j’apprécie par ailleurs le travail graphique), qui en une phrase inscrit dans mes neurones une ressemblance que je n’avais pas du tout discernée jusque là, entre la Yaris Cross et l’Ami 8, au point que depuis je ne puis croiser l’une sans penser à l’autre.
Du constat au regret il n’y a qu’un pas : pourquoi ce minois n’est-il pas celui d’une C3 Aircross, plutôt que celui d’une Toyota concurrente ? N’y aurait-il pas eu, là, l’occasion d’entretenir la mémoire de la marque, et de rendre hommage à son histoire ?
Le problème, c’est que la gamme d’un constructeur contemporain n’a pas vocation à devenir un musée. Si le latin est une langue morte, c’est parce que sa forme en est définitivement figée par la glaciation temporelle : on en contemple les textes de loin, comme des reliques qui disent quelque chose du monde auquel elles ont appartenu, mais ces vestiges sont incapables de parler du temps présent, dont ils ne peuvent rien désigner en l’absence de mots adéquats. Le risque qu’il y aurait, pour Citroën, à produire des modèles nostalgiques, c’est qu’ils ne parlent plus aux automobilistes du 21e siècle. Les fans du Citroën canal historique se manifestent fortement, mais ça ne signifie pas qu’ils soient suffisamment nombreux pour constituer, à eux seuls, une clientèle capable de faire survivre la marque.
A quoi reconnaît-on qu’une forme est en vie ? Au fait qu’elle est en mouvement, et que ce mouvement n’est pas purement mécanique. A quoi reconnaît-on qu’une forme est mécanique ? Au fait qu’elle se reproduit, identique à elle-même, cycliquement. La vie, elle, fourmille de micro-modifications, de mutations reconfigurant progressivement les constructions génétiques pour que ce langage prononce sans cesse de nouveaux énoncés, construits sur la base des formes produites depuis l’apparition de la vie, sans pour autant leur être semblables. La mort, elle, est l’arrêt pur et simple de ce mouvement.
La Fiat Topolino a la beauté des visages de cire des poupées d’antan. C’est une AMI sur la face de laquelle on a posé le masque mortuaire de l’antique Fiat 500, comme pour admettre qu’en réalité l’actuelle 500 n’en est pas la digne héritière, avec son moteur placé du mauvais côté. Simulacre de son antique ancêtre dont elle est l’écho un peu inutile : après tout, mieux vaudrait restaurer correctement des 500 d’époque, comme Mission Impossible Dead Reckoning part 1 le fait intelligemment sous la forme d’une caisse d’époque sévèrement électrisée. Puisque Fiat l’a déjà fait, pourquoi le refaire ? Pourquoi ne pas faire autre chose ? La réponse est simple : parce que ça fait un moment que chez Fiat on ne sait plus trop quoi faire de Fiat. Comme un chanteur submergé par le soudain succès d’une de ses chansons, la marque se trouve un peu prostrée, contrainte à reprendre sur scène, en boucle et pour l’éternité, ce seul titre que lui réclame le public, de peur de le décevoir en lui proposant autre chose.
Citroën fonctionne autrement : d’abord, il faut admettre que c’est du côté des chevrons qu’on a pris le risque de concevoir et produire cette micro-voiture. Et il faut reconnaître aussi qu’elle l’a été en fonction d’un cahier des charges au sein duquel la modestie économique était centrale. A priori, le coût d’une Topolino sera bien plus élevé que celui de l’AMI, ce qui en fait un projet d’un tout autre ordre. Mais, plus profondément, l’AMI est une forme radicalement nouvelle, sur laquelle on peut retrouver quelques signes évoquant, de loin et sous forme réactualisée, des formes développées jadis chez Citroën. Les phares génériques, ou l’ouverture du vitrage latéral par exemple. Ce qui est intéressant là aussi, c’est que ces formes ne sont pas là en simple témoignage du passé, leur présence est en réalité dûe au simple fait que ces éléments sont encore pertinents, tant pour des considérations économiques que pour des raisons d’efficience.
