J’avais, à l’origine, prévu de revenir vers l’écriture en évoquant l’automobile sous un angle très apaisé, loin des tonitruances mécaniques et des cinématiques à donner le vertige. Mais voila, parfois l’actualité des disparitions prend le dessus et ce genre de bonne résolution explose à peine on l’a prise, dès la première semaine de janvier.
Il semblait impossible de reprendre le clavier ces jours ci sans évoquer, avant tout autre sujet, Ken Block.

Il peut sembler a priori un peu paradoxal d’exprimer ici, régulièrement, la nécessité d’une prise de distance vis à vis de la vitesse, de la performance, de la puissance, trop facilement conçues comme les seules expressions authentiques de l’automobilisme profond, tout en pensant qu’il serait absolument impensable de faire comme si l’écho particulièrement rapide de ce pilote hors du commun ne venait pas de disparaître sur l’écran de nos radars. On imagine bien certains, parmi ceux qui pensent que l’écologie se doit de faire entrer en pénitence la part de l’humanité qui ne se comporte pas bien, en train de ruminer intérieurement l’ironie qu’ils peuvent trouver à voir un des Dieux de la mécanique être terrassé par l’une de ses propres armes de combat, montée sur chenilles et patins celle-ci, et non sur quatre roues, une fois n’était pas coutume. Comme si la nature devait se retourner subitement, telle une vipère saisie un peu trop loin de l’encolure, sur la main qui ose l’enserrer. A ceci près que la nature ne fait pas ce genre de chose et que, le seul être sur Terre capable de se préoccuper d’écologie étant l’être humain, la seule vraie question qu’il faut se poser si vraiment on veut proposer quelque chose de pertinent dans ce domaine n’est pas « qu’est-ce que la nature ? » mais « qu’est-ce que la nature humaine ? ». Et Ken Block était une forme de réponse à cette question. Et, bonne nouvelle, il était un des signes permettant de penser que cette nature n’est pas si mauvaise que ça.
Et de fait, dans la nature humaine il y a quelque chose qui trouve dans le rugissement mécanique et dans les trajectoires chorégraphiées avec la précision d’un mouvement d’horlogerie, une forme d’accomplissement. Un certain Sigmund Freud, à l’orée du 20e siècle, l’avait assez bien discerné : « Une violente répression d’instincts puissants exercée de l’extérieur n’apporte jamais pour résultat l’extinction ni la domination de ceux-ci, mais occasionne un refoulement qui installe la propension à entrer ultérieurement dans la névrose ». En somme, même si avec les meilleures intentions du monde (et l’esprit de revanche n’est pas exactement une bonne intention) on voulait sincèrement produire un monde plus beau en éradiquant toute forme d’expression de la puissance, de la force, de la vitesse, on ne produirait en réalité qu’une humanité malade, et on perdrait tout à fait le contrôle de ce que Freud décrit comme une source profonde, pour laquelle il n’existe aucun robinet, aucune vanne : quand on croit en avoir arrêté le flux, celui-ci se reporte ailleurs, là où on ne l’avait pas vu venir. Car la puissance n’est pas, pour l’être humain, une option qu’on pourrait laisser de côté sans produire, par la même occasion, de sérieux dégâts collatéraux : quelque chose en nous veut le déferlements de la force, d’une manière, ou d’une autre. Et à ce jour, la puissance mécanique est encore une des façons les plus contrôlées d’exprimer et vivre cela. Fermer la porte à cette expression, c’est en ouvrir d’autres, on ne sait trop où ni comment, par lesquelles les mêmes pulsions se libèreront, hors de toute forme de canalisation. Et il est peu probable qu’on ait grand chose à y gagner.

