Minimamiste

In AMI

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On s’était quitté il y a un an en regardant une sorte de mini diligence rouge-orange se faufiler dans une ville constituée de formes géométriques et colorées. L’ambiance était jeune et dynamique, tellement jeune et dynamique qu’elle faisait un peu penser à la bonne vieille série d’animation enfantine des années 70, Chapi Chapo. Et à l’époque, Citroën nous promettait que ce qu’on avait sous les yeux, qui semblait bien prometteur, ne resterait pas lettre morte.

A vrai dire, on avait presque oublié cette promesse quand, il y a quelques semaines les chevrons nous ont donné rendez-vous pour nous présenter le résultat de l’adaptation à la production en série de ce qui était déjà, sous forme de concept, un quadricycle à moteur électrique, pas tout à fait en somme ce qu’on appelle d’habitude une « voiture ». Et le 27 février 2020, en effet, on découvrait quelque chose dont on ne sait trop quel nom lui donner.

Un abribus, avec des roues

Certes, ça a quatre roues. Certes, ça a un volant, deux sièges, une pédale pour accélérer, une pour freiner. Certes, ça a des portes, qui ferment, un toit, qui protège, des vitres, qui s’ouvrent et qui, surtout, se ferment. Bref, pour le dire simplement et comparer ce qu’il est tentant de comparer, à la différence du Twizy, le quadricycle Citroën protège de la pluie et des projections d’eau, alors que le Twizy impose toujours de s’équiper comme le font les motards contre la pluie, puisque s’il propose bien la partie basse des portières, le haut demeure ouvert à tous les vents et, surtout, aux brumes matinales, et aux giboulées de mars.

Certes, donc, ça propose le minimum vital, mais au moins ce minimal est là. Un abri avec des roues, deux sièges et un moteur, électrique. On serait tenté de dire que c’est spartiate, mais ce serait un peu faire injure à ce peuple de fiers combattants, car l’engin dévoilé par Citroën n’a rien d’un athlète, ni d’un combattant. Pied au plancher, il plafonnera à 45 km/h, et batterie gorgée de watts, il pourra envisager, au max, une autonomie de 70 km. C’est modeste, mais sur le terrain qui est censé être le sien, ça devrait suffire. Surtout, son squelette de voiture sans permis devrait couper l’envie de rouler plus vite, et son confort réduit à sa plus simple expression devrait dissuader d’envisager des trajets plus longs. Ce pour quoi il est prévu, c’est le petit trajet vers les commerces locaux, une virée à la poste pour récupérer un colis, le saut à la gare pour récupérer un pote et sa valise cabine.

On est un peu déçu, forcément, que Citroën ne semble pas prévoir de version plus puissante qui serait réservée aux détenteurs d’un permis de conduire (le Twizy propose une telle déclinaison, et il semble que ce soit le gros de ses ventes). C’est un peu à ça qu’on rêvait, quand on regardait le concept AMI-One avec ses grosses roues et son imposante empreinte au sol. Mais en réalité, s’il reste bien quelques détails de l’Ami-One dans le modèle vendu, il a perdu dans son passage au réalisme une bonne partie de sa « présence » et nous avons découvert une Ami beaucoup plus fluette, presque fragile, beaucoup moins solide d’aspect, et nettement moins moderne aussi. Si la One donnait des signes d’appartenance au futur, l’Ami tout court fait plutôt penser au passé, quand bien même ce serait un passé qui n’a jamais existé.

AMI-portion

Désuète, l’Ami l’est à bien des égards, et pour autant elle ne donne pas dans le rétro-design. Si elle donne l’impression de venir d’un étrange passé, c’est qu’elle semble fondée sur des préoccupations dépassées : elle ne vise qu’à faire ce pour quoi elle est faite, et rien d’autre. Ce faisant, au moment où PSA annonce atteindre des records de rentabilité, dûs entre autres au fait que le groupe fait en sorte de vendre les versions les plus optionnées de ses modèles, simplement en les équipant de tout un tas de dispositifs qui les rendent plus « techno », et plus beaux, Citroën trace une fois de plus une voie différente, qui fait son identité spécifique : l’AMI n’en donnera que pour son argent, et tant pis pour le qu’en-dira-t-on. Elle est comme elle est, et se destine à ceux qui n’ont pas l’intention de passer pour ce qu’ils ne sont pas, ou du moins s’ils le font ce n’est pas via l’automobile que ça se manifeste. Il y a là quelque chose qui ressemble au passé : on n’achète que la dose de l’objet dont on a besoin. Et même, si on passe par l’offre d’autopartage Free2move, on n’achète que l’usage de l’engin, sans s’attacher à l’objet lui-même.