Sans doute faut-il se mettre cette idée dans la tête une fois pour toutes : Citroën ne réédite pas ses anciens modèles, quand bien même Fiat, mais aussi Renault pour ne citer que ces marques ci, s’adonnent à ce genre d’exercice. Pour autant, les chevrons travaillent leur propre passé, et continuent de cultiver leur propre patrimoine stylistique, patiemment, et parfois discrètement. On a déjà évoqué le travail constant produit par la marque sur les custodes de ses modèles. Mais on peut trouver des signes plus subtils dans des formes récentes, qui font écho à des détails observés il y a fort fort longtemps sur de vénérables ancêtres dont on aurait pu penser que leur style extrêmement minimaliste et leurs formes terriblement géométriques demeureraient lettre morte, sans suite ni succession.
Ces dernier jours, au Caravan Salon de Düsseldorf, Citroën présentait une déclinaison « loisirs » de son Jumpy, recarrossé pour l’occasion par les ateliers italiens Caselani. Cela fait maintenant plusieurs années que ceux-ci proposent de transformer, via un kit carrosserie, les Jumper en lointains descendants du type H, dans une démarche retro design qui convient très bien à des véhicules professionnels, puisque leur aspect « tout droit venu du passé » permet de ne pas passer inaperçu, et d’engendrer immédiatement de la sympathie. C’est tout bonus pour les artisans qui ont investi la grosse dizaine de milliers d’euros que coûte cette modification purement esthétique.
Depuis, le van Jumpy et le Berlingo sont passés à la moulinette de ce traitement, ressuscitant la 2cv fourgonnette ainsi que les versions courtes et basses du type H. Dans le cas du Jumpy, sa déclinaison italienne s’appelle HG, en hommage à un modèle de fourgon plus réduit que le H, que Citroën n’avait finalement jamais industrialisé. A strictement parler, ce retro-tuning est exactement l’inverse de la démarche de Citroën. Mais du coup, c’est extrêmement malin de laisser un carrossier se charger de cette transformation : ça permet de contenter les nostalgiques, tout en gardant une forme de droiture officielle. Et il faut bien admettre que le Jumpy, ainsi proposé à la sauce « HG », a une bonne grosse dose de charme, et on peut s’attendre à ce qu’il fasse son petit effet sur les aires de CC et dans les campings, à son arrivée.
Mais le design Citroën ne peut pas se permettre de suivre cette voie ci, parce que la marque deviendrait alors la caricature d’elle-même, une entreprise répétant en boucle le même propos, alors même que ses pages les plus glorieuses, Citroën les a connues quand elle concevait des formes absolument nouvelles, créées de toutes pièces sans chercher à se référer à quoi que ce soit de pré-existant.
Comment, dès lors, la marque aurait-elle pu accueillir les gènes si particulier du type H dans des modèles du présent ? J’ai une hypothèse. Et à vrai dire je pense qu’elle l’a déjà fait. On entre là dans le domaine de l’interprétation. Donc ce n’est ni vrai, ni faux. Une interprétation cherche à être juste, plutôt que vraie. Voici :
La C4 Cactus a constitué pour Citroën une sorte de manifeste dans lequel la marque exprimait plutôt clairement sa volonté de proposer des voitures allant à l’essentiel, débarrassées du superflu sans pour autant être esthétiquement bâclées. Au contraire, il s’agissait même d’inscrire esthétiquement cette volonté en proposant un design fort, reconnaissable, presque clivant, avec des choix visuels forts, tels que les airbumps ou le vitrage arrière entrebaillant afin de préserver une certaine pureté dans le dessin des surfaces vitrées. Etonnamment, la Cactus évoquait des voitures « d’avant », sans pour autant paraître « rétro ». Du passé, elle avait gardé un arrière qui pouvait évoquer, un peu, la Simca 1100, ou la 205. Elle avait aussi eu la bonne idée d’en conserver la position un peu haute sur ses roues, et la légèreté. Mais c’est à l’avant qu’on peut trouver un clin d’œil aux ancêtres minimalistes de la marque, sous une forme vraiment originale.