Ken Block était une des voies par lesquelles cette puissance pouvait trouver à s’exprimer sans qu’il s’agisse, pour l’humanité, d’un problème. Au contraire : ses gymkhanas étaient une solution. A strictement parler, l’œuvre de ce funambule correspond précisément à ce que Freud appelait une « sublimation » : là où il y a quelque chose de pervers à satisfaire ses pulsions dans son coin, rien que pour soi, et là où il est doublement pervers d’utiliser les autres comme objets ou moyens de son propre plaisir égoïste, Ken Block était dans le partage : en pilotant comme il le faisait, il ne prenait la place de personne puisqu’à vrai dire personne ne pilotait comme lui. Mais surtout, son intuition géniale c’est qu’il n’allait pas prendre le volant pour son seul plaisir personnel : ses virées seraient conçues comme de véritables œuvres visuelles, cinétiques, destinées à frapper le plus puissamment possible les rétines et neurones qui en seraient les témoins. Le siège sur lequel les passagers étaient sanglés avait beau être imaginaire, il restituait pourtant dans le corps tout entier des élans, des vertiges, des accélérations dans tous les axes permis par ce monde en trois dimensions spatiales; sans oublier la quatrième dimension, le temps, qui fait partie intégrante de la façon dont Ken Block concevait manifestement l’expérience à laquelle il invitait : le traversant de part en part, exploitant chaque mètre carré de son espace, jouant des reliefs pour mieux transformer le terrain en unités de temps, jonglant cinématographiquement entre les accélérations de la machine automobile, les très hautes vitesse de capture de l’image, et le ralenti de sa restitution au montage, pour mieux saisir la précision des mouvements invisibles à l’oeil nu. A la façon des séquences des X-Men mettant en scène Quicksilver, personnage au déplacements bien trop véloces pour être perceptibles par nous autres qui lambinons un peu dans nos déplacements et notre perception des choses, Ken Block évoluait dans son propre espace temps, grâce à la mécanique, et il fallait un autre dispositif technique, issu de la machine cinématographique, pour qu’on puisse saisir son univers et le toucher un peu des yeux, des entrailles et de tous les organes susceptibles de se contracter quand l’excitation visuelle et corporelle devient, vraiment, irrésistible.
Disons ça autrement : Ken Block déchainait les puissances mécaniques pour que nous autres n’ayons pas à le faire. Parce que le regarder piloter, c’est comme assister à un concert de Steve Vay ou de Joe Satriani : généralement, sur le chemin du retour on décide d’arrêter la guitare. Les engins que ce pilote avait dans les mains sont, à l’échelle du monde contemporain, l’équivalent des armes conçues sur mesure pour les plus incroyables combattants que l’histoire des bataille ait pu connaître, ou des instruments, violons, trompettes, pianos ou orgues fabriqués exactement selon les besoins de tel virtuose afin qu’il en tire ce qu’aucun autre n’aurait pu en faire.

Or, qu’exige l’écologie ? Qu’on évite soigneusement de dépenser de précieuses ressources énergétiques pour se procurer des plaisirs purement solitaires. Ce n’est pas que la jouissance non partagée soit en elle-même mauvaise. C’est juste qu’elle est un peu vaine, et pas très adulte : au-delà d’un certain âge on est censé prendre un peu en compte l’existence des autres êtres humains. Précisons que cet âge appartient à la sphère de l’enfance. A priori tous les lecteurs sont ici concernés et tous ceux qui sont en âge de prendre un volant, aussi. Une pulsion vécue tout à fait individuellement demeure infantile. Partagée, elle est sublimée. Ainsi, les pulsions mécaniques peuvent devenir vertueuses : il suffit qu’un seul partage un plaisir extrêmement intense pour que les autres n’aient plus à s’en procurer de beaucoup plus modestes. C’est là la vertu du spectacle, quand il rassemble le plus grand nombre autour des exploits d’un seul. Il ne s’agit pas de procuration, ni de « à défaut de » ni même encore de « c’est déjà ça ». Ce que faisait Ken Block, on ne l’aurait pas fait. Ce qu’il nous faisait vivre, aucune expérience personnelle ne nous l’aurait procuré.
