Go West

In Art, Movies
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There’s a feeling I get
When I look to the west

Hasard du calendrier, alignement des planètes. J’évoquais dans le précédent article la conquête de l’Ouest et les véhicules qui permirent cette avancée, le chariot, la diligence, et au passage, je citais John Ford, et la diligence de La Chevauchée fantastique (1939), une diligence qui donne, en fait, son nom au film, Stagecoach en vo. Et comme par magie hier soir, sur Arte, passait L’Homme qui tua Liberty Valance (1962) autre film de John Ford qui a, lui aussi, quelque chose à voir avec les histoires de diligence. 

Avant la route, déjà, le road-movie

Archétype du transport en commun, la diligence n’est en fait, souvent, qu’une des pièces d’un dispositif beaucoup plus vaste, la ligne, avec sa station de départ, ses étapes, son terminus, ses conducteurs, et bien entendu ses dangers sur la route. La diligence de La Chevauchée fantastique n’échappe pas à la règle : sur son côté est inscrit Overland Stage Line. C’est le nom de la compagnie à laquelle appartient le véhicule. Mais après tout, ça pourrait être aussi une définition du road-movie, un genre dont Stagecoach est un précurseur, sans le savoir. L’Overland Stage Line, par ailleurs, existait vraiment, elle fut, surtout dans les années 60 du 19ème siècle, l’un des opérateurs permettant d’aller vers l’Ouest, avant que le chemin de fer ne joue ce rôle à partir des années 70.

A la manière dont Michel Gondry, dans The we and the I, fait d’un bus scolaire le lieu dans lequel va se dérouler tout son film le temps d’un unique trajet depuis l’école jusqu’au quartier du dernier élève à en descendre, John Ford utilise dans sa Chevauchée fantastique la ligne de la diligence comme fil conducteur du récit. Mais là ne réside pas tout l’intérêt de ce film, car c’est aussi l’occasion de la rencontre entre le réalisateur et celui qui deviendra l’incroyable acteur John Wayne, inaugurant une collaboration qui durera jusqu’en 1962, pour s’achever sur le magnifique The man who killed Liberty Valance.

La machine à remonter le temps

On a coutume de penser que, dans l’histoire du cinéma, la première voiture permettant de voyager dans le temps fût une DeLorean DMC-12 customisée par un savant fou. Pourtant, Retour vers le futur n’est pas le premier film dans lequel on se déplace dans le temps en voiture, et ce n’est pas non plus celui qui voyage de la sorte avec le plus de finesse. Parce qu’en réalité, dans L’Homme qui tua Liberty Valance, film qui signe la fin de l’oeuvre commune entre les deux John, se trouve aussi un véhicule qui sert à remonter le temps. Et c’est une diligence. Et la scène dans laquelle elle joue ce rôle n’a l’air de rien, mais elle est suffisamment organisée pour qu’on puisse se dire qu’elle ne doit rien au hasard.

Rappelons le contexte, et résumons le début du film pour ceux qui ne l’ont pas vu. Le sénateur Ransom Stoddard (James Stewart) et sa femme Hallie (Vera Miles) arrivent à Shinbone par le train, après de longues années d’absence. Pour eux, ce retour est à la fois un pèlerinage et un deuil, puisqu’ils viennent saluer la dépouille de Tom Doniphon (John Wayne), avec lequel Stoddard partage un secret. A moins que ce soit un mensonge. Ou une légende. Mais comme c’est un film que nous regardons, appelons cela, simplement un récit. Et tout le film sera un immense flash-back de plusieurs décennies permettant au sénateur de confier ce récit aux journalistes locaux. De Tom Doniphone, dans cette entrée en matière, on ne verra que le cercueil. Il faudra attendre son apparition dans le passé pour découvrir enfin son visage, et ce sera comme une résurrection rétrospective. Mais ce qui est intéressant ici, c’est la façon dont se fait la transition entre le présent de l’action du film et ce passé dans lequel le récit va se déployer. Comment on passe de l’un à l’autre. Alors qu’il se décide à raconter son histoire, Stoddard se trouve là où on a mis le corps de Doniphon, c’est à dire dans l’atelier du gars qui fabrique les cercueils. Le menuisier en somme. Et en tant que travailleur du bois, il réalise et répare aussi tout un tas d’autres objets dont, on l’aura deviné, des diligences. D’ailleurs, il y a un vieux modèle, privé de ses roues, qui semble abandonné au fond de l’atelier. Dire qu’elle prend la poussière serait un peu insuffisant : elle est carrément envahie par les toiles d’araignée et la crasse dont elle est imprégnée est si épaisse qu’elle empêche de lire quoi que ce soit sur sa carrosserie.