On n’a pas forcément ce détail en tête quand on se le remémore, mais le Type H est un peu plus « dessiné » que ce que son allure rustre laisse a priori supposer. Et si on observe sa face avant, on constate que les panneaux qui forment les angles latéraux de la calandre, sur lesquels sont fixés les fameuses optiques rondes, sont en réalité rythmés par trois éléments visuels : en bas, les clignotants, aussi simples que les phares, puis sur l’ensemble de la surface, les reliefs façon « tôle ondulée », qui constituent le motif génial décliné sur toute la carrosserie, donnant à ce fourgon une bonne part de son identité, enfin, tout en haut, deux ouvertures juxtaposées, qui forment comme un sourcil au-dessus du regard.
Superposons maintenant le type H et la C4 Cactus :
Aucune copies à l’identique, aucune nostalgie dans le dessin de la Cactus, mais l’écho radar d’une forme fantôme, qui indique que l’essentiel, c’est à dire l’esprit, est toujours là, sous une forme totalement abstraite puisque la fonction elle-même a muté, passant de l’aération à la signalisation lumineuse. Il n’est même pas certain que la référence soit consciente. Mais il semble impossible que ceux dont c’est le métier ne l’aient pas vue, car une fois qu’on l’a saisie, elle s’incruste durablement dans le regard, au point de ne plus le quitter, comme une image rémanente sur la rétine.
Cet élément qui surligne le regard est, du coup, présent sur le kit transformant le fourgon Jumpy en Type H 2.0. Pour un peu, on le croirait destiné à accueillir l’éclairage diurne, et il semble quasi impossible que l’idée n’ait pas été prononcée à un moment ou à un autre. Mais il semble sain que, justement, cette transformation demeure artisanale, et qu’elle n’intègre pas le vocabulaire stylistique contemporain de la marque. Idem sur la face avant du Jumpy recarrossé par Caselani : plus discrète, car la place manque un peu sur ce format plus petit, mais les encoches sont bel et bien là, quand bien même elles n’ont aucun rôle fonctionnel.
C’est ainsi que chez Citroën les formes vivent : les designers, en les réinvestissant discrètement de loin en loin sur l’ensemble de l’histoire de la marque, font en sorte qu’elles échappent à la mort, et donc au musée. La démarche fait nécessairement pester tous ceux qui, sensibles au génie passé de la marque, aimeraient que réapparaissent aujourd’hui les mythes du passé. Mais le propre du génie, c’est qu’il ne se reproduit jamais à l’identique, puisqu’il échappe à toute recette, à toute règle pré-établie. La conséquence, c’est qu’on a tendance à ne pas le reconnaître, puisqu’on ne peut pas le connaitre à l’avance. Les fidèles, eux, n’attendent pas que Citroën sorte une nouvelle SM. Ils savent qu’on peut encore en acheter, y compris tout à fait neuves. Ils ne cherchent pas dans l’AMI une nouvelle Méhari : ils trouvent sur le marché une Méhari, parfaitement conservée ou bien reconstruite de A à Z. C’est ainsi que, à la différence de marques concurrentes dont les modèles ressemblent un peu à des morts vivants (et la Fiat Topolino est un peu au monde des voitures ce que Chucky est au monde des poupées), les modèles Citroën parviennent encore à déconcerter, comme le font tous les nouveaux nés du monde le jour de leur apparition. Sans être nécessairement aussi spectaculaire que les héros des X-Men, toute forme nouvelle est l’oeuvre de ce mouvement général, dont les créations humaines sont une des formes secondaires, qu’on appelle la vie.