Ken Block était un homme simple qui faisait des choses pas simples. Un gars comme un autre qui pilotait comme personne. Quand bien même sa vie se déroulait sous les bannières et blasons des sponsors qui faisaient qu’il gagnait sa vie, il y avait quelque chose dans ses shows qui sentait bon la générosité. Rien chez lui ne ressemblait à un quelconque minimum syndical. Le spectateur en avait, systématiquement, pour l’argent qu’il n’avait pas versé. Et pourtant on aurait payé pour regarder Ken Block glisser, pneus fulminant par groupes de quatre sur le bitume, caisse à la dérive frôlant les obstacles et les précipices, passant à un cheveu de la cata pour mieux se relancer, d’une poussée de reins, vers un autre péril qui sera lui aussi maîtrisé comme si de rien n’était, aucune difficulté ne semblant capable de venir briser la fluidité du mouvement, la grâce nerveuse des arabesques, la placidité rageuse avec laquelle les Ford et les Subaru, pour ne prendre que les plus archétypiques de ses montures, volaient parfois littéralement de virage en virage, de bosse en bosse.
Rares sont les hommes qui, à ce point, sont capables de fusionner avec la mécanique, de faire corps avec la machine. Pour piloter ainsi il faut que la frontière s’efface entre l’homme et ce qui se trouve au-delà des mains, derrière la colonne de direction, et des pieds par-delà le pédalier, que le fessier, le dos ne fassent plus qu’un avec le siège, que la masse de matériaux subtils destinés à faire léger et rigide à la fois soit ressentie par l’être humain comme sa propre masse corporelle. L’écrasante majorité des êtres humains simulent une telle aptitude, tendent le bras en haut du volant pour faire croire que celui-ci est une extension de leur poignet, que leur dos est soudé au dossier du siège. Chez Ken Block, la bagnole semblait être un organe, un dispositif biomécanique aussi intégré à son être que les prothèses de carbone pouvaient l’être aux jambes d’Oscar Pistorius. La mécanique était, chez lui, tellement ancrée dans la physiologie qu’un tel pouvoir s’apparentait en lui à un don, quelque chose qu’on a, ou qu’on n’a pas, quelque chose qu’on n’acquerra pas avec l’effort, avec le temps. Bref, une telle qualité était, chez Ken Block, naturelle, comme si la Vie avait compris que pour être protégée il fallait que s’incarne en un seul homme la pulsion mécanique, la volonté de puissance qui fait vainement fantasmer le plus grand nombre quand tout un chacun essaie de la vivre dans son coin.

Sur le fond, l’intuition géniale de Ken Block aura consisté à saisir le lien intime qu’on pouvait tisser entre la vitesse réelle qu’autorisaient ses dons de pilotage et la représentation de la vitesse via l’image en mouvement. Ainsi, le soin qu’il aura toujours placé dans le développement des engins qu’il mettait à son service s’accompagnait d’un intérêt constant et équivalent pour les techniques de prise de vue. Ses trajectoires étaient autant conçues pour être parcourues que pour être filmées et, lorsqu’on regarde les nombreux gymkhanas qui sont ses oeuvres, on ne peut que remarquer à quel point ces films sont le mariage cinétique entre la chose et l’image, entre le présent du réel et sa re-présentation. C’est une danse réunissant deux partenaires, vécue par l’œil depuis un champ de vision panoptique, oscillant entre le plan large et la vue subjective, flirtant avec les limites du terrain de jeu, tangentant avec les courbes tracées par les bolides, saisissant un geste dans le poste de pilotage, un regard porté sur le point de corde, la déformation d’un pneu, le brutal déport de la masse d’un côté à l’autre dans l’habile négociation entre un appel et un contre-appel. Dès lors, dans les projets de Ken Block, il fallait accorder autant d’importance aux réalisateurs et à l’équipe qui les entourait qu’aux mécanos qui lui mitonnaient les bolides. Et ce n’est pas pour rien que c’est au générique des ses performances filmées qu’on découvre des noms qui valent, tous, la peine d’être suivis. Brian Scotto et Ben Conrad pour ne citer qu’eux auront aiguisé leurs caméras en traçant des arabesques au ras des capots et des échappements, saisissant au vol et à l’instant propice tous les micro évènements qui ont toujours parsemé le paysage de ces gymkhanas, qui sont autant de mouvement dans le mouvement, de détails installés dans le décor comme autant de petites figurines et dispositifs en mouvement dans l’installation paysagère d’un train miniature.
