Les prisonniers de la Caverne de Platon était censés cheminer vers la vérité en se déconfinant de leur grotte natale. Nous autres vivons le dévoilement des nouveaux modèles à distance, devant nos écrans, sans confrontation réelle aux objets qu’on nous montre par écran interposé. Photos et vidéos seront donc, pour un moment encore, l’univers en deux dimensions dans lequel évoluera la nouvelle C4. Naissance aux forceps, donc, pour ce modèle qui se veut nettement plus sculpté que celles qui l’ont précédée, et qui aurait rudement besoin de la 3D pour qu’on l’apprécie pleinement.
Mais, même si l’écran fait écran, et qu’il n’est qu’un voile supplémentaire qu’il faudra bien un jour retirer à cette voiture pour qu’on la perçoive vraiment, on commence à y voir un peu plus clair.
Du coup, on peut tenter de faire le point sur cette nouvelle automobile, censée constituer une étape importante dans l’histoire de la marque qui l’a fait naître, marque qui se trouve être porteuse, elle aussi, d’une charge historique qui lui pèse, peut-être un peu trop, sur les épaules.
Cultiver l’en même temps
Pour faire le point, il faudrait arriver à situer la nouvelle venue dans le paysage automobile actuel, et au sein de la lignée de sa propre marque. Or, dès qu’on tente de le faire, on se frotte les yeux, on ajuste les lunettes sur son nez, on plisse les paupières, on prend rendez-vous chez l’ophtalmo, puis on prend conscience que le problème ne vient pas de nos yeux, mais de l’objet sur lequel on tente de faire le point : échappant à toute profondeur de champ, la C4 est fuyante dès qu’on essaie de la faire entrer dans une catégorie. Ses proportions sont étranges, avec un avant qui mange en partie le volume de l’habitacle, comme s’il abritait une motorisation sans commune mesure avec la voiture elle-même. Derrière un tel attelage, l’habitacle pourrait sembler presque mesuré, mais dès qu’on ouvre la porte arrière, on est un peu sidéré par la place dont disposent les jambes des passagers, et les passagers qui vont avec. Mais, patatras, dès qu’on ouvre le coffre, l’illusion prend fin : c’est bien sur une plateforme de segment B que cette voiture est construite, tout en essayant de faire croire qu’elle appartient au segment supérieur. C’est un peu comme si on regardait la voiture avec Antman planqué derrière soi, et qu’il changeait l’échelle de l’objet au fur et à mesure qu’on l’observe sous des angles différents. Du coup, on voit vraiment la C4 comme une concurrente des compactes, telles que la Golf ou la 308. Et en même temps, dès qu’on la regarde un peu plus longtemps, les voix se multiplient dans la tête :
– Mais non, regarde, elle est bien plus grande. On dirait un peu une BX.
– Une BX ? Pardon mais, alors, tu compares la C4 à une Xantia ?
– Ah ben non quand même pas.
– Ben si, c’est exactement ce que tu fais.
– Mais tu vois bien qu’elle est quand-même plus grande qu’une ZX.
– Elle a l’air plus grande, mais l’est-elle vraiment ?
– Ben, renverse ta question : achète-t-on une voiture pour ce qu’elle est ? Ou pour ce qu’elle a l’air d’être ?
– …
– Hmm Hmmmmm ?…
– Ok ok
Ces voix, il est possible qu’on les entende aussi chez Citroën, et on imagine bien les confcalls qui ont duré des plombes autour du thème « Quels modèles on met, dans la vidéo censée positionner la C4 par rapport à ses ancêtres ? ». Le résultat de cette séance de brainstorm, le voici :
– Alors, tu vois bien qu’elle a rien à voir avec la ZX, sinon, ils l’auraient mise !
– …
– Voila !
– Mais y a pas la Xantia non plus
– Hmmm, non en effet, par contre il y a la BX
– Oui, mais ils ont mis la Xsara, et la première C4
– Et si la New C4 était un crossover d’un nouveau genre ? Une berline conçue sur une plateforme de citadine, qui se fait passer pour une routière et un SUV ?