il y a beaucoup de vie dans Oli, espérons que Citroen sache en tirer le meilleur pour ses modèles. Tu dois savoir quel est le concept à l’origine des faces avant depuis Cactus (le C Cactus concept justement? mais je n’y vois pas les phares, juste l’étagement), et l’idée d’étager ses faces en déportant les phares vers le bas, mais force est de constater que ce fut un succès très relatif, ayant surtout fonctionné sur la C3 au niveau commercial, les autres modèles importants, C3 AC, Berlingo et C4 n’ayant pas performé. C5 AC étant stylistiquement un peu à part je trouve ou une variante plus intégrée. Donc cette idée plutôt neuve et fraiche n’a pas été un franc succès, à part sur un petit modèle sur lequel le côté jovial et rond va bien. Le Jumpy est un gros succès en parallèle et c’est très différent et réussi.
Alors, et bien que ça soit le cas, Citroen doit il s’engager vers une nouvelle élucubration à base cette fois de carrés et de surfaces abruptes? En tant qu’amateur de franches nouveautés, je me réjouis de voir ce que ça va donner, mais si j’étais à la direction financière ou commerciale je commencerais à un peu serrer les fesses…
Et à quelle génération peut on faire éventuellement remonter dans l’histoire de la marque cette nouvelle direction? On verra si ça fait penser à la BX ou une autre époque très ancienne! Très moderne et abrupte, la BX fut un grand succès, il me semble, mais il y avait encore alors beaucoup de citroennistes. La vie c’est bien, mais elle n’est pas étirable à l’infini !
J’étais méchant avec AMI, tout déçu de l’absence de rapport avec le concept qui était tellement joli. Et pourtant cette voiture est une réussite totale, où l’étagement est parfaitement assumé dans sa simplicité. Et j’ai grand plaisir à la voir.
Finalement il semble que l’étape intermédiaire des chevrons étirés en double Y n’ait été qu’une petite transition , depuis 19-19 et AMI ONE concept , sur la C5 AC restylée, C5X, et plus ou moins 2 restylages. Cette belle idée graphique est déjà aux oubliettes…. Difficile de parler d’errements, tellement les marques se cherchent en permanence et ne sont pas des rouleaux compresseurs comme Audi et Mercedes. Mais bon, faudrait peut être ne pas trop se tromper sur les tous prochains modèles du point de vue de l’accueil du public. Sinon on va passer de vie à trépas!
J’en discutais ce matin ailleurs qu’ici, et on se disait qu’en effet, il fallait vraiment que la prochaine C3, qui pointe le bout de son nez à phares carrés, soit réussie, quand bien même les conditions de sa gestation n’ont pas dû être, loin s’en faut, idylliques.
Il me semblait que l’étagement des phares était apparu sur le C4 Picasso. Mais je me trompe peut être sur la chronologie. Et je trouve que sur ce modèle, qui s’est tout de même un peu vendu, ça marche assez bien dans la mesure où ça permet de redescendre le nez de l’engin, alors que c’est un monospace, sans générer un immense vide.
Ah oui si c’est sur le Picasso 3, en effet c’est pas mal du tout, et convient très bien. Je l’avais déjà oublié mais il est encore très répandu ! C’est marrant comme c’est une expressivité non expressive, va bien sur un monospace finalement et à un peu échappé à pas mal d’autres modèles.
Vos billets sont vraiment plaisant à lire. Ils sont variés et ouvrent bien des portes culturelles et de l’automobile, permettant des découvertes et des réflexions. Mais, est-ce le fruit d’une digestion de début d’après-midi, celui-ci me rend un peu mélancolique… Bien sûr on parle ici de styles et de projections ou d’interprétations contemporaines. Et on peut s’y arrêter et gloser sur l’intérêt du rétro ou de la réinterprétation perpétuelle… et je suis des vôtres pour cette joute. Mais au-delà du bon boulot des designers, voire (on peut rêver!) de l’intention sincère de service Marketing épris soudainement de culture automobile … ne capitulons-nous pas finalement sur obstacle définitif : le monde a changé ?