Il est probable que le design déceptif de l’AMI corresponde à cette exigence : éviter de faire un objet auquel on s’attacherait pour une autre raison que ce qu’il a à proposer en termes d’usage. Et une telle remarque ne nous oblige pas à évacuer tout sens critique : l’absence de signe d’intentions marketing dans un design est encore le résultat d’une intention marketing, évidemment, et quand on sur-joue à ce point cette sorte d’innocence formelle, c’est qu’en réalité on n’a rien d’innocent. L’AMI est à l’automobile ce que sont ces vêtements que portent ceux qui prennent un très grand soin à donner l’impression qu’ils se contrefoutent des vêtements qu’ils portent, au point d’y être obsessionnellement attentifs. En regardant la réjouissante découverte de ce modèle par l’équipe de POA, et en écoutant Renaud Roubaudi la désirer immédiatement, je me disais que, tout en faisant mine de s’adresser à ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter une voiture, l’AMI devait parler, justement, à une autre clientèle : celle de cette bourgeoisie tranquille, à l’ancienne, qui a d’autant moins besoin de prouver quoi que ce soit qu’elle est très solidement installée autour de valeurs intemporelles, un patrimoine immobilier, des « biens », une structure familiale établie, qui résiste même aux ruptures, des lieux de vie liés au boulot mais aussi des lieux de repli, où on peut se ressourcer, y compris économiquement. Quand on est à ce point sûr de soi, on n’a pas besoin que la bagnole témoigne fictivement de sa solidité. Au contraire, on peut s’exposer sans crainte. On voit encore dans les cours de très belles demeures traditionnelles, une C5 MK1, une 205 Gt traîner là, et prendre la route régulièrement pour aller au marché, fidèle au poste; souvent elles sont d’une couleur dont on se dit qu’elle n’a pas été choisie pour faciliter la revente, et de fait, elles ne seront jamais revendues. Elles sont là, on les prête au petit neveu qui en a besoin pour commencer sa carrière, et puis dès qu’il s’est fait ses premiers salaires, il la ramène au bercail, où elle reprend sa vie normale. L’AMI parle directement à cette population, tout en faisant mine de s’adresser aux urbains. Et c’est pas con, parce que le milieu urbain est aussi plein de descendants de ces familles qui s’en foutent un peu, des bagnoles qui ont des dents de lion ou des clignotants arrière à défilement, et qui adorent, en plus, afficher le fait qu’ils s’en foutent complètement. Il y a diverses formes de supériorité, et celle qu’il est difficile de dépasser consiste à être au-dessus de tout.

Déréglage du rétro

Du coup, dans l’AMI, tout semble être dicté par la fonction. Il faut des phares ? BAM ! On en met deux à l’avant, les plus simples du monde, comme on faisait dans les années 60. Deux phares ronds, point barre. Ou presque : pour leur donner un tout petit peu de caractère, on les encastre dans un très léger relief vaguement carré. C’est vieux comme le monde. Il faut un pare-brise ? BAM ! Un pare-brise. Des portes ? Allez ! Et puis tient, on pas s’emmerder à dépenser un fric fou pour faire une porte différente de chaque côté alors qu’il est si simple et évident d’avoir la même, qui s’ouvre donc dans le sens inverse ! Il faut qu’on règle le problème des vitres sans tomber dans les bricolages tentant d’étanchéifier les Twizy ? On récupère le système simplissime de la 2cv, qui a coûté tant de fractures du coude. Ce sera le seul clin d’oeil rétro de ce design. Il est de taille, parce qu’il est lié à un geste, à un usage très identifiable, au plaisir étrange qui consiste à conduire avec la vitre reposant sur le coude, mais comme cette disposition a du sens, elle ne semble pas vaine : la porte n’est pas assez épaisse pour y faire descendre la vitre, et si Citroën proposait une demi-vitre coulissant horizontalement, on se demanderait pourquoi les chevrons rendent soudainement hommage à la 4L. Autre détail minimaliste et sentant bon le passé : les rétroviseurs, réduits à leur plus simple expression. Ils surjouent même un peu la nostalgie, car leur forme n’est pas celle des miroirs extérieures de la 2cv. A vrai dire, ils me font penser aux rétroviseurs d’ailes des premiers Range-Rover. Et bien sûr, on a envie de savoir, là, tout de suite, s’il est possible de les dérégler pour les transformer, comme on le faisait avec l’ancêtre deuche, en supports de vitre entrouverte. En fait, si on s’en tient à l’essentiel, tout est là, mais rien ne s’affirme. Et chose étonnante, rien dans la forme ne s’affiche comme étant « Citroën ».

