Cavalières

In Art, Conductrices/Conducteurs, Ford, Movies, Taimi Arvidson
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Et ça ressemblerait à quoi, la publicité automobile, si c’étaient des femmes qui les tournaient ? Pour le moment on n’en sait pas grand chose car, et j’en ai un peu honte, le hall of fame de mes réalisateurs de pubs préférés mentionne, exclusivement, des hommes. Pourtant, les passionnées d’automobiles existent, et on peut parier qu’il y en a quelques unes qui savent, autant qu’un homme, tenir une caméra, concevoir des cadrages, et diriger une équipe de tournage.

En cherchant un peu, on trouverait sans doute. Mais chez Filmsupply, on s’est dit que le mieux, pour trouver, c’était de provoquer la chose. Et pour cela, il suffisait, tout simplement, de proposer à une réalisatrice de tourner une publicité institutionnelle pour Ford.

C’est l’occasion de découvrir Taimi Arvidson, et de s’entrer une idée importante dans le crâne : une femme, quand elle tourne ce genre de film, ne le fait pas en direction des femmes, ni même en tant qu’elle appartient au genre féminin. Sinon, n’importe quelle autre femme tournerait le même film. Et en tant qu’homme on peut donc entrer dans cet univers sans s’y sentir étranger pour la simple raison que ce sont les mêmes objets, les mêmes sensations, les mêmes mouvements et, plus largement, le même monde, simplement saisis et restitués par une personne singulière qui se trouve être une femme, ce qui ne constitue qu’une caractéristique parmi des milliards d’autres.

Après tout, ça fait des décennies que les femmes s’ingurgitent h24 des visions masculines, et que Dieu merci elles ne se sentent pas systématiquement étrangères à ce « regard mâle » porté sur les choses. Mais l’égalité passe aussi par là : si les femmes ont bien dû apprendre à supporter la perspective masculine, nous autres pouvons bien apprendre à épouser des cadrages et des angles, des ambiances et un univers regardé par une femme, précisément parce que ce qui nous distingue, homme et femme, n’abolit pas ce qui en nous se ressemble.

Le résultat est tout simplement beau. On est tenté de voir dans l’apaisement général de ce film une touche typiquement féminine, mais ce serait solder à bon compte la rage dont les femmes sont tout autant capables que les hommes. Cette douceur ambiante est, en réalité, parfaitement universelle, comme la relation entretenue, tout au long de ce spot, avec la nature. Ce que vivent les femmes au volant de ces modèles archétypiques de la culture automobile américaine en général, et de l’histoire de Ford en particulier, n’importe quel homme pourrait le vivre identiquement, au volant ou en passager, une fois ne serait pas coutume.

La reprise de Unchained Melody des Righteous Brothers par Lykke Li emballe le tout, comme une main tendue, plus petite que la mienne certes, mais qui invite à être saisie pour aller faire un tour, en Mustang ou en Bronco. Et on doit bien le reconnaître, cette main, habituée à tenir ferme les rênes de leur monture, est tout simplement chevaleresque. Alors on ne se fait pas priver pour être hissé sur l’arrière train, et on se laisse aller : on est entre de bonnes mains.

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