Achille Coquerel et Thomas Kauffmann sont les fondateurs du studio de production audiovisuelle Cokau. On leur devait, déjà, une poignée de spots bien foutus qui faisaient en 2016 la promotion de l’i-cockpit de Peugeot tel qu’on peut l’expérimenter sur la 308. Ils ont déjà oeuvré à plusieurs reprises pour le monde automobile, mais aujourd’hui, c’est un micro-métrage voué à la compétition automobile qu’ils signent, et qu’ils présentent comme un film de course automobile expérimental.
C’est une course nocturne, bien moins éclairée que les grands prix de F1 programmés en Asie à des heures un décalées pour que l’Occident puisse les regarder en plein dimanche après midi. C’est sombre, rugueux, fragmentaire, Les prises de vue et le montage serré permettent tout juste de deviner les deux bolides AMG engagés en GT3 : une bonne vieille SLS, en gris, et sa descendante, plus génériquement nommée AMG GT3, en noir. C’est une course-poursuite pied au plancher, une succession de prises d’aspiration. L’image est impressionniste, laissant la part belle aux impressions plus qu’à la description de la piste et des missiles qui la dévorent. On décernera une mention spéciale au plan de fin, qui prend la piste à rebrousse poil pour croiser, en marche arrière, la trajectoire des deux AMG lancées à plein régime. Une sorte de relecture du travelling compensé Hitchcockien.
Un seul regret : du point de vue de la durée, on est plus proche du sprint que de l’endurance. On a envie de passer davantage de temps sur ce circuit, la tête au milieu du V8, le cerveau parasité par les stridences des hauts régimes. Cette incapacité du corps à percevoir un phénomène à ce point extrême qu’il dépasse toute mesure, toute sensation et toute représentation, c’est très exactement ce qu’Achille Coquerel et Thomas Kauffmann ont réussi à mettre en scène.
Ca s’intitule Swerve, et ça veut dire « embardée ».
Embardement immédiat :