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In Concepts, Conductrices/Conducteurs, Peugeot, Peugeot E-Legend
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Ce sera un très court article, en forme de supplément au précédent. 

Puisque la BMW 2002 Ti Garvisch dessinée par Bertone me permettait d’évoquer de nouveau le concept Peugeot E-Legend, je vais ajouter ceci, que je ne voulais pas intégrer au précédent article, pour ne pas dévier de l’hommage au travail de Gandini chez Bertone : il se trouve qu’hier, la chaîne de vidéos Youtube Supercar Blondie sortait un petit essai du concept Peugeot, dans un environnement très protégé évidemment, en mode autonome ainsi qu’en mode conducteur. La vidéo montre que le système ne relève pas de la fiction (beaucoup de concepts sont construits autour d’un récit, qui évoque tout ce que la voiture pourrait faire si elle faisait vraiment ce que le récit raconte, mais en réalité, la maquette ne fait rien), et qu’il est fonctionnel, du moins à petite vitesse. Et on comprend tout à fait qu’on ne lance pas un prototype de ce genre sur l’autoroute en mode autonome. 

Mais il y a un tout petit détail dans cette vidéo sur lequel je voulais revenir, quelque chose qui ne m’avait pas sauté aux yeux jusque-là. C’est un détail. C’est même un niveau de détail qui relève de l’interprétation, et un niveau d’interprétation qui prend le risque de surinterpréter les formes. Mais il me semble que la spécificité du design Peugeot, spécialement depuis que Gilles Vidal en a pris les commandes, tient à ceci : tout en proposant des voitures franchement réussies dès le premier coup d’oeil, les formes sont aussi porteuses de détails qui permettent de les relire régulièrement, et d’y discerner des aspects qui avaient auparavant échappé au regard. Certains de ces aspects peuvent être des réminiscences, comme le dessin de la malle de la 508 MK2 qui évoque la cassure de la ligne de coffre de la 504 (et, sans faire trop le malin, je crois bien avoir été le premier, peut-être pas à voir ce détail, mais à le montrer aux autres dans un article), certains peuvent aussi être de l’ordre du clin d’oeil formel, de l’écho d’une forme dans un détail de finition. 

Et un détail de ce genre m’a sauté aux yeux à la fin de la quatrième minute de la vidéo, quand la présentatrice met en route la voiture, que la barre de son se déploie pour que la voiture passe en mode conducteur. La cinématique, spectaculaire, met en scène le déploiement du volant, qui est encastré dans la planche de bord « , le cerceau à plat, c’est à dire à l’horizontale. En d’autres termes, ce qui sort de la planche de bord, c’est la tranche du cerceau. Or le volant de l’E-Legend n’est pas rond, il est plutôt octogonal, et le cerceau lui-même est cintré. Bref, la conjugaison de ses différents angles a cet effet assez poétique : une fois le cerceau à plat, vu de face, il a la forme de la calandre typique des Peugeot. Ainsi, quand il sort de son réceptacle, ce que la cinématique montre, c’est littéralement, l’avant d’une Peugeot qui sort de son garage. 

L’impression est fugace, à tel point que, jusque là, sur les autres vidéos, elle ne s’était pas manifestée. Mais ici, alors qu’on est en éclairage naturel, cette forme m’a semblé évidente. Et je ne pense pas que chez Peugeot, sachant à quel point ils vont loin dans la quête du détail, on soit passé à côté d’une réflexion approfondie sur le sens et la forme de la scénographie du volant. Et plus je regarde ces quelques secondes, plus ça me semble crever les yeux. 

Ca n’a presque rien à voir, mais ça permet aussi de faire un peu de promotion pour cette chaine Youtube, que je trouve bien menée. Et le fait que l’essayeur soit une essayeuse, sans pour autant qu’on puisse dire que ce soit un regard féminin qui soit porté sur l’automobile est un plus qui donne encore plus envie de la partager. La présence féminine dans le monde automobile est encore trop discrète, au point qu’on en soit encore à en faire état. Ca fait un moment que je regarde les équipes d’essayeurs auto des magazines, des blogs et sites consacrés à l’automobile, et que j’y vois des groupes d’hommes blancs. Je ne suis pas sûr qu’il doive y avoir un regard qui puisse être globalement repéré comme « le regard féminin sur l’automobile ». Mais justement, si le regard d’une femme est un regard comme un autre, alors il n’est pas normal qu’on dispose de si peu d’analyses féminines de la voiture. Et je comprends, dès lors, que cette chaîne d’essais auto fasse événement, tout comme je comprends pourquoi le groupe des Enjoliveuses se soit formé, explicitement comme un collectif de femmes passionnées d’automobile. On devine aisément la difficulté pour une femme d’intégrer une équipe de rédaction quasi exclusivement composée d’hommes, dans laquelle on lui proposera un rôle de mise en forme littéraire, ou de photographie, qui sied plus au « sens artistique » spécifiquement féminin. 

Et que ce soit ce concept Peugeot qui me semble éviter de développer une vision exclusivement masculine de l’automobile, qui me permette d’évoquer ce courant féminin dans le discours automobile, ça ne relève peut-être pas tout à fait du hasard ; et si jamais c’en était un, il ne me semblerait assez heureux. 

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