Sauf la démarche.

Radicamisme

Parce qu’en fait, pour que la bourgeoisie puisse s’attacher, de façon un peu feinte, à tant de simplicité, il faut quand-même que celle-ci soit réelle, et honnête. C’est à dire qu’il faut que la voiture ne fasse pas semblant d’être ce qu’elle est. C’est peut-être là l’erreur commise avec la Cactus : l’avoir excessivement civilisée, l’avoir dotée de gimmicks purement esthétiques, l’avoir emballée en quelque sorte. Le client pouvait y flairer une forme de séduction un peu artificielle, et un positionnement un peu le cul entre deux chaises, finalement inconfortable. L’AMI, par sa taille, par la totalité de ses caractéristiques, peut se permettre une totale radicalité, et il faut prendre le mot pour ce qu’il signifie vraiment : elle revient aux racines de l’automobile, que ce soit chez Citroën ou ailleurs. Elle remonte le temps avant l’entrée dans l’ère du marketing, et bien sûr, il en va de ce retour en arrière comme de tous les retours en arrière : il est complètement fictif. Un tel âge d’or n’a jamais existé. Mais peu importe, l’AMI invente un tel paradis originel, et propose d’embarquer, pour le retrouver.

Ce qui est frappant, tout de même, c’est de s’apercevoir que tout ceci est rudement intelligent. Et plus on creuse, plus on comprend que c’est intelligemment fait. Ainsi, on sent, partout, que chaque élément a été pensé dans un objectif global : l’allègement. Parce qu’il faut rester en deçà du poids fatidique au-delà duquel l’engin deviendrait une vraie voiture, nécessitant des crash-tests, le permis, des dispositifs coûteux tels que des airbags, un ABS, autant de mesures de sécurité qui auraient pour effet de détruire définitivement le projet. Donc, 425 kg. Pas un de plus. Et c’est pile poil le poids de l’AMI. Et puis il fallait alléger le coût, le plus possible. Et là-dessus, il n’y a pas mensonge sur la marchandise. Alors, certes, elle ne coûte pas 19,99€ par mois, puisqu’il faut tout d’abord débourser un premier loyer d’un peu plus de 2644€. Mais tout de même, son prix est suffisamment bas pour permettre d’y réfléchir un peu, avant d’acheter un scooter, et d’y réfléchir une deuxième fois avant d’acheter un Twizy. Et d’acheter une troisième fois avant d’acheter une petite voiture pour la ville. Quant à la comparaison avec les voiturettes sans permis, elle est catastrophique pour celles-ci, à un détail près : elles justifient précisément leur prix exorbitant par le fait qu’elles imitent (d’ailleurs fort bien) les modèles plus gros. Et mine de rien il s’en vend, ce qui peut permettre de penser que chez PSA, on puisse avoir d’autres idées, plus rentables, en tête. L’AMI, elle, parie qu’il y a une clientèle qui n’a pas besoin, en matière de voiture, de faire semblant d’en avoir une plus grosse.

Voir grand

Et quand on dit que l’ensemble est intelligent, il y a un détail qui semble parlant : l’AMI est équipée, en série, d’un toit vitré. Étonnante attention de la part d’un véhicule aussi radicalement dépouillé, d’autant qu’on imagine que ce détail a dû être compliqué à intégrer à la structure de l’engin tout en demeurant en deçà du poids autorisé. Mais en fait, ce toit vitré doit être considéré comme un prolongement du pare-brise. C’est en regardant une photo sur laquelle on voyait un homme assis sur le siège conducteur que j’ai réalisé qu’en fait, malgré la petite taille de l’engin, quand on est au volant, on est assis loin du pare-brise, et que celui-ci, presque vertical, impose un toit qui file loin en avant du regard du conducteur, réduisant énormément son champ de vision. Si l’AMI n’avait pas de toit vitré, on peut tout à fait imaginer que les feux tricolores et bon nombre d’autres éléments du paysage urbain seraient hors-champ pour celui qui est au volant, et qu’une impression un peu pénible de claustrophobie rendrait chaque trajet pénible, et angoissant. En fait, ce toit ouvrant prolonge la réflexion qu’a menée Citroën, depuis les C3 à parebrise zénith jusqu’à l’actuel C4 Spacetourer sur l’art et la manière de rendre le déplacement plus agréable. Et finalement, que cette marque choisisse de construire toute la bagnole dans un plastique manifestement bas de gamme, et néanmoins d’inonder l’habitacle de lumière, voila qui correspond au sens des priorités qu’on aime voir affirmé dans un modèle porteur des chevrons.