– D’où la présence de la Cactus ?
– D’où la présence de la Cactus…
Disons ça autrement : Si la C4 n’avait le cul qu’entre deux chaises, elle serait en position plutôt confortable. Mais non, elle joue à elle toute seule à un immense jeu de chaises musicales : du SUV, elle a la garde au sol généreuse. De la berline racée, elle a le compartiment moteur nettement mis en avant. De la GS, elle hérite du profil à trois vitres latérales ; le becquet arrière fait, lui, un peu penser à celui de la GS X3. A moins que cette complexité soit un hommage à l’arrière de la BX, qui était pas mal aussi, dans le genre « multiplication des pièces », ou alors c’est une référence au coupé C4 de la première génération. En tout cas, de la plupart des Citroën, elle a conservé la générosité de ses places arrière, qu’elle aurait pu conjuguer à la banquette coulissante de la ZX, histoire de gonfler un peu la capacité de son coffre. De la XM, elle reçoit le décrochage de la ceinture de caisse à l’approche de la vitre de custode. Clin d’oeil au C4 Picasso de seconde génération, dans la forme de l’éclairage diurne qui vient souligner la lunette arrière, comme le fait le trait blanc dans les optiques du Picasso. A l’ami 6, elle emprunte la complexité de ses surfaces et son art de brouiller un peu les cartes d’identité. De la 208, elle copie quasiment à l’identique le poids, aussi surprenant que ça puisse paraître, ce qui explique en partie qu’elle en ait aussi l’autonomie théorique.
Le méprix
Où es-tu vraiment, C4 ? Ici et là, un peu partout, et du coup presque nulle part. Je suis insaisissable, mystérieuse, évanescente, équivoque. On me prend pour ce que je ne suis pas, je ne suis pas celle qu’on croit, et pourtant, contrairement à plus belle fille du monde, je peux donner plus que ce que j’ai l’air d’avoir.
Ok. Va pour l’insaisissable. Après tout, elle sera pas la première à jouer sur ce créneau. Et parfois, sur un malentendu, il est possible de conclure. D’autant que le malentendu pourrait prendre la forme d’une erreur sur le prix, à l’avantage du client pour une fois. Entendons-nous bien : PSA ne devient pas une entreprise philanthrope, qui renoncerait à faire du profit. Mais il se dit que Citroën pourrait s’aligner sur le prix de modèles qui, eux, n’ont strictement rien à proposer en termes de style et d’ambiance. La C4, avec le caractère qu’elle manifeste, pourrait avoir pour concurrentes directes des voitures qui ne font, elles, aucun effort de présentation; ce qui pourrait expliquer sa relative exubérance : il y a pour elle une forme de prime à se faire un peu remarquer. Et puis, quand on coûte peu, on devient un peu la concurrente universelle, puisque de nombreux clients tomberont sur la C4 au moment de se demander « Au fait, pour ce prix là, on a quoi ? ». Evidemment, les voitures qu’on achète précisément parce qu’elles sont chères la mépriseront. Mais après tout, il y a des mépris qui sont, sans le vouloir, des compliments.
Peut-on faire ce genre d’omelette sans casser des oeufs ?
Forcément, pour adopter les dimension d’un 2008, tout en étant plus proche du poids d’une 208, il faut avoir un peu rogné sur les matériaux à droite à gauche. Et la formule vaut aussi pour l’art et la manière de contenir le prix. On n’a rien, sans rien. On peut s’attendre, dès lors, à une finition plus légère que ce qu’on connaît désormais chez Peugeot, sachant que cette base de comparaison n’est pas elle-même irréprochable (mais aucune base ne l’est, en fait). Dès lors, on ne sera pas surpris de constater que l’intérieur de la C4 est très « plastique ». Mais là aussi, il est probable qu’au moment de la comparer avec les voitures de prix avoisinants, on s’aperçoive que les autres ne font pas forcément mieux, ou qu’elles le font dans une austérité qui n’est clairement pas la marque de fabrique de la C4.