Quand, dans le Gymkhana 8 tourné à Dubaï, Ben Conrad éjecte soudain le point de vue hors de la Fiesta, comme si la caméra voltigeait littéralement à travers la fenêtre lors d’un virage au frein à main particulièrement brutal, c’est un exemple précis de la célérité particulière que de telles mises en scène permettent d’éprouver. Quand, dans le 9, Brian Scotto prend soin de ne surtout pas camoufler tout le dispositif de caméras embarquées et fixes qui permettent de saisir le parcours de la Focus, quand il s’ingénie aussi à monter des images de définitions diverses, c’est pour mieux jouer avec notre culture de l’image sportive, notre propre usage des action-cams, et ancrer ainsi notre regard dans la performance là où elle se fait, plutôt que là où elle se projette.
Ainsi, Ken Block évoluait dans un univers qui lui était propre, inspiré des univers urbains tels que nous les connaissons, certes, avec leurs échangeurs, leur bretelles, leurs carrefours, les lumières de la ville, les enseignes flashy des zones périurbaines, leurs grandes artères, leurs parkings surdimensionnés quand on les vide afin d’en faire un terrain de jeu pour les acrobaties de ce drifter étoile. Tout ça nous est familier mais les prises de vue transfiguraient ces paysages quotidiens pour en faire un monde parallèle dans lequel était possible ce qui, dans la vraie vie, ne l’est pas. Ce faisant, il ne détruisait pas nos fantasmes, il les prenait précautionneusement, il les déplaçait dans un monde expressément conçu et construit pour en prendre soin et il les y déposait pour les cultiver, les faire grandir à une échelle dont on ne pouvait même imaginer qu’elle soit possible. Car tout témoigne, dans ses films, de l’existence de tout ce qu’on peut y contempler. Tout est matière, tout est présence, tout est incroyablement là. D’où le soin mis à capter le plus précisément possible la lumière, parce qu’elle est le seul témoin fiable de l’existence des scènes dantesque que nous contemplons sur l’écran. Il ne s’agit pas d’une simulation. Ce qu’on voit a existé, réellement. Et pourtant, ce n’est pas le monde tel qu’on pourrait, sans Ken Block, l’expérimenter. Pour tout amateur de bagnoles, ces shows étaient, véritablement, ce qu’on peut appeler de la réalité augmentée.

Reste qu’il va falloir, désormais, faire sans. Estimons nous heureux : nous ne sommes ni sa femme, ni ses enfants, ni ses proches. Ce que Ken Block a procuré au plus grand nombre des êtres humains, sa disparition ne le leur retire pas. Il n’en va malheureusement pas de même pour celles et ceux qui partageaient sa vie. On pourra, ad vitam aeternam, ou pour ce qui nous en reste, se repasser ses oeuvres cinétiques, un pied imaginaire sur le frein, une main accrochée au siège. Ces plaisirs, Ken Block est capable de nous les procurer, comme on dit dans les églises, sur la Terre comme au Ciel.
Reste aussi que d’autres prendront le relai. Il y aura nécessairement une période durant laquelle peu oseront, par respect, et par difficulté aussi. Puis quelques uns offriront à leur tour au monde ces expériences d’autant plus fortes qu’elles seront de plus en plus interdites à chacun. On regardera les successeurs de Ken Block explorer l’univers bagnolistique comme on admire aujourd’hui Thomas Pesquet quitter la Terre et investir, dizaine de milliers de kilomètrs après dizaine de millers de kilomètres, l’univers tout court. Je regardais il y a peu les séquences filmées de Vaughn Gittin Jr., et sous la casquette identique barrée des trois griffes de Monster Energy, en le voyant flirter avec les limites, caillassant d’un coup de pied droit dans le bas côté de la piste le drone qui traque ses trajectoires, je me disais que la nature semblait bien poursuivre son œuvre auto-protectrice en glissant dans les gènes de quelques spécimens humains les qualités propices à prodiguer, à tous, de bonnes grosses vagues de satisfaction.