Stoddard est donc dans cette pièce avec les journalistes, et en gros, tout le monde n’est pas peu fier d’être là : les journalistes tiennent l’interview d’un sénateur, et le sénateur prend manifestement un certain plaisir à constater son aura sur les habitants de Shinbone. Assez théâtralement, en bon homme politique, il va commencer son récit en mettant lui-même en scène ce retour vers le lointain passé de sa jeunesse, et pour cela, il va se diriger vers cette épave de diligence, en racontant que, justement, la première fois qu’il est arrivé à Shinbone, c’est en diligence, un peu comme celle-ci d’ailleurs… Oh, mais attendez ! Il efface un peu de la poussière sur le haut de la carrosserie, quelques lettres apparaissent, il attrape un chiffon et poursuit le nettoyage, et se révèle alors le nom de la compagnie de transport à laquelle elle a appartenu, une vieille connaissance : l’Overland Stage Line. Les mots du sénateur vont accompagner cette résurrection, constatant que c’est vraiment dans une diligence semblable qu’il est arrivé, et d’ailleurs, c’est p’t’et’ bien cell’là. (oui, Stoddard prend un étrange accent péquenot quand il s’adresse aux gens de Shinbone; on dirait Montebourg à la Fête de la Rose). Et c’est alors qu’un fondu enchaîné fait disparaître l’atelier pour nous montrer la même diligence, au siècle précédent, roulant dans la nuit sur une piste à peine tracée dans les bois.

En réalité, aujourd’hui comme dans les années soixante, c’est à un double flash-back que le spectateur assiste. Parce que les fans de John Ford et ceux de John Wayne, qui sont à peu près les mêmes, savent ceci : cette diligence roulait effectivement des années auparavant, mais elle n’emmenait pas Ransom Stoddard joué par James Stewart vers Shinbone. C’est un certain Ringo Kid, joué par un certain John Wayne trente ans plus jeune qui y prenait place, pour aller vers Lordsburg. Et ce n’est pas dans L’Homme qui tua Liberty Valance que cette diligence roule déjà dans les années 30, mais dans Stagecoach, ou La Chevauchée fantastique, comme disent les frenchies. Ce faisant, ce véhicule poussiéreux est un dispositif qui permet un double mouvement vers le passé : l’un est interne à L’Homme qui tua Liberty Valance, et permet au récit du film de se constituer. Mais l’autre est un retour aux sources beaucoup plus important pour John Ford, puisqu’il s’agit de remontrer à la racine de sa collaboration avec John Wayne, de porter un regard rétrospectif sur leur oeuvre commune, qui est une bonne partie de l’histoire du western, et donc une bonne partie de l’histoire des Etats-Unis. C’est donc une invitation pour le spectateur à envisager la filmographie de Ford et le genre qu’est le western dans sa totalité comme une oeuvre cohérente, partant de Stagecoach pour atteindre le terminus de sa propre ligne : The Man who killed Liberty Valance.

Entre temps, ce qui s’est construit, ce sont les Etats-Unis d’Amérique, la loi, et l’ordre. Ce n’est d’ailleurs pas du tout un hasard si, au moment où Ransom Stoddard commence à avoir quelques doutes sur son aptitude à évangéliser le peuple de l’Ouest à grands coups de Code Civil, il inscrit cette phrase : « Education is the basis of law and order » sur un tableau noir qui n’est rien d’autre que la grille des horaires de passage des diligences de l’Overland Stage Line, affichée là comme pourrait l’être la grille de planification du tournage d’un film. A ce moment, on ne saurait mieux mêler les différentes dimensions du récit : le film de John Ford, sa filmographie toute entière, l’histoire du cinéma, et celle des Etats-Unis. Aussi attirante qu’elle soit, une DeLorean DMC-12 n’aurait pas pu réaliser une telle prouesse, et joindre à travers un tel laps de temps, autant de dimensions de l’univers, et ce dans un seul et même mouvement. Du moins, dans les films de Robert Zemeckis, elle ne le fait jamais. Il faudra attendre que Spielberg fasse main basse sur la totalité des symboles de la pop-culture de la deuxième moitié du 20ème siècle, et les agglomère pour en faire un monde à part entière dans Ready Player One, pour que la DeLorean soit capable, pour de bon, de traverser le temps. Et à vrai dire, on voit la puissance du cinéma à ce phénomène étrange : ce sont les véritables DeLorean, celles qu’on peut encore croiser dans la vie qui, toutes, renvoient nécessairement à la série de ces films divertissants, comme si pour de bon cette voiture était considérée comme un véhicule de fiction, c’est à dire une bagnole qui, immédiatement, raconte une histoire. Et le même sort touche les diligences : parce qu’elles sont un des archétypes du western, il suffit d’en voir une dans un musée pour voir apparaître en un cinémascope mental un paysage tout entier fait de montagnes, de plaines sèches, de chevaux et de poussière soulevée par ces immenses roues. 