Citroën a pris grand soin de ne pas trahir les économies nécessairement faites sur la voiture pour qu’elle rentre dans le cadre budgétaire qui est le sien, et effectivement, elle ne donne jamais l’impression d’être une voiture low-cost, ou une voiture au rabais. Du soin, elle en reçoit vraiment partout. Mais, même si ce que nous voyons pour le moment relève de la pré-série, il est amusant de voir Arnaud Belloni, sur l’interview qu’il donne à POA pour présenter la C4, tenter de faire la démonstration du tiroir à tablette que cache le tableau de bord, et devoir s’y prendre à trois ou quatre fois pour l’ouvrir, ce qui contribue à mettre en évidence le caractère pas vraiment finalisé de la chose, tant en efficacité qu’en fluidité. Cette impression est accrue quand on jette un coup d’oeil, sous la jante du volant, vers ce qui se présente comme un combiné d’instruments. A vrai dire, c’est peut-être le seul point de la voiture que, même en tenant compte des contraintes économiques qui pesaient sur les concepteurs, on ne comprend pas très bien.
A strictement parler, la taille de l’emplacement, sa forme quasi carrée pourrait faire penser à l’emplacement réservé à l’affichage sur l’ancêtre GSA. Pour mémoire, celle-ci proposait un combiné tout à fait goldorakien, avec schéma de la voiture vue de profil, comme scannée aux rayons X, chaque partie des entrailles de la GSA renvoyant vers un voyant qui indiquait « quelque chose ». Bref, pour tout gamin de ces années là, ça faisait penser au moment ou Actarus annonçait « Transfert, auto-largue ! » car, alors, on voyait l’ensemble formé par le robot et son vaisseau support en transparence, avec vue imprenable sur le couloir que traversait le siège du pilote qui, pour des raisons à jamais mystérieuses, effectuait une double rotation sur lui-même avant de rejoindre son poste de commande. Était-il possible de rendre hommage à ce caractère un peu excessif du tableau de bord de la GSA ? Sans doute pas. Mais le choix mis en oeuvre fait dans une excessive demi-mesure : rien, dans cet écran, ne va. Ni sa définition, ni ses graphiques, ni même la complémentarité avec les informations diffusées sur le HUD.
Assez curieusement, les graphismes de l’écran tactile, au milieu du tableau de bord, semblent eux aussi un peu trop simplistes. Certes, il y a peut-être une part de la clientèle qui est un mal à l »aise avec les interfaces très designées des DS ou des Peugeot. Mais quelque chose nous dit que ces clients chercheraient plus volontiers chez Opel, que chez Citroën des présentations un peu austères. Il y a là un manque d’inventivité qui est un peu regrettable sur cette voiture, et le contraste est un peu trop grand, entre l’audace de l’extérieur, et la grande timidité du design intérieur.
Pour autant, celui-ci n’est pas raté. Il semble même taillé pour n’incommoder personne. En revanche, il n’excitera personne non plus. Evidemment, il y a la surprise du support de tablette pour le passager, qui poursuit la tradition des intérieurs aux petits soins pour la place de droite : sur le C4 Picasso, il y avait l’extension de l’assise du siège, qui permettait de voyager quasi allongé. Ici, on peut pianoter sur sa tablette, regarder un film, commander la musique. Et c’est pas si mal : après tout, le passager est un peu le laisser pour compte des habitacles, et on peut saluer le travail et les efforts de Citroën pour ne pas concentrer toute son attention sur le seul conducteur.
Qui plus est, si on additionne cette tablette à l’écran central, au combiné d’instruments Fisher Price, et au HUD, on en est quand même à quatre écrans, soit davantage de surface d’affichage que de mètres carrés de plastique non moussé. Que demande le peuple ? On croyait que Citroën livrerait un intérieur de Dacia, et on se retrouve dans une ambiance située à mi-chemin de la piaule de David Enlight, le teenager de Wargames, avec des écrans partout et des diodes clignotant dans tous les sens, du bureau de Charlie Adler, l’ado geek des Petits Génies (The Whiz Kids en Vo.), et son Atari 1200 XL, et du fameux QG de Fredrick, aka Le Sorcier, dans Die Hard 4. Après quelques années d’usure, ça fera un intérieur parfait pour rouler dans une parfaite ambiance cyberpunk.