L’outil industriel a changé, le consommateur a changé… D’un côté des voitures diaboliquement efficaces et performantes, sur-dessinées jusqu’au moindre détail … mais ne dégageant aucune âme, toutes identiques dans les sensations qu’elles procurent, dont les logos des unes pourraient être placés sur les autres sans choquer, dont l’émotion dégagée est du niveau de celle ressentie lorsque l’on passe d’un smartphone Oppo à Xiaomi (au hasard… Samsung cherchant à faire son Citroën en le pliant en 2 … voire…).
De l’autre, des utilisateurs dont les motivations se réduisent de + en + au prix, au statutaire et dernièrement l’autonomie (quelques cas particulier que l’on ne développera pas ici comme Toyota).
Alors le style mon brave monsieur ! le patrimoine culturelle de la marque ? … oui les plus de 20 ans en 1989 à la rigueur !
Cela donne TESLA , cela donne aussi, marqueur essentiel à mon avis, Dacia ! Allez m’argumenter est-ce que Dacia réinterprète son passé glorieux ou est dans le rétro ? Pour autant les ventes sont là, sans tergiversations sur est-ce que la face avant avant du nouveau Duster doit revisiter l’ami8 ou la GS (au passage beaucoup d’affection pour ces 2 modèles que j’ai bien connu enfant)… Ah oui, Dacia (belle histoire !) répond à des besoins… ah tiens comme Fiat et Citroën à leurs heures de gloire… Ah comme l’AMI aussi ! tiens tiens … j’arrête ici au risque d’être trop long. Si techniquement le travail de Caseli est irréprochable, je n’y voit qu’une caricature obèse du type H. Oui il y avait du Citroën dans le Cactus, oui aussi dans l’AMI. Je suis très inquiet pour cette marque chérie, comme Fiat (mon dieu la Fiat 600, non pas ça, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait ) Opel … L’invisibilité de la Peugeot 408 (au moins dans mon coin) que l’on aurait appelé « une belle bagnole » à une autre époque, doit faire réfléchir toutes les marques tendance fuite en avant (… Citroën).
J’ai l’impression en effet qu’on est d’accord.
j’aime bien le fait que vous évoquiez Dacia. C’est assez passionnant de voir évoluer le style de cette marque, sur une période suffisamment courte pour ne pas encore constituer une histoire pesant sur ses approches esthétiques. Et j’ai l’impression que les prochaines sorties vont prendre des directions elles aussi intéressantes. En effet, ce qui semble décisif ici, c’est que la marque cherche juste à correspondre à un besoin, une attente, une situation sociologique et (forcément) économique bien comprise (en même temps, c’est pas hyper sorcier de comprendre que par les temps qui courent, il y a un marché pour des bagnoles essentielles, efficaces et pas trop chères !
Moi aussi je suis un peu inquiet pour Citroën. Je suis totalement fan de ce qu’ils ont réussi à faire avec l’AMI. Et le fait que d’autres marques du groupe leur emboitent le pas me semble dire à quel point ils ont eu le nez creux, et à quel point c’était hyper sensé que ce projet revienne à Citroën. Je pense même que chez Peugeot on observe la chose en se demandant s’il faut, vraiment mettre le BB1 au placard.
Pour le reste, effectivement, on entre dans une nouvelle ère. Tesla l’a compris : on achète et on utilise une voiture comme on le fait d’un smartphone, sans s’intéresser vraiment à son fonctionnement, on en fait usage c’est tout. Je ne sais pas si ce glissement est définitif ou pas. Il est possible qu’on s’aperçoive que, tout de même, l’automobile n’est pas tout à fait un objet technique comme les autres, qu’elle constitue mine de rien un compagnon ou une compagne pour un geste qui n’a rien d’anodin : partir.
Difficile de dire de quoi l’avenir sera fait dans ce domaine. Mais ce sera de toute façon intéressant à observer ! Et peut-être aussi à vivre.