La route en partage

Si on observe à ce point les véhicules au cinéma, c’est parce que, objets en mouvement dans un art du mouvement, ils disent quelque chose du propos des films, mais aussi de ce qu’est le cinéma en lui-même. Ainsi, si les westerns de John Ford décrivent les Etats-Unis au point de les constituer pour de bon, alors il n’est pas anodin d’observer ceci : La Chevauchée fantastique commence avec une diligence et s’achève sur un chariot. C’est qu’il y a déjà dans ce film une tension entre le transport en commun qui n’est que le mouvement partagé de trajectoires individuelles séparées les unes des autres, et la voiture individuelle, qui consiste à traverser un espace public dans un véhicule privé. Et Ringo Kid, qui arrête la diligence entre deux étapes, au beau milieu de Monument Valley, dans une scène d’exposition de son propre personnage un peu délirante, pose précisément les termes de ce dialogue : il monte dans le transport en commun, mais voyage avec sa selle de cheval qu’il lance sur la galerie : le déplacement partagé n’est qu’un moment qui a un début, et une fin, il ne fait du co-voiturage que par intérêt particulier. Comme tout le monde après tout, sauf que lui l’affirme dès le départ. Il ne fait que passer dans le monde commun. Observons alors ceci de nouveau : dans L’Homme qui tua Liberty Valance, on arrive et on repart du film en train. Ces grands espaces sont désormais habités, organisés, urbanisés, viabilisés. La rivière est endiguée, on fait pousser des roses dans le désert. On a accompli la civilisation de ces espaces sauvages – et on comprend bien que, à l’échelle de ce que seront les Etats Unis d’Amérique, ça signifie qu’on a éliminé les autochtones au passage. Dès lors, le transport se fait nécessairement en commun, et on sent que dans ce processus, quelque chose a été gagné, mais quelque chose a aussi été perdu. Et on se croirait pile poil dans le Contrat social de Rousseau, au moment où il fait la balance entre les gains et les pertes observées dans le passage de l’état de nature à l’état civil. On y pense parce qu’on sent bien que dans son film, John Ford fait aussi ce genre de bilan, et que le constat qu’il fait provoque chez lui une profonde nostalgie. Avec Tom Doniphon, c’est une certaine idée pionnière de l’Amérique qui s’éteint, remplacée par l’Etat, l’ordre et la hiérarchie. Parce que toute structure de domination n’a pas disparu : le sénateur prend le train, certes, et on pourrait se dire qu’il est un homme comme les autres, l’Américain moyen, comme Hitchcock aimait désigner James Stewart. Sauf qu’en réalité, Stoddard et sa femme utilisent le train comme si c’était un moyen de locomotion privé : on arrange les horaires du train collectif pour qu’ils coïncident avec les intérêts particuliers du sénateur. Certes, le train est accessible à tous, mais on a pour le sénateur des égards qu’on n’a pas pour les autres passagers. On n’est pas égal les uns aux autres quant à son placement et quant aux services qu’on peut exiger du service à bord. Evidemment, désormais la domination ne se fait plus selon la force des poings ou des armes à feu : c’est l’Etat lui-même qui prête main forte à ceux qui tirent leur épingle du jeu politique. Et tout ça se dit, aussi, tout au long de L’homme qui tua Liberty Valance, à la façon dont on prend le train plutôt que la diligence, à l’habitude qu’a prise Ransom Stoddard de se déplacer dans la voiture équestre des autres, lui-même n’en possédant jamais, d’avoir Pompey comme chauffeur d’urgence, au cas où il faille quitter la ville vite-fait,  à l’opposé des hommes, « des vrais », à l’ancienne, qui grimpent à cheval, y compris là où on ne s’y attend pas (la scène de l’élection des délégués du peuple dans la grande ville locale, où un des candidats à mijoté un petit show pour faire campagne est édifiante, et là aussi rien n’est dû au hasard; en faisant entrer un cavalier sur son cheval dans la salle, en le faisant entrer sur l’estrade et en faisant mine d’attraper le candidat au lasso, ce qui se passe concrètement à l’image, c’est un passage de relais : l’ancien monde croise le nouveau, l’individuel se frotte au collectif, et c’est comme quand on frappe deux silex l’un contre l’autre : ça ne va pas sans produire quelques étincelles).

Ainsi, avant même que l’automobile soit inventée, il y a déjà quelque chose qui se prépare pour elle, et on n’est pas surpris que, déjà, la route, la rue, les déplacements soient un théâtre profondément politique. 