Allez, c’est l’heure de la récré :
Vous penserez à tout ça quand vous grimperez en passager dans la C4, déploierez tant bien que mal le support à tablette pour y installer le matos informatique qui fera de vous un copilote, un dj, un guide touristique et un road planner digne de ce nom.
Mais alors, s’y fait-on, à ce physique ? On s’y fait, en effet. D’abord parce que l’arrière est plus simple qu’on ne le pensait, et que ses formes racontent quelque chose, apportant une complexité et une connotation technologique qui est finalement un plus, sur cette voiture. Rien, dans cet arrière ne fait « low-cost », et c’était sans doute un des buts poursuivis.
Newborn
Sur les côtés, l’effet produit par les méplats sculptés sur les flancs a déjà été décrit ici, et les nouvelles images confirment cette impression. Mais c’est à l’avant que la révélation finale apporte vraiment quelque chose, les photos venant confirmer – et même renforcer – une impression dont les rendus numériques avaient donné l’intuition. Car on cerne mieux désormais l’effet visuel produit par le dessin particulier des phares. Cet effet n’est pas facile à décrire, mais les deux projecteurs que contiennent chacune de ces optiques dans leur partie haute sont suffisamment recouvertes par cette forme qui s’apparente à une paupière pour qu’on ait l’impression, phares allumés, que la voiture regarde un peu par en dessous, d’un air prudent, ou menaçant. Et quand les phares sont éteints, ils forment une cavité obscure, mystérieuse et un peu inquiétante, dans laquelle semble sommeiller une présence, dont on ne sait trop si elle est charmante, ou dangereuse. Il y a dans ce dessin une véritable expressivité, qui ne relève pas des codes habituels de la séduction, mais plutôt de la recherche d’une forme de disgrâce à laquelle on pourrait s’attacher, ou pour le dire autrement, d’un charme, dont on ne sait jamais exactement quelle est la recette, mais dont on éprouve quand même l’effet.
Et plus on regarde, plus on cerne à quoi, ou à qui – on ne sait pas comment dire, en l’occurrence – nous fait penser ce regard. Vous allez me dire, en lisant ce qui suit, que je vous ai déjà fait le coup : il y a quelques mois, je trouvais des airs de Jacques Sullivan (Monstres et C°) au C5 Aircross. En réalité, je crois vraiment que Citroën pense ses voitures comme des genres de personnages. Et dans le cas de la C4, ça n’a en même temps rien de rassurant, et tout d’attachant. Dans le quatrième volet de la mésaventure globale qu’est le récit cinématographique d’Alien, intitulé Alien résurrection, réalisé en 1997 par Jean-Pierre Jeunet, Ripley, qui est désormais la copie clonée d’elle-même, transmet génétiquement son propre utérus à l’Alien Reine, qui met au monde un Nouveau né qui est génétiquement un croisement entre l’espèce extra-terrestre et l’humanité. Ce mutant, qui reconnaît en Ripley sa mère, est une des figures de monstre les plus génialement éprouvantes que l’histoire du cinéma ait produites. Son crâne insectiforme est percé de deux grandes orbites, démesurées, qui semblent abriter de profondes ténèbres au sein desquels, par moments, l’éclairage permet de discerner un regard apeuré. Comme si le Conte du Petit Poucet accouchait d’un être hybride, mélange du gamin, et de l’ogre.
Et ce regard dérobé, ces orbites un peu disproportionnées, on les retrouve ici, dans cette face avant qui donne l’impression, elle aussi, d’avoir été inspirée par les formes insectoïdes.