Autre détail, dans lequel vient se glisser un petit morceau de culture stylistique « maison » : la symétrie globale de la voiture quand on la regarde de profil. Le vitrage, en particulier, est absolument symétrique, les vitres de custode étant strictement les mêmes que celles qui prolongent les fenêtres latérales de part et d’autre du pare-brise. On pourrait se dire qu’il s’agit là d’une simple mesure d’austérité budgétaire. Pourtant, cette symétrie n’est pas nouvelle chez Citroën, puisqu’elle est un trait caractéristique de la lignée des Picasso, et ce depuis le premier du nom, dont le vitrage dessinait un parapluie (vous vous souvenez ? C’était un des éléments forts du concept de la 2cv, à l’origine). Encore aujourd’hui, sur le C4 Spacetourer, on retrouve cette recherche de symétrie, avec le trapèze central dessiné par les vitres de portières, encadré en avant en arrière par des fenestrons un peu décalés dans leur hauteur, et dont la symétrie n’apparaît que dans un second temps, l’encadrement chromé venant troubler le regard et dissimuler, ludiquement, ce dessin. Cette symétrie, l’AMI l’accomplit pleinement. Et c’est tout autant un signe d’appartenance stylistique que le résultat d’une contrainte économique. Et c’est finalement ça, le design : les épousailles de la forme, et de la fonction.

AMIcalement vôtre

Personne ne peut dire ce que sera le sort commercial d’un tel objet, parce qu’il n’a pour ainsi dire pas de précédent. Et c’est bien le style de Citroën, de faire ce genre de choses. Beaucoup voient dans l’AMI une sorte de 2cv2.0, en regrettant du coup de n’y trouver que deux places, qu’elle ne roule pas au moins à 80km/h, qu’elle ne puisse pas traverser un champ labouré avec des sacs de patates dans le coffre et un panier d’œufs sur la banquette arrière. En effet. Mais la 2cv, ce n’était pas ça. C’était avant tout une invitation lancée à ceux qui n’avaient pas de voiture, et qui s’en passaient bien, convaincus qu’ils étaient que, de toute façon, la voiture c’était pas fait pour eux, et que ça tombait bien, puisqu’ils n’avaient pas les moyens de s’en payer une. Soudain, l’automobile se pliait à leurs moyens, tout en leur offrant des services réels. Si c’est ça une 2cv, alors l’AMI en est bien la lointaine descendante, puisqu’en acceptant de ne pas être tout à fait une voiture, elle se met à la portée de ceux qui, par définition, ne peuvent pas en avoir une : ceux qui n’ont pas le permis. Et la possibilité d’être conduite dès l’âge de 14 ans a quelque chose d’enthousiasmant, évidemment, y compris pour quelqu’un qui a la cinquantaine, et qui a le permis depuis plus de trente ans. Il ne faut jamais oublier ceci, qu’on a bien compris depuis qu’on a observé comment était pensée une 205 junior : il n’y a personne au monde qui désire plus une voiture de jeunes qu’un retraité. Et les jeunes adultes, eux, désirent une « voiture de vieux ». Mais les adolescents, eux, désirent une voiture tout court, dans la mesure où aucune ne leur est accessible. Il est possible, en fait, que l’AMI coche plus de cases dans les critères obscurs du marketing, qu’on ne le croit. Et bien sûr, ceux qui s’appuient sur le retentissant échec de l’e-mehari pour pronostiquer l’échec de l’AMI laissent de côté, sans doute opportunément, le critère fondamental : l’e-mehari est chère, très chère même au regard de ce qu’elle est, et elle n’a rien de bien malin. L’AMI est abordable. Et ça, évidemment, ça change tout. Elle est maligne.