Affirmer que les disparus continuent de vivre au plus profond de ceux qui leur survivent n’est pas une vaine pensée. Il y a en nous des sensations dont Ken Block est l’auteur. Il nous travaille encore de l’intérieur, dans nos têtes, et dans nos corps. Régulièrement, quand nous ressentirons de nouveau cette excitation particulière qui nous tend d’un coup à la vision de quatre roues en perdition contrôlée, nous saurons qu’à la manière dont certains ouvrent grand les vannes du NOS pour que l’expression « Moteur à explosion » prenne tout son sens, il vient d’un coup de pied droit d’activer en nous la pompe à adrénaline qui fait que le cœur bat plus fort, les nerfs se tendent, les poils se hérissent et, dans la bouche, émerge une saveur qui donne l’impression de mâcher du métal brut.
Déjà sur Terre, Ken Block ne se contentait pas de piloter des bagnoles : nous étions aussi son véhicule secret. Nous nous sentirons encore conduits, intérieurement, par ses mains et pieds experts, nous regarderons à travers la visière de son casque. Cette trajectoire est loin, loin, d’être achevée.
Il n’y a rien de plus proche de la vie que l’image en mouvement.
Une poignée d’exemples, parmi les plus saisissants :
Le Gymkhana 7 réalisé par Ben Conrad autour d’une Mustang pas banalement mue par une transmission intégrale, ce qui offre deux fois plus d’aptitude à faire fumer ses pneus, le tout dans un Los Angeles qui permet de connecter l’exercice à l’histoire même du cinéma spectaculaire :
Et le dernier en date, qui est une petite révolution puisque l’engin piloté est une Audi conçue spécialement pour l’exercice, et qu’elle offre la particularité d’être électrique. Y perd-on en puissance visuelle ? Pas vraiment, parce que la question du son est hyper étudiée, et que la bagnole semble faire corps avec l’univers électrique de Las Vegas, comme si la ville inondait la S1 de lumière et d’électrons. Ici, c’est Brian Scotto qui est à la réalisation :
On retrouve Brian Scotto à la réalisation du Climbkhana 2, conjuguant les paysages chinois et un très impressionnant Pickup Ford. Sans effets de styles tonitruant, dans une sobriété qui fait penser à la façon dont Jean-Louis Mourrey mettait en scène la 406 de Vatanen dans Climb Dance :
Puisqu’on évoque la grimpette de Pikes Peak et ses 156 virages, puisqu’on aime décidément cette Mustang hypertrophiée, voici le mariage de la montagne et des quelques 1400 chevaux qui, dans une tonitruante cavalcade, vont permettre à Ken Block de faire, en quelque sorte, sa montée-démarche :
Enfin, retour à la source : le Gymkhana 1 est le prototype, l’intuition géniale. Prenant soin de définir l’exercice lui-même, plongeant jusqu’à son étymologie hindi, dont on se dit que, décidément, elle nous plonge dans des profondeurs insondable de perplexité, puisque ce mot, qui désigne ici un terrain de jeu, est tout de même proche du bon vieux gymnase grec, ainsi appelé parce qu’on y pratiquait le sport dans le plus simple appareil, c’est à dire à oilpé (gumnos, en grec ancien, signifie « nu »). Voici donc le premier exercice, comme mis à nu. Ca nous permet de rappeler que le premier réalisateur aux commandes était Joshua Martelli, qui a dirigé les trois premiers Gymkhana. Mine de rien, et même si on était encore dans une phase très artisanale, la façon dont sont filmés la Subaru Impreza et Ken Block à son volant, contient déjà beaucoup des petit gimmicks qu’on retrouvera ensuite dans la série entière, du détail « Hou c’est pas passé loin » à la séquence « Alors, tu me fais confiance ? » en passant par l’alternance de passages en extérieurs et d’acrobaties indoors. Pour que la fin ne soit pas la fin le mieux, c’est encore de rembobiner l’histoire.
Michaël Landon nous a longtemps fait croire qu’il y avait des Routes du Paradis. Si c’est bien le cas, on se dit que les autochtones doivent, là-bas, souffrir d’un léger torticolis en essayant de discerner le nouvel arrivant, les doigts sur leurs oreilles immatérielles, les auréoles en bataille soufflées par cet ouragan ambulant. On leur souhaite bon courage, et on souhaite à Ken Block qu’un dieu malicieux ait glissé quelques virages sur son chemin, histoire de pimenter un peu le voyage.