Une telle référence est-elle étonnante ? Pas tant que ça. Tout, chez Citroën, est question de réincarnation. Car si on refuse par principe le rétro-design, on n’y cultive pas moins des gènes puissants, capables de donner en permanence naissance à de nouvelles formes de vie. Et comme dans toutes les lignées génétiques, on retrouve dans les Nouveaux nés des signes d’appartenance, des morceaux de code qui témoignent de l’héritage reçu, sans toutefois le reproduire à l’identique, s’ingéniant à produire sans cesse de nouvelles formes, qui se répandront dans le futur de la marque, mais aussi chez les autres constructeurs (on peut observer comment, désormais, le principe de répartition des optiques sur plusieurs étages s’est disséminé sur les faces avant de modèles dans le monde entier). Il n’est pas étonnant dès lors qu’on retrouve en C4 des bouts de code manifestement issus du patrimoine Citroën, mais aussi des éléments exogènes, tirés du matériel constitué par le design japonais. Citroën repère, Citroën sélectionne, capture, absorbe et digère les formes, pour les synthétiser dans ses propres productions. Et ce faisant, la marque parvient à proposer un travail qui, tout en se nourrissant du passé, semble aussi habité par un sens assez profond de l’actualité.
There’s more to come
Certes, ce que la marque semble avoir perdu en cours de route, c’est son sens de l’avenir : La C4 n’est pas, comme d’autres Citroën l’ont été, une voiture qui semble avoir été téléportée à notre époque depuis la décennie suivante. Mais on sait, aussi, que l’enjeu de la marque est de vendre à la clientèle actuelle, et pas à celle des automobilistes des années 2030. Et il est possible, du moins on l’espère, que cette mission de prophète de l’automobile à-venir, ce soit bien une Citroën qui l’accomplisse, mais la suivante. Nous verrons alors comment la marque mute pour de bon, et compte nous emmener vers de nouvelles saisons. Quelque part entre True detective et Black Mirror, quelque chose nous dit que Citroën a encore des histoires à nous raconter.
Post-scriptum : Et brillent tes yeux noirs
Soudain, ça m’est venu comme une évidence. Ces grands yeux noirs et brillants, un peu enfoncés dans leur orbite, dissimulant aux regards les optiques qu’ils contiennent, comme un contenu technologique caché, on avait déjà vu ça quelque part :
clin d’oeil amusant au petit écran de la GS, c’est vrai qu’on se dit qu’ils ont fait en sorte que ça y fasse penser, en dépit du bon sens. Ca résume un peu cette voiture, assez étonnante, indéniablement attachante, et à certains moments comme dans un sursaut, on se réveille: c’est vraiment n’importe quoi !
Etait il besoin de faire un nouveau faux SUV après le Cactus, vendu moins cher que ses concurrentes si tu as raison (tu as dù te baser sur des interviews qui laissaient préfigurer ce positionnement? Ou bien chapeau si c’est vrai), sachant le premier pari plus ou moins perdu sauf en amérique latine où pour les raisons mystérieuses de l’inconscient (Cactus?) elle cartonne….Et sans avoir l’unité stylistique du Cactus de surcroît…
Si au niveau de notre inconscient à nous européens, l’idée de monstre hybride puisse fonctionner, comme quelque chose que nous sommes devenus dans ce monde foufou , elle pourra aimanter les regards et les portefeuilles…Les gens vont ils se reconnaitre dans ce regard par en dessous? Vont ils être happés et ferrés comme dans la flaque de Narcisse ou ne voir qu’un trou repoussant ?
C’est quand même la partie la plus mystérieuse de ce design, au delà de ce que j’ai dit, absence de restructuration de l’identité Citroen. En fait la C3 rst a été dessinée après la validation de cette C4 donc c’est du bricolage qui donne une ressemblance volontaire mais dévalorise la berline (quoique ça aille pas mal sur C3 en sorte de tête de bouledogue sympa). Cet oeil sans forme est un puits d’interrogation. Je croyais et j’étais même à peu près certain qu’à défaut d’une réorganisation plus nouvelle, ce phare serait évasé vers l’extérieur en forme de trapèze ou carrément triangle suite à CXpérience. Peut être et même probablement un biseau dans l’axe de la fin de la ligne de leds. Quelque chose d’évident. Deux lignes en V donc vues de plein avant. Pas spécialement original tellement ces lignes en V se retrouvent chez beaucoup de marques. Eh bien non, ils ont dit c’est trop simple, c’est joli sur CXperience, gardons le pour la C5 !! N’importe quoi!