Si on est chroniqueur sur BFM, ou militant marcheur, on dirait que l’AMI fait bouger les lignes. Et de fait, elle déplace la frontière habituelle que nous plaçons en-deçà de ce territoire qu’on appelle « automobile ». Elle en fait très peu, et pourtant, on sent bien qu’on a du mal à la placer dans le camp des Ligier et des Twizy. On sent bien, d’ailleurs, que cette évidence est presque angoissante pour tous ceux qui aimeraient bien que la bagnole ne devienne pas « ça ». Mais à vrai dire, aucun risque de ce genre n’existe : l’AMI ne peut pas devenir le modèle de la voiture telle qu’elle existera à l’avenir. C’est une proposition. Et le fait qu’elle semble parlante ne signifie pas qu’elle doit devenir la seule voix dans le paysage automobile. Et de fait, on voit bien que, pour beaucoup, y compris parmi les véritables amateurs d’automobiles, il est évident qu’on peut aimer ça, aussi. Peut-être moins pour l’objet lui-même que pour ce qu’il suppose d’un rapport plus apaisé au mouvement, d’une relation un peu plu sympathiques au monde et surtout aux autres.

L’amie de mon AMI

Pour autant, l’histoire ne s’arrête peut-être pas là. Dès que j’ai vu le profil de l’AMI, avec son pare-brise repoussé loin devant, quasi vertical et son toit vitré en prolongement, j’ai pensé à un concept, Peugeot, resté jusque là lettre morte. Le BB1 date de 2009. Et il n’a connu à ce jour aucune suite. Ce n’était pas une voiture, mais une sorte de chaînon manquant entre l’activité automobile de Peugeot, et sa branche « deux-roues », à tel point qu’il se pilotait dans une position un peu à mi-chemin du siège auto et de la selle, du volant et du guidon. L’AMI met un pied sur un marché auquel a manifestement déjà pensé Peugeot. Citroën avance donc en éclaireur sur un territoire commercial qui ressemble à un continent nouveau, dont on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’il existe. Elle l’aborde de façon joviale et sympathique. Mais s’il s’avérait qu’il y ait une demande du public pour la même chose, mais avec un style plus statutaire, des performances plus parlantes, des accélérations plus grisantes entre deux feux rouges, une fonction Drive Assist + efficace dans les embouteillages, on peut penser que Peugeot aurait quelques propositions à faire, en matière de quadricycle. Après tout, entre le Métropolis et le BB1, il n’y a qu’une roue d’écart. On sait que la 108, pas plus que la C1, ne sera remplacée. Il y a donc un espace libre pour proposer quelque chose de radicalement nouveau. Et de fait, plus on observe l’AMI, plus on se dit qu’elle laisse toute la place à Peugeot pour lui offrir à son tour, une amie.


A défaut de faire le plein d’essence, faisons le plein d’images. Des photos comme s’il en pleuvait, et un peu de vidéo aussi. Toute une imagerie qui nous parle d’un monde plus beau. Il en va de ce genre de promesses comme des autres, il faut quand même s’en méfier : l’AMI peut se vendre, elle peut rouler, elle peut transporter des gens avec les courses, chargée jusqu’au plafond, elle ne suffira pas à améliorer le monde. Ça, ça réclamerait un minimum de sens politique, et de ne pas se laisser faire. Je réfléchis un peu, en ce moment, à l’esthétique de la destruction dans l’univers automobile, et je me disais que pour le moment, toutes ces images sont trop propres, et ce qui manque à l’AMI, ce sont les signes de son utilisation quotidienne. Et il n’a pas exclu, vu son faible poids, qu’on l’utilise un jour comme élément de base de construction de barricades, comme une brique qu’on empilerait en s’y mettant à quatre ou cinq, ou au fameux transpalettes. C’est tout le succès qu’on lui souhaite.

4 Comments

  1. Après un début d’agacement, tu sembles adhérer finalement à la démarche….en tablant sur l’idée que beaucoup de choses nous échappent à propos de ce monde qui vient….et qu’il serait intelligent de laisser sa chance au produit, d’essayer de le voir avec des yeux neufs….
    J’essaie mais ce n’est pas trop mon idée. Tiens, comme le Truck !
    Alors d’abord ce n’est pas une Citroen. C’est pas grave, les chevrons rentreront bien la chose dans la tête des gens. Mais quand même! Dacia va essayer d’importer une Renault émergente mais qui ressemble à une Dacia, donc ça ira. Citroen s’est cassé la tête à nous pondre une identité assez chouette, très sympathique, qu’il aurait parfaitement pu à moindre coup nous resservir sur cette Ami. Qu’importe si les Y étaient en plastiques et non illuminés, ou bien un double étage au rabais. Non il s’est débrouillé pour faire un « faux » double étage qui ne rappelle pas du tout la marque, faut le faire quand même! Ya que le bossage  » à la airbump » qui signale vaguement Citroen. Mais on se laisse à rêver à une chose qui aurait eu un peu plus de lien avec la marque. Pourquoi ne l’ont ils pas fait? Mystère…