Vers aujourd’hui, et au-delà

Mais la diligence attaquée en pleine nuit américaine par Liberty Valance nous renvoie aussi, et sans le savoir même si on ne fait sans doute pas des films sans espérer qu’il en reste quelque chose dans les films futurs, à une autre attaque de transport en commun, elle aussi menée en pleine nuit dans une clairière, par une autre bande de types qui, en l’absence de forces de l’ordre et compte tenu de l’effondrement de tout contrat social, comptent bien imposer et faire régner ce que Valance appelle « la loi de l’Ouest ». 

A la fin de la saison 6 de The Walking dead, un mobile-home contenant tout ce qu’il reste de personnages importants de la série se trouve piégé, zigzaguant de barrage en barrage jusqu’à buter devant une embuscade dont il ne pourra plus se sortir. Des hommes, trop nombreux pour qu’on puisse prendre sur eux le dessus, invitent la troupe jusque là héroïque à descendre du camping car et à s’agenouiller dans la clairière, sous la lumière des phares. Apparaît alors Negan, avec son perfecto, son jean taillé bizarrement, à moins que ce soit le gars qui ait été amputé des fesses, sourire aux lèvres, Lucille à la main. Et, vraiment, pour qui connaît l’attaque de la diligence dans le film de John Ford, il est impossible de ne pas penser à Liberty Valance en voyant Negan sermonner Rick Grimes et sa bande, lui apprenant ce qu’est la véritable loi, et précisant, puisque ça n’avait pas l’air bien compris, que la loi désormais, c’est lui. Le parallélisme entre Negan et Liberty Valance se dessine dans l’allure, le mobile du personnage, mais aussi les moyens de déplacements des uns et des autres, et bien sûr jusque dans le fait que chacun a une arme totémique, et qu’elles se ressemblent un peu : le fouet pour Valance, la batte de Baseball ceinturée de barbelé pour Negan.

Et c’est ainsi que si la diligence de James Stewart renvoyait à elle-même, dans son propre passé, quand John Wayne y prenait place, comme une belle machine à remonter dans le temps, elle est aussi capable de se transporter dans son propre avenir, porteuse de la source de son propre mouvement, abri de fortune, transport de troupe, camping-car un peu désuet.

Désormais, parce qu’on a en mémoire ce fil conducteur qui, tel le dessin d’une ligne de bus, va d’une antique diligence à un camping-car attaqué dans les bois, on ne regardera plus un mobile-home, celui de Breaking bad ou celui de Paul,  pour ne prendre que deux exemples, sans le lier à cette histoire qui fait de lui le refuge de ceux qui, sans lois et sans ordre, ont besoin de mettre des roues à leur maison pour habiter le monde.


En complément, deux articles que j’avais écrits, il y a déjà quelques temps, à propos de Negan, et de Liberty Valance : 

Negan

Law and Order

4 Comments

  1. GO WEST
    https://www.youtube.com/watch?v=LNBjMRvOB5M

    voilà un même titre, et qui n’a rien à voir semble t’il avec ton texte…. chanson des Pet Shop Boys, drôle de groupe inclassable , peut être seul ou rare représentant de pop angélique? Go West est le dernier morceau de l’album Very, véritable invitation à voler au dessus des nuages, comme dans certains et rares rêves nocturnes….ou comme dans les innombrables témoignages désormais des expériences de NDE ou EMI, où les personnes en état de mort clinique visitent avec une lucidité surréelle (et non hallucinatoire) des mondes peuplés d’êtres diaphanes , merveilleusement aimants, remontent dans le temps pour visionner sur un écran le défilé de leur vie, et peuvent se projeter dans l’avenir, le temps étant une donnée tout à fait différente, réversible et ductile en ces espaces ou lieux éthériques. Histoire de trouver un petit point commun tiré par les cheveux avec ta chronique des diligences ….!

    • Ah j’adore ce titre tout droit extirpé des Village People, et réinventé par ce duo malin. J’aime vraiment les Pet Shop Boys, y compris quand ils tombent un peu dans la facilité (genre, en ce moment). Ils ont un sens très particulier du mélange entre « pop » et mise en scène « arty ». Et à vrai dire, j’avais leur titre en tête quand j’en ai fait le titre de cet article. Mais j’aime aussi l’idée de ce mouvement vers l’ouest, de cette conquête pratiquée en chariot, en mode exploration d’un continent nouveau. Il y a quelque chose, là, qu’on ne retrouvera que dans le domaine de la conquête spatiale.

  2. belle surprise, le beau film de Jia Zhangke , au delà des montagnes, commence en 99 sur une scène de danse avec la gestuelle et la musique de Go West dans un local du parti communiste chinois, et finit 26 ans plus tard de la même façon mais dans la neige, l’actrice seule et vieillie se remémorant les gestes et l’air. Magnifique et émouvante scène!

    • Ah !!! Je savais qu’il fallait que je vois ce film ! Tu viens de me le remémorer. Je vais le faire dans les tout prochains jours.

      Merci !

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