Alors on a ce truc mou; regard qui pleure, ni fait ni à faire. Sympathique comme un myope à grosses lunettes chez l’élève Ducobu, un Mr Latouche Elie Semoun si touchant. Avec cette impression que les lunettes ont été tordues puisque l’armature est plus haute (ou portées à l’envers), donc idée de cassage de gueule à la récré, ou trop bon marché, élève maso qui ne prend pas soin de soi rentrant chez lui le soir dans une famille sans amour où on lui a acheté le modèle le plus cheap (c’est du vécu !).
On n’a pas accordé à ce modèle l’attention qu’il aurait fallu. Ou on a fait comme, d’une façon très sophistiquée , pour attirer l’attention et un peu de commisération. Tu aurais pu appeler ton article VICTIME de la mode.
L’impression est la même à l’intérieur. Elle sera vendue moins cher dis tu, tout en étant une sorte de SUV coupé qui d’habitude se vend encore plus cher que le SUV prémium équivalent (ou la berline pour un CHR ou un futur Arkana). Les gens devraient se précipiter de la bonne aubaine!
Voilà, cette C4 espère cartonner donc car , comme une Visa et non une GS, elle fait de la peine. Citroen est sur le bord de la route et tend sa sébille d’une voix implorante: achetez moi ; je suis le dernier hybride avant la fin de l’auto. Achetez moi…..Eh bien non on ne fait pas confiance à un moyen de locomotion si myope ! S’il faut radicalement revenir en arrière, on fera bientôt comme Yves Cochet, on préparera un bon cheval pour 2036 , avec de bonnes oeillères!
Hehe, et on trouve que parfois je caricature !! 🙂
Je comprends ton point de vue. Pour autant, je ne trouve pas que cette C4 fasse pitié. Je trouve simplement qu’elle n’utilise pas les codes habituels de la séduction sur ce créneau. Elle ose une forme d’antipathie que je trouve assez intéressante.
Quant à l’intérieur, qu’il fasse cheap (et encore, je trouve ce mot exagéré, d’autant qu’on n’a pas pu voir la voiture « en vrai », ça me choque moins sur un modèle censé s’aligner sur le prix d’une Fiat, que lorsqu’on constate sur des modèles allemands vendus bien, BIEN plus chers que les matériaux sont loin, très loin même, d’être ce qu’on pourrait attendre.
Mais de tout ce qui sort ces derniers temps, cette Citroën est celle que j’ai le plus envie de voir et de toucher.
Bonjour,
J’aime beaucoup l’idée de cette comparaison des optiques avant à un regard par en dessous. Peut-être faut il y voir le regard sue jette le propriétaire de cette C4 sur le monde automobile/urbain qui l’entoure : par en dessous ; qui n’en pense pas moins ; mais qui ne regarde pas forcément en face ces « autres » pleins de morgue, trop sûrs d’eux même dans leur SUV arrogant.
Le temps du sourire, de la voiture souriante, est peut-être tout simplement révolu. D’ailleurs qui sourit à qui, dans la rue ?
Alors de même que beaucoup payent cher pour s’habiller dans des tenues souvent sinistres, Citroën aurait donc fait le pari que finalement ses clients seront plus à l’aise pour débourser leur argent dans une voiture qui leur… ressemble un peu ?!?
Bien vu, en effet, les voitures font la gueule. Mais j’ai l’impression qu’on est un peu éduqué à préférer celles qui ont cette allure un peu antipathique : il y a dans la mécanique quelque chose qui adopte plus volontiers la forme de la menace, ou de l’inquiétant. Quelques exceptions, dans les petites voitures, mais au-delà d’une certaine taille, c’est le plus grand sérieux qui s’impose, voire l’agressivité.
C’est sans doute toute une éducation à refaire !
Et au fait, bienvenue 🙂
Et j’ai complété l’article avec un petit ajout, qui m’est venu subitement à l’esprit.