    Après, après Ami One si agréable, cette « chose » à l’allure de mini tank a de quoi surprendre. Car il y a bien un côté mini guerrier dans cette forme, et j’avoue que je ne sais même pas à quoi attribuer cette impression, carrosserie en gros plastique, vitres meurtrières, nez plat.? Il y a quelque part de l’anti design, c’est surprenant. Finalement c’est assez le micro frère du Truck de Tesla, pour ça ça a une certaine cohérence à travers le monde ! Ce sont les 2 véhicules du futur, et tous les 2 ont à voir avec l’armée. Une armée rétro futuriste de chez Blade Runner, c’est juste de l’épate. C’est rigolo mais bon je ne vois pas l’intérêt.

    Ensuite, c’est encore une autre idée qui n’est pas révoltante mais presque, sauf si on se met dans l’idée de faire un peu table rase de tout, c’est qu’ils ont accentué, on croirait sciemment en fait, ce « truc » sympathique au demeurant, aux caractéristiques de la miniature auto, formes un peu molles et gros plastique qui coule sur les bords, découpes des ouvrants approximatifs et noircis, écarts désagréables d’accostages, stickers pour ce qu’on ne peut réaliser car c’est trop petit….bref pas un jouet mais un modèle réduit à pas cher, ceux de marque chinoise de la foire fouille! Même l’intérieur y fait penser, bien que là, je trouve assez proche de la 2CV moderne.

    Enfin, et tu ne le mentionnes pas, ce n’est pas une Citroen car ça ressemble surtout à un pot de yaourt, une Fiat Topolino, ou mini 500 du pauvre, et ça même si ça ne lui enlève aucune sympathie, eh bien ça ne va pas car ce n’est pas vraiment loyal. Une 2CV c’est très très dessiné, et absolument magnifique, et là c’est mou du genou, un peu toutou, c’est dans la veine des coulures des années 50, et c’est donc une Fiat, ou une 4CV, mais pas une 2 CV !
    Je trouve! Ton titre est pas mal mais il faut comprendre. Sur le moment j’ai cru lire un autre qui lui aurait tout aussi bien convenu: c’est mimimatisme ! Petit, sympathique et quand même super ringard! Impossible de critiquer Mimi Mathy sans prendre le risque de se faire lyncher. Ici ça reste possible…

  2. Sylvain, ce qui t’évoque le monde militaire c’est peut-être le fait que la forme suive la fonction avec un poids visuel, une épaisseur accentuée par la peinture satinée (teintée masse dans le plastique probablement), comme ceux des engins de l’armée.
    Ensuite il y a sa cellule supérieure vitrée et sombre qui, avec ses formes trapézoïdales, pourrait se rapprocher d’une tourelle de char… En dehors de ça… .. . ?

    Pour ma part je m’interroge sur le fait de la badger Citroën, et on est plusieurs à se demander s’il n’aurait pas fallu afficher le label de mobilité PSA « Free 2 Move », histoire de le communiquer et de dépassionner un peu le débat ; Quitte à ce qu’un objet F2M pioche dans l’histoire des Marques du Groupe pour faire des clins d’œil automobile… ?

  3. Hehe, mes titres sont parfois un peu hermétiques, y compris pour moi-même : quand je les revoie avec le recul, je ne me souviens parfois pas à quel genre d’articles ils correspondaient 🙂

    Pour l’Ami, je ne lui trouve pas vraiment d’allure militaire. Je la vois plutôt comme un objet directement formé par sa fonction, sans grandes précautions supplémentaires. Un véhicule tel qu’on en voit dans certains films de science fiction, pas vraiment beau, mais dont l’allure peut s’imposer dans le regard, à force de le voir. Tout dépendra donc de la fréquence à laquelle on la croisera.

    C’est marrant ce que tu dis à propos de la 2cv : quand elle est sortie, on s’accordait à la trouver franchement laide. Comme quoi on peut se faire à tout et développer des goûts a priori pas vraiment évidents.

    Enfin, je comprends la proposition de Patrick, d’en faire un modèle vendu sous un label particulier, le déconnectant de Citroën. Pour autant, je ne suis pas vraiment d’accord, mais c’est parce que je suis persuadé que Citroën a précisément pour vocation de produire ce genre de « solution de mobilité », et à apposer son nom et son logo au cul de ces engins. Mais peut-être que sur ce point, je me trompe.

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